Lors d’une audition à l’Assemblée nationale le 12 mars, Marie Barsacq, ministre des sports, a affirmé que le port du voile dans le sport n’était pas de l’entrisme religieux. Elle a mis en garde contre les « confusions » et les « amalgames » entre le port du hijab et la radicalisation dans le sport, et en a profité pour rappeler que la mission du ministère des Sports est de donner accès à la pratique sportive à tous.
Pour Mme Barsacq, « l’entrisme ne se résume pas au port du voile » (01:09:36). C’est évidemment vrai. C’est aussi ce que diraient ceux qui ont étudié sérieusement la question des nouvelles formes d’entrisme islamique, à l’instar de la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler ou de l’auteur Médéric Chapitaux, auteur d’une thèse de doctorat sur la radicalisation religieuse dans le sport. L’entrisme ne se résume pas au port du voile, mais le militantisme pour le port du voile dans le sport, comme le fait le collectif des Hijabeuses, est bel et bien une forme d’entrisme. La mission flash sur les dérives communautaristes et islamistes dans le sport, dont les conclusions ont été rendues publiques le 5 mars à l’Assemblée nationale, a montré, notamment, que certains clubs obligent les jeunes filles à porter le voile, tandis que d’autres ont vu leur agrément révoqué pour des faits liés à du séparatisme islamique.
Dans une optique libérale relativement naïve, on se contenterait de dire que ce qui ne concerne pas directement l’État (ou ne relève pas de l’interventionnisme) n’est pas un problème et que la liberté religieuse doit être défendue coûte que coûte. C’est ignorer le projet des Frères musulmans, qui est d’infiltrer subrepticement toutes les strates de la société et d’imposer progressivement leur version de l’islam, comme l’a démontré Florence Bergeaud-Blackler dans son ouvrage Le frérisme et ses réseaux, qui lui vaut aujourd’hui de vivre sous protection policière (et dont on attend toujours la réfutation sur le plan académique).
Qu’une ministre relativise cette réalité est pour le moins inquiétant.