Depuis les années 50, la Suède exerce un monopole étatique sur la vente d’alcool au détail. Systembolaget, une entreprise détenue par l’État, gère plus de 430 magasins dans le pays. Interdiction de la promotion ou de la mise en avant des marques, vente à l’unité obligatoire pour tous les produits, horaires d’ouverture stricts, taxes proportionnelles à la contenance en alcool… Jusqu’alors, le système n’avait jamais réellement été remis en cause malgré l’entrée de la Suède dans l’UE en 1995 – à l’exception du monopole sur le contrôle de la production, l’importation, l’exportation et la vente de gros. Aujourd’hui, il est davantage contesté par les plus jeunes générations.
Au nom de la santé publique, l’État-providence suédois se substitue aux individus dans la conduite de leur mode de vie et prétend dicter leur comportement par l’adoption de politiques paternalistes. En pratique, le monopole étatique est accusé de favoriser indirectement la pratique du “binge drinking” chez les jeunes, qui, lorsqu’ils sont à l’étranger ont tendance à faire une consommation excessive d’alcool dont les prix sont nettement plus bas que sur le marché intérieur du fait du niveau très élevé de taxation. Un monopole qui ne pourra pas « maintenir très longtemps sa position de défenseur de la santé publique », selon Ole Nielsen, fondateur de la société Winefinder, société de vente de vins en ligne condamnée par la justice suédoise en 2020 pour vente illégale d’alcool. La Suède fait partie, avec les pays baltes, des pays d’Europe dans lesquels la relation entre la consommation d’alcool et les dégâts sur la santé est la plus marquée.
Des résultats médiocres auxquels il faut ajouter les scandales de corruption entre Systembolaget et des fournisseurs d’alcool. Comme souvent avec le paternalisme d’État, ce qui est présenté comme une action essentielle pour la santé des citoyens s’avère un échec cuisant.