Pass culture : l’heure du bilan

Il me reste 197,01€ dessus. Avec cet argent donné à tous les jeunes par l’Etat, je peux acheter des mangas, aller voir un concert de rap, aller au cinéma pour voir Super Mario Bros, ou même me payer une croisière d’une heure sur la Seine ! Je peux aussi faire les 4 à la fois (j’ai calculé, ça rentre dans le budget). Il s’agit bien sûr du fameux “pass culture”, encensé par presque tous les médias depuis sa création. Le Figaro qualifie même cette semaine le pass de “mine d’or pour l’édition”. Le rapport annuel sur cet outil a été publié il y a quelques jours. On y lit la confirmation de son succès, notamment pour l’industrie du livre : 9 utilisateurs sur 10 ont acheté au moins un livre avec le pass, représentant en 2022 7,5 millions de livres vendus (enfin, obtenus gratuitement…), soit plus de 50% du montant total dépensé.

Mais ce pass, dont on ne voit que les vertus, présente aussi des inconvénients : d’abord c’est une prestation sociale supplémentaire qui ne fait qu’alourdir un peu plus le déficit de l’Etat. Le coût du dispositif est d’ailleurs passé de 40 millions d’euros en 2020 à 199 millions en 2022, du fait d’élargissements du dispositif, une inflation inquiétante.

De plus il apprend aux jeunes la gratuité et l’assistanat de façon concrète : on va dans une librairie par exemple et via l’application on peut choisir le livre que l’on souhaite, le réserver et l’Etat paye sans aucune contrepartie. En outre, cet outil est-il vraiment indispensable, lui qui coûte environ 200 millions d’euros par an au contribuable, alors qu’en travaillant au SMIC durant 5 jours on gagne 350 euros nets ? Il suffirait donc aux jeunes de travailler une semaine dans n’importe quel secteur pour gagner la somme qu’ils ont 2 ans pour dépenser à partir de leurs 18 ans avec le pass. Est-ce vraiment si difficile ? Caché derrière l’objectif de réduction des inégalités d’accès à la culture, le gouvernement ne souhaite pas inciter les jeunes à travailler une seule semaine pour obtenir le montant du pass.