A la tribune le 4 décembre, avant de voter en faveur de la censure du gouvernement Barnier, Eric Ciotti avait stigmatisé la « saignée fiscale » imposée au pays et il avait martelé que son parti était le « bouclier fiscal des Français ».
Le lendemain, il était l’invité de La Grande interview sur Europe 1- CNews. Il a pu expliquer par le menu les raisons de son vote. Des explications libérales, mais paradoxales.
Saluons tout d’abord le fait que ces dernières années, Eric Ciotti ait, sur certains sujets, adopté une position franchement libérale, ce qui est courageux dans une nation où celle-ci n’est guère en odeur de sainteté. Le début de son entretien du 5 décembre a été pleinement congruent avec le libéralisme. Il ne s’agissait pas, a-t-il précisé, de s’opposer à une personne estimable, le Premier ministre, mais de refuser un texte, le « mauvais budget » qu’il n’a pas hésité à qualifier de « socialiste ». C’est à juste titre que le Président du groupe UDR à l’Assemblée a déploré les 40 milliards d’impôts supplémentaires prévus, qui auraient notamment pesé « sur ceux qui travaillent », mais également « un budget quasiment sans économies ». Un budget, a-t-il poursuivi à raison, qui ne s’attaquait pas à « l’État obèse, insupportable, créateur de normes, empêchant les entreprises de fonctionner avec de multiples agences, elles-mêmes créant des contraintes ».
Tout cela est fort bien. C’est ensuite que son discours est devenu contestable, tant expressément qu’implicitement.
D’abord, Eric Ciotti a rappelé qu’il n’y avait pas eu de surprise : il avait été annoncé que si le budget restait en état, le texte ne serait pas voté. Ici, il y a eu double ambiguïté : d’une part, le texte était le projet de loi de financement de la sécurité sociale, et non pas le projet de loi de finances ; d’autre part, ce n’est pas parce que l’on refuse un texte qu’on doit pour autant censurer un gouvernement.
Ajoutons que le fait de censurer un gouvernement est une chose, le fait de le censurer alors même que l’on sait que la situation restera bloquée jusqu’à de nouvelles élections en est une autre. Ajoutons encore que le fait de censurer un gouvernement est une chose, le fait de le censurer au regard de la situation actuelle des finances publiques et plus encore au regard de la situation internationale, précisément de la guerre en Ukraine et des graves menaces russes, est irresponsable.
Enfin, il est à relever que Eric Ciotti a toujours utilisé le « nous » dans son entretien, entre autres dans sa phrase « Nous ne voterons pas le texte » du budget. Mais que recouvre ce « nous » ? Son seul parti, l’UDR, ou l’alliance avec le Rassemblement national ? Et c’est là que se trouve le problème : comment Eric Ciotti, qui, sur certains sujets, adopte une phraséologie libérale, peut-il frayer avec Marine Le Pen, dont le programme est antilibéral, « socialiste » a même taclé Eric Zemmour ?
13 commentaires
Ne cherchez pas de logique… « c’est politique « !
D’accord, mais où est la logique des LR qui cautionne une politique d’augmentation d’impôts inégalé depuis Hollande, sans aucune réelle remise en cause des dépenses de l’état… j’avoue que j’ai plus compris le positionnement de Ciotti que de Wauquiez pour dire stop… la France doit arrêter de dépenser n’importe comment. Après Le Pen a un programme plutôt péroniste en effet, c’est un grand défaut mais elle pourrait encore changer… et son intervention sur Cnews a montré une inflexion… Bardella serait lui aussi plus libéral comme Meloni je pense
E .Ciotti est pourtant un homme intelligent ,diplômé,tombé dans les pattes du RN! souffre- t-il du syndrome de Stockholm?
Pas du tout d’accord avec les conclusions. Eric Ciotti n’avait pas à s’occuper d’une situation internationale qui de toutes les façons et depuis déjà des années, est changeante, dangereuse, inquiétante, fluctuante, etc.
Michel Barnier n’a pas montré qu’il tenait compte de cette situation lui-même à travers son action passé à l’UE, et en France comme PM.
Il fallait démontré la fin d’un jeu de dupes consistant à se moquer des élus du RN et de l’UDR le plus souvent méprisés, dévalués.
Quoi de plus démonstratif que la censure.
Le prochain gouvernement qui reviendra à l’irresponsable Macron de former, devra cette fois, tenir compte des nationaux.
Eric Ciotti a eu enfin, le courage de se démarquer de personnages mouvants, peu fiable, comme Wauquiez qui ne représentent plus grand chose.
La France est de droite, souverainiste, il a su en tenir compte.
« ce n’est pas parce que l’on refuse un texte qu’on doit pour autant censurer un gouvernement. »
Sans blague ? Et comment faire autrement devant un 49-3 ? Si on ne censure pas, le texte est adopté !!!
Le parlement Francais, 577 Députés, près de 300 Sénateurs, (plus de parlementaires qu’aux USA ??) coûtent aux Finances Publiques en moyenne la bagatelle d’environ 8 770 000 euros par mois, soit 1 05 240 000 euros par an. Leurs avantages en nature (Logement, voiture, chauffeur, avion, train, frais de ceci ou de cela) peut de chiffrer au tiers de la somme précédemment indiquée.
Savez vous qu’aux Etats Unis il y a moins de postes ‘équivalant qu’en France, pour un pays cinquante fois plus grand ? Je ne parle pas de tous les les Conseils Constiturionnels, de la Cour des Comptes dont personne ne retient leurs décisions etc… qui ne sont que des organismes gérés ou non par les retraités (anciens Présidents, ministres, parlementaires qui malgré les retraites dorées qu’ils perçoivent touchent un salaire supplémentaire d’environ 10 000 euros par mois.
Ne pensez vous pas qu’il y aurait des grosses économies à faire ? 300 Députés et 100 sénateurs serait largement suffisant!!! Enfin la suppréssion des milliers de commissions théodules, ne servant à rien doivent disparaître.
On a encore le droit de rèver .
Monsieur Feldman, j’entends bien vos propos . Mais la fougue et le fond des propos devant Sonia m’ont fait reconsidérer ma position vs le RN/UDR. J’avais auparavant envoyé une volée de bois vert à mon député RN( 30000). Ils ont raison. Zéro tolérance pour la tisane à l’eau tiède ! Leur imputer le blocage du pays est la porte ouverte à ceux qui dépassent le mur du Çon en leur imputant la signature du MERCOSUR. Bien à vous !
C’est bien de noter les excellentes remarques de Ciotti sur l’Etat obèse et le fait que ce budget ne s’y attaque pas, alors je ne comprends pas pourquoi il aurait fallu laisser passer ce texte qui ne s’y attaque pas ? La censure est provoquée par le 49.3 ; c’était donc la seule façon de rejeter ce texte. Et le censurer au regard de la situation actuelle de nos finances publiques était indispensable, on ne peut pas laisser passer un texte qui ne fait que renforcer les impôts et taxes alors même qu’on vient de dire qu’il faut s’attaquer à l’état obèse.
La censure était prévisible, le 1re Ministre savait comment l’éviter.
Pourquoi invoquer la guerre en Ukraine ou les risques avec la Russie ? Comme il est désormais admis par l’ensemble de la classe politiques et des journalistes de télé, il n’y a pas de chaos suite à cette censure. Mais ce qui est dommage, c’est de faire croire que la censure porte sur le gvt alors qu’elle porte sur cette loi précise, et sur le fait d’augmenter encore et toujours les prélèvements au lieu de baisser les surdépenses (pour reprendre les termes à la mode dans la novlangue).
Il ne s’agit pas d’une alliance des contraires, comme veulent le faire croire les menteurs professionnels à la télé, mais bien d’un rejet d’une loi injuste et uniquement de cela.
Il est clair qu’il ne fallait pas attendre de Barnier une coupe massive dans les dépenses des administrations publiques mais de là à ne prévoir que de ponctionner davantage, et de réduire la redistribution (ce qui est un peu du vol finalement), il y a un pas.
Le 49.3 a entraîné la censure annoncée ; si la situation était si dramatique qu’il ne fallait pas faire tomber le Gvt, alors il ne fallait pas de 49.3 et donc rééquilibrer ce budget.
Tour faux, le responsable n’est pas Ciotti, mais Barnier et Wauquier et ce qu’il reste de LR.
Barnier n’aurait pas du accepter le poste de premier ministre, sachant qu’il n’avait pas de majorité à l’AN.
Il suffisait à Barnier d’accepter ce que demandait Marine, voir 1 milliard d’euros, c’est à dire RIEN ! Pourquoi Barnier n’a-t-il pas vendu les actions détenues par l’Etat ? Il n’y avait alors plus de déficit ????
Mais surtout, Barnier proposait un budget sans diminution de la dépense publique (presque 60% du PIB, c’est une économie indiscutablement MARXISTE !Barnier n’a pas impose une diminution des dépenses des communes ! Les mairies dépensent sans compter, la gabegie !
Bref, je vous invite à revoir votre position.
Votre critique du seul responsable courageux pour monter l’alliance de la droite est surprenante. Se rapprocher du RN ne signifie pas pour autant être en harmonie parfaite avec lui. Laissons-le construire cette alliance des droites dans le temps.
Ciotti et le RN ont été « barragisés » aux dernières législatives, et ils sont menacés de perdre leur pignon-sur-rue car ils refusent de se soumettre à l’idéologie dominante… Comment peut-on leur demander de soutenir un gouvernement (Macron-Barnier) élu aux Législatives à leur détriment ? C’était déjà bien gentil de leur part de ne pas le censurer a priori. Maintenant, ce n’est pas à la droite nationale de porter le poids politique d’un gouvernement « barragiste » élu contre elle ! Que les « barragistes » (Centristes + NFP) se débrouillent entre-eux, car ce sont eux qui ont plongé le pays dans l’impasse. Enfin, ce budget Barnier n’est fondamentalement pas libéral, donc pas pire que le RN. Ce n’est pas à Ciotti tout seul, alors qu’il est vilipendé de toutes parts, d’assumer en derniers recours les errements de tous les autres. Par ailleurs, n’exagérons pas la tendance « socialiste » du RN : ce parti propose certes un programme « national-populaire » mais non pas « socialiste ». Et l’électorat du RN, sociologiquement, représente ce petit-peuple travailleur qui refuse l’assistanat. C’est donc une sociologie libérale, au plan des idées profondes. En tous cas plus libérale que le « capitalisme euro-keynésien » de l’électorat aisé centriste. Je pense que la convergence « nationale et libérale » finira pas se produire.
peut-il frayer avec Marine Le Pen ? Beaucoup d »électeurs de Marine LEPEN et de Jean Luc MELENCHON subissent la politique néfaste conduite par l’Europe. Tous les politiciens donneurs de leçons ( PC ? socialistes, écolos, modem, Macronistes , Horizon ,LR historique, représentent seulement ceux QUI NE CONNAISENT PAS lA MISERE , Ils défendent cet Europe folle. Les électeurs sont équeurés des mensonges répétés tout simplement il souhaitent pouvoir vivre avec espoir d’avoir un travail partout en France , pas seulement dans les entreprises mondialisée des grandes villes . Entreprises qui se séparent sans ménagement de nombre de salaries un peu trop âgés où trop couteux , respectant les règles administratives établies , mais sans humanité ….. Ce partage entre les bons ( qui sont aux commandes du pays depuis tant d’années sans résultat ) et les moins que rien aux yeux des élites élues et non élues . Vivant en province (petite ville) je ressens bien ce rejet des commentateurs , expert de toutes sort es ,qui n’écoutent que les gens qui penses comme eux mais principalement pour ne pas déplaire aux médiats dominants. La caricature qui est faite entre extrémistes de droite et de gauche va être fatale aux pays , avec de grands troubles a venir.
compter les bulletins blancs et nul et les absesntionnistes
Ce gouvernement a été censuré pour avoir refusé de gommer ses outrances. Monsieur Barnier aurait pu, aurait dû éviter le 49.3 dont il savait à coup sûr que cela entrainerait sa chute. Le vote d’un plan de financement n’a rien à voir avec une partie de poker. En omettant voire en refusant de réduire le train de vie de notre Etat obèse il était certain de plonger. Il est vrai que le président de la république n’est pas -et de loin – le moindre dépensier, pour lui rien n’est trop beau, il a l’argent d’autant plus facile que ce n’est pas le sien. Ce n’est pas ainsi qu’il donne un bon exemple, lui toujours si prompt à nous demander toujours plus d’efforts. Il aura marqué ses deux mandats par une augmentation colossale de la dette française, ce n’est pas glorieux…