En Californie, une nouvelle statue sera bientôt remplacée. Saint Juniperro Serra, missionnaire s’étant battu contre les abus sexuels subis par les indigènes et ayant demandé grâce pour un condamné à mort qui avait incendié une mission et tué l’un de ses amis, sera remplacé par un monument en l’honneur des indigènes. Un monument qui ne fera sans doute pas mention de la déclaration de droits préparée pour eux par Serra au XVIIIe siècle.
L’histoire des peuples est faite d’évolution des cultures, et ce qui est loué aujourd’hui sera voué aux gémonies demain. Il est inévitable que les modèles auxquels nous érigeons des statues contiennent pour nous des parts d’ombres, d’abord parce que ce sont des êtres humains, ensuite parce qu’ils ne sont pas de notre temps.
La cancel culture est un bel oxymore, parce que lorsqu’on comprend la culture, on n’essaie pas de l’annuler, mais de la compléter. Plutôt que de vouloir déboulonner des statues, mieux vaudrait leur en accoler d’autres, racontant une autre histoire. Mais peut-être les partisans de la cancel culture savent-ils combien leur histoire aseptisée est inférieure à celle qui a bâti notre monde. Pour que leur idéologie ne soit pas ridicule face à la grandeur de notre passé, il faut détruire ce passé.