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Trump pourrait changer de stratégie : de l’isolationnisme à l’interventionnisme

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Donald Trump a répété mardi soir ses ambitions d’annexer le canal de Panama et le Groenland, par la force si besoin, lors d’une conférence de presse décousue et provocatrice, suscitant des réponses fermes des pays concernés. Celui qui va redevenir président des Etats-Unis dans une dizaine de jours, a justifié ses velléités d’annexion par le fait que le canal de Panama est stratégique, ce qui est incontestable depuis son ouverture en 1904, mais n’entraîne pas de risques pour les Etats-Unis puisque personne au monde n’envisage un quart de seconde de le fermer. Il a ajouté que les navires américains y subiraient une tarification discriminatoire au profit des Chinois, ce qui est de la pure fantasmagorie puisque les droits de passage y sont transparents et déterminés non par le pavillon mais par le tonnage.

Le président élu juge également que le contrôle du Groenland est “une nécessité absolue” pour “la sécurité nationale et la liberté à travers le monde” et il a exhorté mardi le Danemark à “renoncer” à ce territoire autonome, le menaçant sinon de droits de douanes prohibitifs, avec la difficulté qu’ils ne pourraient être appliqués de manière spécifique puisque le Danemark fait partie d’un espace économique totalement intégré, celui de l’Union européenne. Les Etats-Unis avaient déjà essayé d’acheter le Groenland en 1867, sans succès, ainsi que, pour 100 millions de dollars, en 1946. Au demeurant, leurs intérêts stratégiques y sont tout à fait garantis par la location d’une base aérienne et spatiale.

Donald Trump a en outre menacé de faire usage de la “force économique” contre le Canada, cet allié “subventionné” par les Etats-Unis pour sa protection, selon lui, à hauteur de 200 milliards de dollars par an, ce qui, là aussi, illustre le monde « post vérité » où évolue le président américain puisque ce montant est équivalent au quart du budget du Pentagone.

Ces discours, auquel le monde est habitué en raison du caractère provocateur, parfois peu suivi d’effets ou contredit par des déclarations ultérieures, pourraient passer pour quasiment une blague potache s’ils ne s’inscrivaient pas aussi dans une stratégie habituelle du président américain :  déstabiliser ses partenaires, qui sont en fait toujours des rivaux ou clients dans sa vision hyper transactionnelle du monde, afin d’obtenir les meilleures conditions possibles pour des deals ultérieurs. Stratégie pas toujours gagnante, au demeurant, car elle peut braquer des partenaires de bonne volonté, et peu adaptée à la géopolitique, où restent en vigueur cette petite chose qu’on appelle le droit international, ainsi que la nécessité de nouer des alliances fondées sur un minimum de bienveillance.

Au passage, ces discours pourraient aussi illustrer un glissement doctrinal de Donald Trump, qui serait passé de l’isolationniste non interventionniste qu’il était, suivant une tradition très ancienne d’une partie des dirigeants américains, surtout au XIXème siècle, lors de son premier mandat, à isolationniste envahisseur, espèce hybride nouvelle…

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3 commentaires

mc2 9 janvier 2025 - 11:34 am

Je crois que cela correspond à sa longue expérience de prédateur immobilier. Effet d’aubaine du nouvel outil que lui a offert l’électorat.

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Albatros 9 janvier 2025 - 12:27 pm

Bonjour.
Il est tout de même dangereux ce Donald Trump. Je souhaite sincèrement qu’il ne détruise pas davantage les garde-fous de la démocratie des USA et que ses conseillers le ramènent à une certaine forme de sagesse.
J’ai deux questions :
1. Combien de fois est-il rééligible ? Il me semble qu’il peut encore briguer un mandat ?
2. Qui y a-t-il derrière lui, dans le personnel politique républicain ? Est-ce encore un cinglé du même calibre ? Musk peut-il être candidat (sud-africain d’origine mais citoyen US me semble-t-il) ?
Courage aux libéraux, auxquels il ne fait pas beaucoup de “bonne presse”.

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Eschyle 49 12 janvier 2025 - 8:38 pm

Suivez l’actualité des BRICS, regardez une carte du pôle nord, vous aurez tout compris.

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