La force de ce roman réside dans la fusion entre réalité historique et sentiments de l’auteur soucieux de transmettre ce qu’il advint aux Juifs égyptiens après la seconde guerre mondiale.
Dans les années 50 l’Egypte est aussi déséquilibrée que son roi. Elle accueille d’anciens nazis sous prétexte de bouter les Anglais hors du pays, « la danse des Seigneurs » y est dénigrée par les militaires putschistes et interdite par les Frères musulmans. C‘est « La Société des Belles Personnes » au cœur du Caire que veut ressusciter l’auteur, là où est né le vieux Zohar Zohar : elle sait danser aux fêtes de la kudiya, croit en Esther plus proche des djinns que des hommes, admire Doudou investir le minaret d’un chant biblique! La première page de ce livre commence avec l’enterrement à Pontin du vieux Zohar Zohar, qui n’a « pas perdu un seul fragment de son âme » malgré l’expulsion, l’exil, le martyr de ses parents, ni oublié la vengeance promise aux siens. Tobie Nathan va le faire revivre aux yeux de son fils François Zohar car ce dernier n’a pas pris encore conscience des souffrances de ses ancêtres. Et c’est alors que le roman devient chasse aux nazis, course à l’argent, course aux plaisirs, chasse aux cauchemars… Car Zohar Zohar forma avec ses trois amis juifs une famille d’inconsolables orphelins, désireux mais bien incapables d’embrasser le monde. «Si Dieu pardonne tout, les hommes, rien », jusqu’à ce que la Providence ramène leurs pas à « La Société des Belles Personnes », là où on naît dans les pleurs mais où on meurt dans la joie, là où les youyous finissent par estomper la peur… Magnifique voyage au cœur du monde et de l’homme !
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