Simone Wapler pose la question fondamentale de « ce que devrait vraiment faire l’Etat ». A cette dernière question elle répond en référence aux droits naturels de la personne que l’Etat doit protéger conformément à une doctrine ancienne qui puise dans l’école de Salamanque et que la Déclaration des droits de l’homme de 1789 à bien énoncée : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ; ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». L’Etat ne devrait donc nous demander en impôt que ce qui est nécessaire à ses missions régaliennes.
Pourtant, l’Etat français contrôle directement ou indirectement 57% de l’activité économique et sociale. L’intervention étatique augment inexorablement d’année en année alors même que parallèlement, et de ce fait, la croissance ralentit. La France surcharge d’impôt les plus riches alors même que les Français s’appauvrissent sous le poids des charges fiscales et sociales : « Les 10% des foyers les plus aisés acquittent 70% de l’impôt sur le revenu et paient 52% de l’ensemble des impôts directs, soit 130 milliards d’euros sur les 250 milliards d’euros collectés en 2017 ». Pourtant, il ne faut pas vraiment être riche pour entrer dans cette catégorie des « aisés » puisque le seuil d’accès est de 4 263€ mensuels pour un ménage, à peine plus que deux salaires moyens.
Simone Wapler reprend à juste titre la théorie des choix publics selon laquelle les politiciens ont un intérêt direct dans la croissance de l’administration. Elle dénonce une démocratie devenue dictature de la majorité et l’idéologie étatique : « Lorsque l’Etat est tout, fait tout, l’impôt ne suffit jamais : l’impôt doit pouvoir disposer de tout ; alors la propriété disparaît et le consentement aussi ». Mais elle déplore en même temps que les citoyens abêtis et pressurés se soient habitués à ce fardeau au point de ne plus le contester suffisamment. Il est vrai qu’ils sont tellement déresponsabilisés et infantilisés qu’ils ne veulent même plus connaitre le coût astronomique du système de protection sociale français qui les a habitués à tendre la main plutôt qu’à se prendre en main et à demander de les défendre à des syndicats qui ne représentent personne. « Le monopole public, écrit-elle, n’est pas source de sécurité ou de prospérité des plus démunis, comme en témoigne le chômage de masse incrusté en France. La solution n’est pas dans plus de rigidité, plus de cotisations etplus d’impôts. Elle est dans plus de liberté de choix, de marge de manœuvre pour chacun. »
Il serait pourtant possible, montre-t-elle, de rétablir la concurrence dans les services publics, aussi bien en ce qui concerne les assurances sociales que l’école ou les transports par exemple, ce qui permettrait de réduire les prix et d’améliorer le service. Libérer l’économie et réduire l’importance du secteur public permettraient de relancer la croissance. Les pays les plus prospères sont généralement les plus libres et ceux qui pratiquent le libre-échange. L’ordre spontané concourt à l’amélioration des sociétés mieux que l’ordre étatique.
L’ouvrage nous raconte en même temps l’histoire de la fiscalité et combien elle tombe si régulièrement dans l’excès de l’impôt qui conduit généralement à l’abaissement des sociétés. Simone Wapler n’hésite pas à rétablir la vérité sur quelques idoles, de Périclès, dans sa posture impériale à l’égard de la Ligue de Délos, à Robin des bois, le voleur. Elle explique les dangers de l’égalitarisme contemporain qui justifie toutes les contraintes fiscales. Elle se désole d’une politique de l’environnement abaissée aux visions de Greta Thunberg qui « voit le CO2 comme vous voyez les nuages dans le ciel » et elle fait découvrir à ses lecteurs « comment la lutte contre le changement climatique est devenue une grosse pompe aspirante d’impôts qui recrache des profits pour le capitalisme de connivence sans aucun bénéfice mesurable pour la température de la planète ou notre environnement ». Elle s’inquiète encore des dérives monétaires et des déficits accumulés des Etats impécunieux. « Il vaudrait mieux, écrit-elle, laisser faire le travail et l’échange sans vouloir fausser l’intermédiaire de l’échange qui est la monnaie. La rage des impôts passe aussi par l’entêtement à vouloir contrôler la monnaie au détriment du peuple ».
Pour éviter ce cercle vicieux qui veut que de plus en plus de politiciens irresponsables créent de plus en plus de citoyens irresponsables, Simone Wapler propose en conclusion de s’en remettre au conseil de Nassim Nicholas Taleb : ne jamais écouter ceux qui ne mettent pas leur peau en jeu. Sage conseil sans doute de ce livre agréable à lire et aussi bien documenté que courageux.