Les lecteurs de Frederic Bastiat, nombreux parmi les abonnés de l’IREF, le savent bien : il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas. Il en va ainsi de l’avenir professionnel de M. Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée de 2017 à 2025, dont l’influence réelle aux côtés du président de la République, Vème République oblige,  dépasse de loin le cadre de ses prérogatives institutionnelles.Â
L’Elysée, l’intéressé et la Société Générale l’ont annoncé dans un mouvement coordonné : M. Kohler doit rejoindre, début juin, la banque en qualité de directeur général adjoint. Il n’était pas question bien entendu d’envisager un poste moins prestigieux pour celui qui aura longtemps secondé M. Macron, d’abord comme directeur de cabinet du ministre des Finances, puis comme secrétaire général de la présidence de la République.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) dont M. Kohler n’avait pas jugé nécessaire de prendre l’avis en 2016 avant de rejoindre temporairement l’entreprise MSC à laquelle des liens familiaux le rattachent, a donné son accord à ce départ. (https://www.hatvp.fr/wordpress/wp-content/uploads/2025/03/2025-82-Alexis-Kohler.pdf). Qui d’ailleurs pouvait penser qu’une administration, même dite autorité indépendante, aurait pu se mettre en travers de la reconversion du plus proche collaborateur du président de la République ?
Les nouvelles attributions potentielles d’Alexis Kohler
L’arrivée de M. Kohler, d’emblée comme directeur général adjoint et  membre du comité exécutif, a fait l’objet d’un communiqué de presse de la banque le 28 mars (https://www.societegenerale.com/fr/actualites/communiques-de-presse/nomination-au-sein-du-groupe-societe-generale). Ses attributions le conduiront :
- « à prendre la Présidence de la Banque d’Investissement de Société Générale (« Chairman of Investment Banking »). A ce titre, il coordonnera de façon globale les activités de Fusions & Acquisitions, de Marché des Capitaux Actions et de Financements d’Acquisition ainsi que les équipes chargées des Relations Clients ;
- à assister le Directeur général dans la mise en œuvre des programmes de transformation de l’entreprise ;
- à superviser le Secrétariat Général, la Direction des Ressources Humaines et la Direction de la Communication du Groupe ».
Ce recrutement s’accompagne du panégyrique de circonstance : « Les compétences reconnues d’Alexis Kohler, sa profonde connaissance du fonctionnement et des enjeux de l’économie mondiale dans toutes ses dimensions sectorielles, industrielles et commerciales, sa grande capacité d’analyse et son engagement unanimement salués trouveront chez Société Générale de nombreuses opportunités de contribuer au succès du Groupe. Il viendra compléter une équipe de direction qui allie des compétences et des expériences diversifiées et complémentaires, au service de la compétitivité et de la performance durable de Société Générale ».
La Banque centrale européenne ne donnera pas forcément sa bénédiction
La Banque centrale européenne (BCE) pourrait contrarier ce bel ordonnancement. Sa saisine par la Société Générale ne fait aucun doute. Depuis le 4 novembre 2014, la BCE est compétente pour prendre les décisions concernant la nomination de tous les membres des organes de direction des établissements de crédit importants soumis à sa surveillance prudentielle, cela au titre du Règlement (UE) nº 1024/2013 du Conseil du 15 octobre 2013 lui confiant des missions spécifiques ayant trait aux politiques en matière de surveillance prudentielle des établissements de crédit (JO L 287 du 29.10.2013, p. 63).
La BCE a précisé sa doctrine dans son guide relatif à l’évaluation de l’honorabilité, des connaissances, des compétences et de l’expérience.
La BCE impose que les membres de l’organe de direction disposent « de connaissances, de compétences et d’une expérience à jour suffisantes pour s’acquitter de leurs fonctions. Chaque membre doit notamment avoir une compréhension adéquate des domaines dont il ou elle n’est pas directement responsable, mais collectivement responsable avec les autres membres de l’organe de direction. La sélection et la nomination des personnes qui remplissent les exigences minimales en ce qui concerne l’expérience, les connaissances et les compétences suffisantes incombent en premier lieu à l’établissement de crédit ».
La BCE exige une expérience que M. Kohler ne possède pas
L’expérience bancaire de M. Kohler est… inexistante sauf à considérer que son expérience dans la fonction publique est de nature équivalente ! La banque le reconnaît implicitement dans l’argumentaire de son communiqué de presse… comme si elle se ménageait une voie de repli au cas où la BCE rejetterait la candidature de M. Kohler. Il est incontestable que l’expérience de M. Kohler en matière tant bancaire que financière est, pour le dire pudiquement, des plus légères.
C’est à la Société Générale qu’il incombe de notifier les informations relatives à l’aptitude des membres de leur organe de direction. On souhaite bien du courage à celui à qui cette tache incombera.
Aux termes du Règlement, « tous les membres de l’organe de direction doivent disposer d’un bagage théorique dans le domaine bancaire, obtenu par l’expérience pratique ou la formation ».
On ignorait que le poste de secrétaire général de l’Elysée incluait une compétence en matière de banque d’investissement et de ses métiers !
La BCE précise que le processus d’évaluation recouvre « le niveau et le type d’études dans les domaines de la banque, des services financiers ou dans d’autres domaines pertinents, par exemple l’économie, le droit, la comptabilité, l’audit, l’administration, la réglementation financière, la stratégie, la gestion des risques, le contrôle interne, l’analyse financière, les technologies de l’information et les techniques quantitatives ».
Figureraient-ils au programme de l’ENA dont M. Kohler est un ancien élève (promotion 1998-2000) ?
M. Kholer devra-t-il faire un stage ?
La BCE précise encore que les connaissances théoriques peuvent également être acquises au cours de formations organisées après la prise de fonctions. Il n’est pas certain que M. Kohler se resigne à devenir un stagiaire de la banque. Dans cette hypothèse, les services de la présidence de la République lui établiront-ils une convention de stage ?
Quant à l’expérience pratique, si l’on se réfère au guide de la BCE déjà cité, elle « est évaluée à partir des informations concernant les fonctions exercées antérieurement, par exemple la durée de service, la taille de l’entité, les responsabilités assumées, le nombre de subordonnés, la nature des activités et la pertinence réelle de l’expérience récemment acquise. »
Il faudra à l’évidence de grandes qualités de persuasion pour faire reconnaître les huit années passées à l’Elysée comme une expérience probante.
Bilan de compétences : M. Kholer ne devrait pas être admissible au poste
La BCE continue : « Il est exigé de tous les membres de l’organe qu’ils disposent de connaissances théoriques dans le domaine bancaire sur les thèmes suivants : marchés bancaires et financiers ; cadre réglementaire et exigences légales ; planification stratégique, compréhension de la stratégie commerciale ou du plan d’activité d’un établissement de crédit et de leur mise en œuvre ; gestion des risques (détection, évaluation, suivi, contrôle et atténuation des principaux types de risques auxquels un établissement de crédit est exposé) ; comptabilité et audit. »
La BCE fixe pour règle que le « seuil permettant de présumer d’une expérience suffisante applicables à l’organe de direction dans sa fonction exécutive Directeur(trice) général(e) Dirigeant(e) Exécutif(ve) : est de dix ans d’expérience pratique récente dans les domaines de la banque et des services financiers, dont une part importante à des postes de direction à un très haut niveau. »
Aux termes des textes, la BCE, du moins si le processus d‘examen ne fait pas l’objet d’interférences, devrait selon toute logique s’acheminer vers le refus de la candidature de M. Kohler à la Société Générale.
Il est surprenant, pour manier la litote, que la presse économique et financière n’ait pas relevé cette situation, pas plus que le conseil d’administration de la banque, ou que la Banque de France, l’ACPR – autorité de contrôle prudentiel et de régulation (émanation de la Banque de France) –, la direction générale du Trésor et autres « comités Théodule » selon l’expression dédaigneuse jadis forgée par le général De Gaulle.
Quelle que soit la décision de la BCE, le capitalisme de connivence a de beaux jours devant lui.
21 commentaires
Le pantouflage des hommes politiques a rarement un objectif technique, la BCE va sans doute retenir que le recrutement de tels personnages constitue avant tout l’acquisition d’un carnet d’adresses…
Mais au fait, de quoi se mêle-t-elle ?
Un peuple enlacé dans les liens du privilège, de la bureaucratie et de la fiscalité est comme un arbre rongé de plantes parasites.
F. BASTIAT – 1848
“Quelle que soit la décision de la BCE, le capitalisme de connivence a de beaux jours devant lui.”
Et les capacités à la gestion financières héréditaires ….
Si d’aventure les portes de la SG ne s’ouvraient pas, Monsieur Alexis pourrait éventuellement postuler dans le groupe familial.
C’est formidable, il a été proche de Macron et donc le voici paré comme un coq de toutes les qualités.
Des places remarquables pour des gens qui n’ont jamais travaillé, jamais créé un emploi.
Ça me rappelle de Funès dans un film mythique
« c’est mon pion, je fais ce que je veux de mon pion, je le mets où je veux, mon pion. »
Macron abandonnerait-il son Chouchou? Son complice? Ce gars aux compétences douteuses comme tous ceux dont Macron a su s’entourer. Pas d’inquiétude si une peau de banane de plus à la Société Générale ne convient pas, notre vénéré pommadé va lui trouver un autre poste pour paresseux incompétent et surtout bien rémunéré par nos impôts.Encore un cas de plus à “éplucher” à la fin de cette mandature.
Force est de constater aà quel point Sce Po a su gérer les passerelles permettant d’accéder avec moins de mal à des écoles plus sélectives.
A.Kohler a en fait d’abord fait Sce Po. Puis l’ESSEC. Un peu comme Hollande qui est rentré a HEC par passerelle depuis Sce Po.
Quand on sait qu’à Sce Po la sélection n’est pas par les concepts mathématiques…et qu’on connait la difficulté des concours des vraies GE, on est clairement dans la reproduction sociale qui va comme un gant au capitalisme de connivence.
Personnellement je pense que si le pays est dans cet état, c’est parce que notre classe de hauts fonctionnaires et nos élus sont majoritairement sélectionnés sur 50% des connaissances: le verbe, manquent les autres 50% : la culture scientifique.
Dans un monde qui change a toute vitesse, ils sont tels les mandarins de l’Indochine de 1858, sélectionnés sur la philosophie et calligraphie…
Si je me souviens bien, la même situation a eu lieu pour la nomination de R Ferrand à la tête du CC car il ne présentait pas les compétences juridiques requises pour le poste
Très informatif! Merci. Attention aux erreurs de frappe (c’est bien “Kohler”)
S’il a vraiment les qualités décrites en début de l’article, comment se fait-il qu’au bout de 8 ans, avec 1 prédisent qui a travaillé chez Rothcshilde, ils aient à eux 2 démoli la France au point de non retour ???? J’espère de tout coeur qu’il ne pourra pas accéder à ce poste. C’est 1 monsieur très imbu de sa petite personne, qui est persuadé d’être 1 phenix, tout comme “macrotte”et ce sont ces gens là qui détruisent tout. 👺👺👺👺
Il faut bien le recaser, incompétent à ce poste à l’évidence mais ENA est un mot magique qui ouvre les portes comme par enchantement …
Pour une fois ,la BCE aura une intervention positive !
Bah, et si on laissait ce garçon rejoindre les rangs de l’entreprise familiale, non ? Il a assez sévi (pardon, “servi”) à ses postes “au coté du président” de la ripoublique, non ?
A moins que lui aussi ne sente profondément qu’il a “une histoire à écrire avec les Français” ?
Moi je crois que les petits et les grands génies de ce genre, faut savoir les partager, en faire bénéficier les autres? PLUS NOUS, de grâce !
Et, dans mon rêve, il partirait avec son chef dans la poche et on ne les reverrait plus jamais…
Il ne manquait plus que cela!! L’incompétence est vraiment partout, déjà que la société générale n’est pas en état de sainteté, étant méprisante envers ses clients (elle a changé de nom, ce n’est sûrement pas innocent, >>> SG) qu’est-que ça va être !!
Macron n’a jamais été Ministre des Finances, mais de l’Economie.
On ferait mieux de le juger sur ses résultats que sur ses éventuelles compétences. En effet, le bilan de sa présence à coté de Foutriquet ne plaide pas en sa faveur…
Il est amusant de mettre en parallèle les exigences de la BCE sur ce point et la biographie de Christine Lagarde. Comprendra qui peut ,le Bal des Faux Culs est en pleine action.
Le complotisme touche même vos lectrices et lecteurs ! Mr Koehler fit plein d’études que d’aucuns lui reprochent le taxant de pistonné. Sa carrière est significative des diplômés des grands corps de l’état , il a travaillé à la direction du Trésor, au FMI entre autres, puis a été dr de cab de P. Moscovici et de E. Macron à Bercy, la capacité de ces derniers à comprendre les finances n’a jamais été remise en question. A. Kohler a été secrétaire gl de l’Elysée au contact direct du président, lequel président a été outre ses diplômes, inspecteur des finances, banquier, assoc gérant chez Rothschild, sec. Gl de l’Elysée et ministre de l’économie. A. Kohler a bénéficié de ces contacts quotidiens avec nos dirigeants et leurs interlocuteurs BDE mêmes niveaux et en a parfait ses connaissances.
Le parcours de A. Kohler et ses connaissances accumulées lui donnent les équivalences de compétences d’un très grand nombre de banquiers internationaux.
Il serait bon que les yeux de vos lectrices et lecteurs se décillent et voient les choses avec moins de parti pris systématiquement anti-Macron. Plus de tolérance envers celles et ceux qui n’ont pas les mêmes idées permettrait de dégonfler les ballons de violence et de haine qui nous survolent hélas et que vous contribuez sous prétexte de liberté d’opinion à faire flotter au dessus de nos têtes sans espoirs de réconciliation de votre part.
Qu’allez-vous vous cracher sur le successeur de SS François si vous n’êtes pas catholiques ?
Portez vous bien et qu’Athéna la déesse de la sagesse vous ait sous son égide.
Bernard Allègre
Les complotistes n’argumentent jamais. Je ne pense pas que ce soit le cas de l’IREF dont tous les articles sont argumentés.
Quel triste sire ! Un pur produit de notre fabrique du crétin.
Ah le placement des copains et des pions dans des sinécures remarquables est un jeu très prisé chez les énarques et autres hauts fonctionnaires.
Comme disait de Funès dans un film bien connu « c’est mon pion, je le mets où je veux, j’en fais ce que je veux »