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Pap Ndiaye face à la pénurie de professeurs

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« Job dating », salaires, nouvelles stratégies de recrutement… L’Education nationale fait face à des taux de réussite historiquement bas aux différents concours de recrutement des professeurs : des chiffres alarmants pour la rentrée des classes de septembre.

CAPES de mathématiques cette année : 1035 postes ouverts, 557 admis ; lettres modernes : 755 postes ouverts, 598 admis ; lettres  classiques, 134 postes existants mais vacants, 55 admis. Même son de cloche du côté des sciences avec 425 postes ouverts et 209 admis en physique-chimie, toutes académies confondues. Les chiffres, eux, sont surtout révélateurs du climat qui règne au sein des établissements scolaires et d’un épuisement général des professeurs qu’un manque de considération révolte. Pour rappel, et selon le rapport annuel de l’OCDE concernant le salaire des enseignants, la France arrive en douzième position dans le classement des rémunérations pour le premier degré avec un salaire annuel moyen brut de 30 450 euros pour les débutants. A titre comparatif, l’Espagne se place en sixième position de ce même classement (41 300 euros brut annuel), alors que le salaire minimum espagnol s’élève à environ 13 600 euros but annuel contre 19 747 euros brut annuel en France. L’Allemagne quant à elle rémunère ses professeurs débutants 62 600 euros brut annuel, pour un salaire moyen toutes catégories professionnelles confondues de 47 000 euros brut annuel. Pour autant, les dépenses de l’Allemagne et de l’Espagne pour l’éduction primaire et secondaire sont inférieures à celles de la France.

La fronde des professeurs

Le 27 juin, Pap Ndiaye publiait dans les colonnes du Parisien (étrange stratégie) les cinq priorités de son ministère dans un article titré « Il n’y a pas de compromis à avoir avec le RN, c’est ma boussole politique ». Le nouveau ministre de l’Education nationale poursuit donc sa ligne de communication en s’exprimant par le biais exclusif des deux médias Le Parisien (groupe LVMH) et Le Monde dont Edwy Plenel fut le directeur de la rédaction de 1996 à 2004 avant de fonder Médiapart en 2008. Et sa seule boussole est négative !

Dans cette lettre adressée au corps professoral, le ministre décline les cinq axes qu’il juge prioritaires pour remettre à flot l’école française, à commencer par la « lutte contre les inégalités sociales à l’école ». Viennent ensuite le renforcement des enseignements fondamentaux, le « bien-être des élèves », « la question écologique » et la revalorisation du métier d’enseignant. Ainsi, les compétences telles que lire, écrire, compter et raisonner sont subordonnées à la lutte contre les inégalités sociales, faisant de l’école un lieu où l’on éduque plus que l’on instruit. Rien d’étonnant ici puisqu’Emmanuel Macron affirmait avoir choisi « de nommer [ministre de l’Education nationale] un homme qui d’abord par sa vie et son parcours dit ce à quoi je crois de l’école de la République. Il incarne aussi ce que nous avons fait ces cinq dernières années et ce que nous voulons faire, c’est-à-dire combien l’école de la République permet de bâtir l’égalité des chances ». Nul doute que Pap Ndiaye poursuive le discours démagogue de ses prédécesseurs dans une lente mais certaine destruction de l’instruction nationale.

La précarisation du corps professoral

Quant au manque réel de professeurs pour la rentrée 2022, Pap Ndiaye promet dans un entretien accordé, encore une fois, au Parisien qu’ « il y aura un prof devant chaque classe à la rentrée ». Le ministre évoquait alors de nouvelles solutions pour pallier les absences ponctuelles de professeurs pour causes légitimes (arrêt maladie ou congé maternité notamment) : « Nous voulons faire en sorte qu’une absence du professeur d’histoire géographie, par exemple, soit compensée par son collègue, disons, de français. Mais attention, par pour que le professeur de français fasse de l’histoire-géographie ! Il utilisera ces heures pour faire une double dose de français, et quand le collègue d’histoire-géo reviendra, il compensera en prenant sur les heures de français ». Une proposition qui a suscité l’indignation des professeurs sur Twitter derrière l’hashtag #PasDeRentréeEnSeptembre. Rappelons, du reste, que si Pap Ndiaye promet une augmentation des salaires, son prédécesseur Jean-Michel Blanquer avait déjà annoncé des mesures similaires le 8 mai 2019 puis le 31 août 2020. Pourtant les salaires des enseignants restent à la traine de la fonction publique, près d’un quart inférieurs à ceux des autres fonctionnaires de catégorie A.

L’Education nationale ne cessera donc pas de flirter avec une précarisation croissante des métiers de l’enseignement : pour répondre au manque de professeurs, de nombreuses académies optent pour le recrutement de contractuels, 258 700 en poste pour l’année 2020-2021. Si ceux-ci représentent, selon le bilan social du ministère, 19% des enseignants du secteur privé et 5% des enseignants du secteur public, soit environ 66 000 enseignants au total, ils étaient un peu moins de 45 000 pour l’année 2010-2011. Le premier écueil limitant le recrutement des professeurs se pose donc d’emblée comme le manque de reconnaissance de la profession se traduisant par des salaires largement en-dessous des moyennes européennes et ce, même pour des pays dont le PIB est largement inférieur à celui de la France. Pourtant, l’éducation demeure, il faut le rappeler, le premier budget de l’Etat, en hausse continuelle depuis des années : l’école ne manque pas d’argent, mais de moyens humains et de concurrence.

Il faudrait que les enseignants ne bénéficient plus du statut de la fonction publique qui les handicape et qu’ils puissent tout à la fois travailler plus et être mieux rémunérés.

 

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12 commentaires

Daurat 24 août 2022 - 4:25

Ce qui est intolérable c’est que nous payons des hommes politiques pour prévoir dans ce domaine comme malheureusement dans d’autres (notamment la santé) les risques de pénurie de personnels. il me semble que gouverner c’est prévoir ! C’est incontestable, la médiocratie c’est bien installée dans ce pays.

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Photini 24 août 2022 - 5:49

Pas de profs, c’est pas grave, y’a qu’à en faire venir de Tunisie ou mieux, d’Algérie! Quand au ministre, je le connais depuis longtemps. Il était un habitué de Calvi quand ce dernier animait C’dans l’Air. Généralement, c’était pour parler des Etats-Unis. Je le trouvais bien. Il était calme et mesuré. Mais je me demande si un universitaire est la personne la mieux qualifiée pour être ministre. Conseiller un ministre, oui mais pour « gestionner » un ministère… l’avenir nous le dira.

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gaston 79 24 août 2022 - 6:25

Il faut en réalité mettre au travail le sureffectif fonctionnel de l’EN planqué dans les académies et autres postes de délégation ou d’emploi bidon avant d’augmenter le salaire des profs. Pour mémoire, sur les 1,2 millions de personnel, l’effectif au contact réel des élèves est inférieur à 800 000 ! Le taux de fonctionnels dans l’EN est le double de tout ce qu’on trouve dans le monde.

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Almaviva 24 août 2022 - 6:48

Comment peut-on expliquer pourquoi nous ne pouvons pas faire comme lEspagne : mieux payer les enseignants tout en ayant un budget inférieur au notre ? C’est donc un problème d’organisation, il doit exister du sur effectif dans l’administratif !!
Quant au manque xe recrutement des professeurs, le seul niveau de salaire n’explique pas tout ! D’une part, le niveau des élèves baissent tous les ans, d’où les difficultés pour réussir les examens, d’autre part, les conditions de travail deviennent de plus en plus déplorables pour les enseignants !

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Rémi 24 août 2022 - 8:08

En France, quels professeurs des collèges ou de lycée, dignes de ce nom, ont envies de corriger des dictées pendant leurs cours d’Histoire-Géographie ou de faire apprendre les tables de multiplications à leurs élèves lors des cours de Mathématiques … puis, des cours d’alphabétisation pendant leurs cours de français … ?
• Quel « individu », alphabétisé, un peu sage et cultivé peut vouloir dispenser des cours de discipline, de respect et de moral à leurs élèves de seconde ou de 1ère…Tout en se protégeant d’éventuels Coups et blessures de toutes natures, accompagnées d’injures dispensés dans toutes les langues ?
• Quel enseignant, veut risquer sa vie, pour dispenser des fondamentaux à ‘’une population’’ de mineurs protégée ?
Qui sont ces « kamikazes » de ’’l’enseignement’’ en France ?
• A quelle catégorie socio-culturelle appartiennent ces ‘’résistants de l’enseignement’’ en France de 2022, non protégés par leurs Mammouths de tutelle, gros et gras, qui paissent dans les prés ?

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Obeguyx 24 août 2022 - 8:28

Ce n’est plus « à la recherche du temps perdu », mais « à la recherche du plus con que notre principal élu ». C’est exact la « médiocratie » (et le mot est plutôt très gentil) est belle est bien enracinée et durablement tant les français sont mous dans leurs réactions.

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PhB 24 août 2022 - 4:51

Pourquoi les concours ne font pas la plein?
Par essence même un concours est un examen qui ne retiendra qu’un nombre limité de candidats, toujours au-dessus de la moyenne.
Si les postes ne sont pas pourvus, c’est que les candidats n’ont même pas le niveau minimum pour concourir.
C’est déjà là qu’il y a un problème.
Sur 1000 postes à pourvoir s’il n’y a que 700 retenus, c’est que les autres n’ont même pas la moyenne!
Trouvez l’erreur. C’est le NIVEAU des CANDIDATS qui n’est plus à la hauteur!
Pas le manque de candidats, je ne connais aucun concours où le nombre de candidats n’est pas largement supérieur aux postes à pourvoir.
PhB
PhB

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Jean AYMAR-DESCONDS 24 août 2022 - 2:17

Les grands discours, l’idéologie et le « en-même-temps » ne suffiront pas à redresser la barre. Les bas salaires n’attirent pas les meilleurs. Le Mammouth est à l’agonie.

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Obeguyx 25 août 2022 - 10:00

Phb a mis le doigt « dedans ». Et oui, il a raison on est dans la « me…. » et ce n’est pas avec ce ministre qu’on va en sortir !!!

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PhB 25 août 2022 - 10:32

(Message déposé le 24 aout en soirée, non publié ce matin 25)
ArtcleIREF2022aout23_PapNdyae
Pourquoi les concours ne font pas la plein?
Par essence même un concours est un examen qui ne retiendra qu’un nombre limité de candidats, toujours au-dessus de la moyenne.
Si les postes ne sont pas pourvus, c’est que les candidats n’ont même pas le niveau minimum pour concourir.
C’est déjà là qu’il y a un problème.
Sur 1000 postes à pourvoir s’il n’y a que 700 retenus, c’est que les autres n’ont même pas la moyenne!
Trouvez l’erreur. C’est le NIVEAU des CANDIDATS qui n’est plus à la hauteur!
Pas le manque de candidats, je ne connais aucun concours où le nombre de candidats n’est pas largement supérieur aux postes à pourvoir.
PhB

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Astérix 30 août 2022 - 8:18

De toutes les façons, tout le système éducatif est à remettre à plat puisque parfaitement inadapté !
Ce nouveau ministre ne sert à rien; il bricolera, comme ses prédécesseurs et ainsi de suite ! Il faut renverser la table.

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Maurice 30 août 2022 - 6:54

Arrêtons de comparer les salaires ANNUELS des enseignants en Europe prenons le salaire HORAIRE ce sera plus significatif

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