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Marion Maréchal et Reconquête aux européennes : protéger plutôt que libérer

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Reconquête et sa tête de liste aux élections européennes, Marion Maréchal, tentent de se distinguer du Rassemblement National qui caracole en tête des sondages. Cela se traduit dans certaines des 92 propositions « pour agir à Bruxelles, défendre la France et les Français et protéger la civilisation européenne ».

L’immigration et la course à l’échalote avec le Rassemblement National

Les deux textes en préface de Marion Maréchal et du coordinateur du projet, le député européen Nicolas Bay, donnent une impression de dissonance qui laisse mal à l’aise. La teinte parfois libérale des propos de la tête de liste en ce qui concerne la politique intérieure de l’Union européenne est absente du texte du coordinateur du projet.

Comme il fallait s’y attendre, le programme débute par une batterie de propositions pour « libérer l’Europe de l’immigration et de l’islamisation », ce qui fait penser à une course à l’échalote avec le Rassemblement National…

Les points positifs du programme

Quelques propositions ne peuvent toutefois que sonner agréablement aux oreilles des libéraux : « reconnaître réellement le principe de subsidiarité », « en finir avec les gaspillages et la bureaucratie bruxelloise », « refuser tout impôt européen », « introduire le principe de la sobriété normative », faire cesser les « surtranspositions de directives européennes » en matière agricole (mais, comme le programme des Républicains, sans mention des surtranspositions dans les autres domaines…).

Agriculture et libre-échange : de graves erreurs

Malheureusement, les choses se gâtent très sérieusement dès que l’on traite deux sujets, partiellement liés : l’agriculture et le libre-échange.

A l’image de l’intégralité des autres listes de poids aux élections du 9 juin, Reconquête veut « protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale » et « défendre l’exception agricole française et européenne ». Autrement dit, l’extrême droite veut poursuivre en la rénovant (en rejetant à juste titre l’écologie punitive et la décroissance) une politique agricole commune qui a échoué.

En liminaire, Marion Maréchal donnait la clef de son programme : « libérer à l’intérieur et protéger à l’extérieur », renouant ainsi sans le savoir avec les grands principes du protectionnisme des industriels français du début du XIXe siècle. Haro contre le libre-échange, non seulement agricole mais également industriel !

« Nous devons rétablir les protections douanières » en matière agricole, précise le programme, car l’objectif est bien sûr la « souveraineté » sous tous ses angles, à commencer par la visée d’une « souveraineté alimentaire » partagée d’ailleurs avec les autres listes. Mais il faut aussi « mettre en œuvre une préférence européenne », « mieux protéger notre marché pour mieux protéger nos entreprises », « mettre en œuvre un moratoire sur les accords de libre-échange » et, ce qui distingue ici l’extrême droite tant de la droite que de la gauche, « promouvoir la préférence nationale et européenne à l’embauche ».

Plus largement, il convient de remettre en cause « le grand dogme européiste de la libre circulation des hommes, des capitaux et des biens ». Or, revenir sur ce « dogme » n’a rien d’anodin : ce serait en réalité détruire les fondements mêmes de la liberté et de la prospérité induites par le libre-échange (hors domaine agricole) du traité de Rome de 1957 !

En substance, si Marion Maréchal et Reconquête entendent se distinguer de ce que Eric Zemmour qualifie le « socialisme » de Marine Le Pen en matière économique et sociale, le naturel de l’extrême droite revient vite au galop et l’on se dit que non seulement il s’agit de se « protéger » de tout ce qui est extra-communautaire, mais également d’entraver la liberté à l’intérieur des frontières des Etats de l’Union européenne.

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