Sans forcer le trait, on peut dire que la Californie s’efforce de mettre en œuvre les pires politiques publiques. Nous avons déjà eu l’occasion de mettre en avant les catastrophes générées par ses dirigeants démocrates. Ceux-ci sont parfois rattrapés par la réalité et n’ont pas d’autre choix que de changer de politique. N’est-ce pas ce qui est en train de se passer en matière de logement ?
Les article de l’IREF sur la Californie sont nombreux. Dernièrement, nous avons évoqué l’expérimentation d’un revenu de base pour les personnes transgenres par la ville de Palm Springs ; la pénurie d’électricité, due à la prédominance des énergies alternatives (éolien et solaire), qui contraint les autorités à demander que l’on ne recharge pas les voitures électriques (qui seront pourtant obligatoires en 2035) entre 16 et 21 heures ; la volonté de la Commission de l’enseignement de l’État de débarrasser de son « racisme » l’enseignement des mathématiques et de l’orienter au service de la « justice sociale » et du développement de la « conscience sociopolitique » des élèves ; ou bien encore les incendies qui ravagent les forêts (en majorité publiques) parce que les réglementations et les normes empêchent, voire interdisent dans certains cas, le déboisement, le débroussaillage et la vente de bois mort.
Nous avons aussi évoqué l’exode de la population et la fuite des entreprises vers des États plus libéraux (au sens français). Il faut dire que la Californie est à la 48ème position du classement du Cato Institute sur la liberté des États américains ; à la 31ème du classement de Forbes des meilleurs États pour les affaires ; et à la 48ème du classement de la Tax Foundation sur le poids de la fiscalité.
Le prix faramineux des logements
Une des raisons qui expliquent pourquoi les Californiens vont voir si l’herbe n’est pas plus verte dans un autre État est le prix de l’immobilier. A San Francisco par exemple, la politique de zonage – qui réglemente les types de construction et leurs activités, les densités, la hauteur des constructions, la distance entre les immeubles, le pourcentage d’espaces verts, le nombre de places de parking, etc. – fait que les logements y sont parfois jusqu’à 400 % plus chers qu’à Houston – où le zonage n’existe pas – pourtant plus grande ville du Texas. Les habitants qui veulent préserver leur qualité de vie et, parallèlement, faire augmenter le prix de leur maison en vue d’une revente ultérieure, refusent toute remise en cause du zonage. Ils disposent parfois d’un très grand pouvoir en la matière puisqu’il n’est pas rare que les décisions d’urbanisme soient déléguées aux associations de quartier. C’est notamment le cas à San Francisco.
Résultat : faute de logements suffisants, près de 100 000 personnes dormiraient dehors chaque nuit en Californie, et celles qui arrivent à se loger dépensent des fortunes pour un confort des plus sommaires – par exemple, indiquait Le Figaro en 2019, 800 $ par mois pour une « capsule » de 3 m² à Los Angeles.
Comme l’a montré Vincent Bénard, les États où la contrainte foncière est faible n’ont pas connu une envolée des prix immobiliers. Ainsi en Californie, « il faut compter entre 6 et 10 années de PIB/habitant pour acheter un logement médian, alors qu’au Texas [ndlr : où la réglementation est limitée], entre 3,5 et 4,5 années suffisent, indépendamment de l’évolution des taux d’intérêt, et la volatilité des prix y est nettement moindre. Ainsi les logements neufs sont 30% plus grands au Texas qu’en Californie… ».
Yes In My Backyard
Certains élus semblent avoir pris conscience de cette triste réalité. La représentante californienne Laura Friedman a ainsi élaboré la proposition de loi AB-2097 visant à supprimer l’obligation de créer des places de parking dans le cadre d’une demande de permis de construire pour des logements ou des locaux d’activité situés dans un rayon de 800 mètres autour des stations de transport en commun. Aujourd’hui, il peut être demandé de prévoir jusqu’à 4 places de parking pour la construction d’un logement de 5 pièces. La ville de San Francisco a pris une mesure similaire en faveur de la limitation des places de parking en 2018, et celle de San Diego en 2019.
Si les élus démocrates de Californie changent ainsi leur fusil d’épaule, c’est surtout parce que les chefs d’entreprise – même les plus « progressistes » d’entre eux – leur ont fait comprendre que la cherté de l’immobilier leur était de plus en plus pénalisante. Si les autorités californiennes ne veulent pas que les entreprises déménagent pour le Texas – soulignant au passage toutes les vertus de la concurrence entre États – elles se doivent de réagir. Cependant, face aux besoins énormes de nouveaux logements, cette nouvelle politique paraît bien timide. Surtout, elle reste toujours très interventionniste.
Ben Carson, secrétaire au logement et au développement urbain de Trump, avait déclaré, il y a deux ans, que le zonage empêchait la construction de logements à des prix abordables pour le plus grand nombre. Et il citait en exemple la ville de Minneapolis, devenue, comme l’explique Robin Rivaton, « la capitale du YIMBY, pour Yes In My Backyard, en adoptant en décembre 2018 le premier plan d’urbanisme de tout le pays autorisant la construction de bâtiments jusqu’à trois niveaux dans tous les quartiers de la ville y compris les banlieues pavillonnaires hermétiques à toute densification ».
Il faudrait aller beaucoup plus loin, bien sûr, en laissant les propriétaires faire ce qu’ils veulent de leurs biens. Car en Californie, comme en France, c’est bien le non-respect de la propriété privée qui crée la pénurie… dont les moins riches pâtissent.
3 commentaires
Très bon article.
Vous pouvez mettre à jour l’exode de population qui s’est aggravé depuis votre article sur le sujet.
(Source Census)
Entre Avril 2020 et Juillet 2021 les 3 plus fortes émigrations domestique nette par Etats:
– Californie: -429.000
– New York: -406.000
– Illinois: -152.000
Ces plus forte immigrations domestique nettes :
– Florida: +264.000
– Texas: +211.000
– Arizona: +120.000
– North Carolina: +109.000
Bonjour, ce sont les mêmes qui ont voté Biden… Par analogie chez nous, ce serait des petits Macronistes qui ont planté des panneaux 80 km/h et ont imposé l’extorsion de malus auto 50 000 €, qui prônent la désindustrialisation, le déclin de la France et le déclassement des Français. Merci. Bien à vous