C’est la Cour des comptes qui l’observe, dans son rapport public annuel 2021. Les sages financiers estiment que, durant la crise sanitaire, « les soins critiques ont su s’adapter rapidement face à l’urgence, au prix d’une improvisation organisationnelle et de déprogrammations massives ». Malgré un rapport plutôt complaisant qui essaye d’atténuer la réalité, la Cour des comptes pointe des problèmes conséquents.
Cette adaptation/improvisation et le manque de vision à long terme ont engendré, au-delà des déprogrammations d’opérations et de rendez-vous médicaux pouvant avoir de graves effets, une politique sanitaire qui se cale sur l’engorgement des services de réanimation. Ainsi, le troisième confinement ne s’est pas décidé en fonction du nombre de cas de Covid et de décès, mais selon la situation hospitalière.
Pour avoir un système de santé qui s’adapte réellement aux crises, il faudrait une grande réforme, et non de simples rallonges budgétaires pour éponger une dette structurelle. Il en va de la santé de tous les Français.
Un manque de lits de réanimation mortel
La marque de « l’adaptation » de l’hôpital à la crise, c’est l’impréparation et l’improvisation. Cette impréparation est due à la mauvaise gestion du domaine hospitalier par l’Etat. Ces dernières années, le nombre de lits de réanimation a diminué. En effet, la Cour des comptes constate que, malgré un vieillissement de la population, « le taux d’équipement en lits de réanimation n’était plus que de 37 pour 100 000 habitants de plus de 65 ans à la veille de la crise sanitaire, alors qu’il était de 44 pour 100 000 habitants en 2013 ». Sans cette baisse, les hôpitaux auraient disposé, selon la Cour, de 5 949 lits de réanimation pour adultes contre 5 080 au 1er janvier 2020.
Ce manque a provoqué la mort de nombreuses personnes souffrant du Covid, mais aussi d’autres pathologies. Pour la Cour des comptes, « La mobilisation des soins critiques durant la pandémie de covid 19 s’est faite au prix d’un renoncement aux soins sans précédent, aux conséquences encore inconnues pour la santé publique. ». Combien de personnes mourront ou sont mortes des suites d’un retard de traitement ou de diagnostic de maladies graves ?
Cette situation résulte clairement d’un choix politique français. Comparons avec l’Allemagne. Selon une étude de l’OCDE publiée en juin 2020 et mentionnée dans le rapport, la France présente un taux d’équipement en lits de soins critiques de 16,3 pour 100 000 habitants, contre 33,9 pour l’Allemagne. C’est plus du double !
L’explication est simple. Les hôpitaux allemands ont un fonctionnement proche de celui d’une entreprise privée. La réactivité est immédiate, et l’autonomie des hôpitaux permet d’adapter l’offre à la demande. En France, le fonctionnement étatique et bureaucratique de notre système de soins ne répond qu’à des questions budgétaires : c’est la gestion publique de la pénurie. D’ailleurs, le privé est même snobé en pleine crise !
Les cliniques privées tenues à l’écart de la gestion de la pandémie
Nous l’avions déjà dénoncé dans un précédent article traitant de la mésentente (voulue) entre les Agences régionales de santé (ARS) et les cliniques privées.
Les fédérations représentatives de l’hospitalisation privée, la FHP et la Fehap, « regrettent que l’association du secteur privé ait été parfois tardive et souvent en dernier recours, lorsque les structures publiques de réanimation ne pouvaient plus assumer la totalité des besoins. La FHP estime ainsi que des patients ont parfois été accueillis en mode dégradé dans des hôpitaux publics surchargés, ou transférés, alors que des places étaient disponibles en cliniques et hôpitaux privés. ». C’est la préférence publique, une préférence purement dogmatique qui a été la cause de nombreux décès.
Le rapport de la Cour des comptes le confirme: malgré la création d’unités de réanimation éphémères dans le privé lucratif, l’association avec des établissements de ce secteur ne s’est faite qu’en fonction de leurs capacités antérieures à la crise ! Un manque flagrant de coopération…
De fait, parmi ses recommandations, la Cour des comptes propose « de déterminer au niveau national un modèle d’organisation et de coordination des soins critiques et son mode de gouvernance, qui soit en mesure d’inclure les structures publiques et privées ». A l’IREF, nous pensons qu’il faut aller plus loin. Une réforme d’importance doit voir le jour rapidement afin que l’ensemble du secteur hospitalier se calque sur un fonctionnement privé.
Pour prévenir les crises, il faut réformer l’hôpital avec le marché
Le système de santé public français est trop rigide pour faire face aux crises. La bureaucratie étouffe les initiatives et rend difficile une adaptation rapide et efficace. Un simple chiffre : près de 34 % des employés des hôpitaux français n’ont aucune tâche médicale, soit 54 % de plus qu’en Allemagne ! Une preuve flagrante de la lourdeur bureaucratique tant décriée par le personnel soignant.
Le planisme étatique qui a pris les commandes dans l’hôpital est peu flexible une calamité, nous en avons hélas eu la preuve l’année dernière. C’est l’action privée qui innove et se transforme (Amazon qui livre des masques, les vaccins Pfizer et Moderna …), c’est elle qui permet de trouver rapidement des solutions sanitaires adéquates. L’Etat, lui, ne sait que bloquer et retarder (pas de stock de masques, lenteur de la vaccination, suspension des vaccinations, attestations de sorite inutiles et incompréhensibles…).
Pour que nos hôpitaux puissent faire face aux prochaines crises sanitaires, il faut réformer et libéraliser le système de santé français, qui est loin d’être le meilleur du monde.
4 commentaires
Rapport de la Cour des Comptes : l’hôpital public ne s’est pas adapté à la crise, il a improvisé
Pour compléter cet article il aurait été fort utile de traiter aussi le temps de travail et l’absentéisme par rapport à l’Allemagne et les autres pays qui nous entourent d’ailleurs.
Cela étant le problème du pays France est bien plus grave encore car cette situation vous pouvez la reproduire pour la santé en général, l’enseignement, la police et gendarmerie et pour tous les domaines de la vie courante sans exception jusque dans les entreprises para publiques voire quelques grosses entreprises privées censée rapporter de la richesse mais qui au contraire sont à la chasse permanente de l’argent public Français qui s’en va très vite dans des caisses bien loin de la France. Il ne faut compter que sur les moyennes et petites structures pour empocher les fruits de leur labeur et justement ceux que l’on empêche aujourd’hui de travailler ! Bizarre, qui a dit Bizarre …..
Rapport de la Cour des Comptes : l’hôpital public ne s’est pas adapté à la crise, il a improvisé
Dans les hôpitaux comme dans l enseignement il.faut impérativement diminuer le nombre d administratifs le limiter à 15 % du personnel et surveiller les arrêts de maladie souvent de complaisance
Rapport de la Cour des Comptes : l’hôpital public ne s’est pas adapté à la crise, il a improvisé
Madame, Monsieur,
Vos propos indiquent clairement votre méconnaissance du fonctionnement des hôpitaux français dont l’objet n’est pas de soigner (pourquoi les lits sont-ils TOUS vides, en permanence) mais de pomper l’argent de la Sécurité Sociale. (Mes excuses pour ce constat, obligé)
Je ne cherche pas à faire de la polémique. J’ai fait, en juillet 2020, l’expérience de l’hôpital, et j’en suis sorti médusé. L’hôpital public est un établissement de super-grand luxe, qui ne prend de malades que dans des circonstances exceptionnelles (une heure du matin aux urgences, pas d’autre alternative, par exemple)..
Il y a 1100 lits à l’hôpital Édouard Herriot à Lyon, vides à 99%, sauf peut-être quelques lits de réanimation.
Le tarif journalier facturé par les HCL est de 1735 € par jour. On trouve ce chiffre dans les comptes des HCL (tous établissements hospitaliers de Lyon confondus). C’est plus qu’une suite au Negresco!
Il est donc complètement illusoire de vouloir associer l’hôpital à une action civique quelconque et j’en suis bien désolé.
L’hôpital français est en réalité une forteresse qui ne prodigue que des soins « de jour » et qui fait la fortune d’un certain nombre de mandarins. Il n’est probablement pas, politiquement correct de le dire, mais le constat est hélas sans appel.
Renseignez vous, c’est très important
Bien cordialement
Alain MITON
Rapport de la Cour des Comptes : l’hôpital public ne s’est pas adapté à la crise, il a improvisé
La dette de 30 milliards des hôpitaux publics doit être supprimée totalement . Cette dette est une dette structurée ( Toxique) , parce que les gouvernements français, depuis Sarkozy et la crise des banques de 2008, Sarkozy a encouragé et même obligé, les hôpitaux publics et les collectivités publiques françaises, à emprunter aux banques privées et les banques ont piégé les hôpitaux et de nombreuses collectivités, avec des emprunts toxiques .
La dette des hôpitaux , il faut la supprimer et surtout, il faut financer les hôpitaux publics avec de l’argent public et non avec des crédits .
Les richesses des français sont détournées et spoliées depuis des années, par les gouvernements français , pour sauver et enrichir les marchés financiers et par la même occasion, tous les dirigeants politiques français et les dirigeants politiques des institutions européennes, s’enrichissent sur le dos du peuple français et c’est scandaleux .
C’est de l’escroquerie en bande organisée, pour dépouiller les richesses des français, mais aussi les richesses des autres peuples .
Nous sommes gouvernés par des corrompus, des voleurs, des escrocs………………………………..
Rendez les milliards d’euros d’argent public, que vous avez détourné et spolié depuis des années, aux français , bande d’escrocs !
Association Collectif Européen des Patients des Hôpitaux Publics et des Résidents des Ehpad
Présidente ; Réjane Thomasic