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Pourquoi le système de santé de Singapour est le meilleur du monde

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Selon le classement Bloomberg Most Efficient Health Care System 2020, Singapour disposerait du meilleur système de santé au monde. Nos collègues de l’Institut slovaque d’études économiques et sociales (INESS) se sont demandé comment la petite île arrivait à une telle performance.

Dans le classement des meilleurs systèmes de santé au monde établi par Bloomberg, les pays asiatiques trustent les premières places. Derrière Singapour, on trouve, en effet, Hong Kong (2ème), Taiwan (3ème), la Corée du sud (4ème), la Thaïlande (9ème) et le Japon (10ème). A ces pays, on pourrait adjoindre l’Australie (7ème) et la Nouvelle-Zélande (8ème) voisines. Israël, géographiquement en Asie, mais plus proche culturellement de l’Europe, occupe la 5ème place. Seul pays d’Europe du top 10, l’Irlande est au 6ème rang.

Et la France ? Elle n’est pas dans le classement qui comprend tout de même 57 pays ! A vrai dire, nous ne sommes guère étonnés. A l’IREF, nous dénonçons régulièrement un système coûteux, bureaucratique, déresponsabilisant et à bout de souffle. Il n’y a plus que quelques idéologues qui croient encore que le monde entier nous envie notre Sécurité sociale.

Une épargne santé individuelle

Le système singapourien de santé repose sur trois piliers principaux qui combinent la responsabilité individuelle et un filet de sécurité public.

Le premier pilier – et le principal – est MediSave. C’est un compte d’épargne individuel alimenté mensuellement par une cotisation sur les salaires (entre 8 % et 10,5 % selon l’âge). Ce versement est exonéré d’impôt et l’épargne ainsi accumulée est rémunérée (4 % à 5 % en 2020). Chaque nouveau-né reçoit 4 000 dollars singapouriens (SGD) sur son compte, soit environ 2 800 €. Il est possible de l’abonder avec des versements volontaires (déductibles des impôts) dans une certaine limite. Le montant cumulé maximum que l’épargnant peut avoir sur son compte MediSave (ou MSA) est de 68 500 SGD en 2023 (environ 47 600 €). Quand l’épargne dépasse ce montant, elle est réorientée vers l’épargne-retraite.

Lorsqu’un individu a besoin de régler des frais de santé, il utilise son compte MSA, dans certaines limites toutefois. Il existe, en effet, une liste de dépenses éligibles. Par exemple, le transport en ambulance n’y figure pas. Seules une vingtaine de maladies chroniques peuvent être prises en charge avec le compte MSA. Par ailleurs, l’utilisation de l’épargne est plafonnée. Ainsi, en cas d’insémination artificielle, le compte MSA peut être mobilisé à hauteur de 6 000 SGD pour la première tentative, 5 000 SGD pour la deuxième et 4 000 SGD pour la troisième. Les tentatives suivantes ne peuvent pas être payées avec le compte MSA. Ajoutons qu’il existe, pour nombre d’affections, un ticket modérateur obligatoire de 15 %.

Les comptes MediSave des membres d’une même famille (conjoint, enfants, parents et grands-parents, frères et sœurs) peuvent être mutualisés. Une enquête de 2010 révélait que les soins avaient, en moyenne, été réglés à 56 % par le compte MSA du patient lui-même et que le reste avait été prélevé sur celui des membres de sa famille. Les moins de 55 ans utilisaient le compte de leur conjoint en complément du leur, tandis que les patients plus âgés recouraient à celui de leurs enfants. Ajoutons que lors du décès d’une personne, son compte MSA peut être transféré à ses héritiers.

En 2020, 110 milliards de SGD (environ 76 Md€) étaient accumulés dans MediSave, et la valeur moyenne d’un compte était de 29 600 SGD (environ 21 000 €).

Une assurance-santé obligatoire

Le deuxième pilier du système de santé singapourien s’appelle MediShield Life (MSL). Il est financé par des cotisations obligatoires prélevées sur les salaires. Ces cotisations sont abondées par l’État en fonction de l’âge et du revenu des individus. Les primes ainsi collectées ne sont pas, cette fois, versées dans un compte individuel, mais mutualisées.

MSL a pour objectif de contribuer aux dépenses de santé les plus onéreuses – maladies graves, chirurgies lourdes, traitements de long terme comme les dialyses, etc. – que MediSave aurait du mal à couvrir.

Les dépenses ne sont cependant pas couvertes en totalité par MSL, puisqu’il existe une franchise qui varie en fonction du traitement reçu et de l’âge du patient, ainsi qu’une participation obligatoire du patient qui varie selon le coût des soins. En outre, MediShield Life est plafonné à hauteur de 150 000 SGD (environ 105 000 €) par an et par patient.

Les Singapouriens peuvent, par ailleurs, souscrire à une assurance-santé complémentaire privée pour disposer d’une meilleure couverture. En 2020, 69 % des Singapouriens le faisaient. Ils ont la liberté d’utiliser leur compte MediSave pour la payer.

Un filet de sécurité public

Le troisième pilier du financement des soins de santé à Singapour est MediFund. Il garantit que les personnes dans le besoin, qui ne peuvent pas couvrir leurs dépenses de santé avec les deux autres piliers, auront tout de même accès aux soins.

Les prestataires de santé (hôpitaux, cliniques, centres de réadaptation, maisons de repos, etc.) couverts par MediFund ont un comité d’experts qui examine, approuve ou rejette les demandes, et décide de l’octroi d’une aide et de son montant en fonction de la situation financière, médicale et sociale de l’individu et de sa famille, et du coût des soins.

Par ailleurs, le gouvernement de Singapour subventionne largement les soins quand les patients choisissent l’option la moins coûteuse. Par exemple, quand un patient choisit d’être hospitalisé dans une chambre de huit lits, le Gouvernement subventionne le coût de l’hospitalisation jusqu’à 80 %. En revanche, les hospitalisations dans des chambres individuelles ne sont pas subventionnées. Le patient aura alors intérêt à avoir une assurance complémentaire.

De même, si le patient choisit la chirurgie ambulatoire, il pourra voir ses soins subventionnés entre 50 % et 80 % (en fonction de son revenu).

Le choix de la responsabilité

Il est évident que le système singapourien a ses spécificités et qu’il serait difficile de le transposer tel quel en France. Toutefois, certains éléments méritent notre attention.

Premièrement, avec MediSave, les individus connaissent à tout instant la somme qui est à leur disposition pour se soigner, et par conséquent, combien ils ont cotisé pour l’obtenir. A l’inverse des Français qui sont bien incapables de dire combien ils cotisent pour la Sécurité sociale.

Deuxièmement, le système singapourien responsabilise les individus. Puisant dans leur épargne santé personnelle, les patients sont attentifs au coût des soins. Ils ne disposent pas d’un puits sans fond pour leurs dépenses de santé, mais d’une somme limitée qu’ils doivent dépenser à bon escient. En faisant jouer la solidarité familiale (mutualisation des comptes MediSave au sein d’une même famille) avant la solidarité nationale, le système encourage les individus à être économes et responsables. Les patients sont contraints de faire des choix, par exemple prendre une chambre d’hôpital moins confortable (celle avec 8 lits !) et utiliser les économies réalisées pour souscrire une assurance-santé complémentaire ou transférer des fonds à ses proches.

Troisièmement, les Singapouriens font une distinction entre les soins de santé « normaux » qui relèvent de leurs dépenses quotidiennes, et les soins de santé « exceptionnels » qui nécessitent la mise en œuvre de la solidarité nationale. Aujourd’hui, en France, la Sécu et les complémentaires santé vous remboursent la totalité de la consultation médicale et des médicaments pour soigner un rhume (ce qui doit représenter 50 € maximum), mais vous laissent un « reste à charge » important quand vous avez besoin d’une prothèse dentaire sur une molaire.

L’IREF milite depuis toujours pour une privatisation de la Sécurité sociale, et surtout pour sa mise en concurrence, et ce afin de rendre le système de santé moins coûteux (les Français y gagneraient en pouvoir d’achat !), plus responsabilisant et plus efficace.

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15 commentaires

Laurent46 13 octobre 2023 - 6:37

Avant que les politiques piochent dans les caisses et nourrissent la misère du monde entier le meilleur régime social du monde envié par tous était celui de la France, mais c’était avant que toute cette racaille gauchiste politique et administrative y mette les pattes. C’était aussi avant qu’il y ait autant de connards sortant de l’ENA dans les rouages publiques. Tout est lié comme pour les migrants le nombre de crétins fainéants qui détruisent la France.

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Philippe 15 octobre 2023 - 10:43

Non ce n’est pas le problème le problème c’est le vice original du système mis en place par Pétain qui consiste à laisser la gestion du système à l’état et à mutualiser les dépenses de façon totalement irresponsable. Par contre cela permet de financer de façon discrète des postes pour des fonctionnaires des politiciens et des syndicalistes marrons et c’est ça le but

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Astérix 21 octobre 2023 - 10:39

@LAURENT46
Bravo ! Je n’envoie plus aucun commentaire à l’IREF depuis des semaines car l’on m’a reproché d’utiliser des termes comme crétin, etc…. vous avez ajouté « connards »… Je quitte donc l’IREF puisque nous ne sommes plus libres de nos propos. La censure est présente comme dans les Pays communistes…! Ce sera donc mon dernier commentaire.

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Nicolas Lecaussin 21 octobre 2023 - 12:10

Si vous assumez les frais d’avocats, je laisserai les commentaires dans lesquels vous utilisez ces mots !
Cordialement
NL

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Jacques René Allemmoz 13 octobre 2023 - 7:29

leur système n’est pas mal en France avant 1970 nous pouvions nous faire soigner pratiquement gratuitement après il a falue prendre une mutuel pour etre soigner corectement maintenant il faudrait 2 mutuel pour etre couvert
A force de faire repentance d’avoir éduqué une partie du monde après saite fait foute à la porte de nombreux pays pour dinombraves raisons ces personnes vienent chez nous sans avoir cotisé se faire soigner sans bourse délié

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Philippe 15 octobre 2023 - 10:41

Non le système était déjà en faillite en 1970 il vivait simplement à crédit c’est toutv

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Dorylée 13 octobre 2023 - 9:23

Mais je suppose que Singapour ne prend pas en charge la santé du continent africain… D’autre part, quand vous avez un enfant atteint d’une maladie orpheline qui  » coûte  » 6500€ mensuel en médicaments quotidiens, plus les nombreuses chirurgies orthopédiques, les soins de réadaptation, les équipements spécifiques, les transports en véhicules adaptés, etc. vous êtes bien content d’avoir la sécurité sociale. Il faudrait juste que la Sécu ne serve qu’aux soins (voir rapport PERRUCHOT sur le financement des syndicats page 51), perçoive TOUS les fonds qu’elle devrait normalement recevoir et ne finance les soins, sauf urgence vitale, QUE DE CEUX QUI Y COTISENT.

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Lombled 13 octobre 2023 - 2:55

En France c’est un bordel organisé.

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GERALD AQUILINA 15 octobre 2023 - 9:14

La schizophrénie française qui veut payer moins d’impôts sans toucher à cette couverture sociale totalement dépassée ainsi que 80 % de notre organisation publique nationale et des territoires.
Des sujets qui ne sont abordés par aucun candidat a une quelconque élection car beaucoup trop clivants.
Il est bon de montrer que notre système est tellement irresponsable et dispendieux qu’il n’est même pas repris dans les classements internationaux.

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yuropp 14 octobre 2023 - 10:16

Pour que ce soit digne d’intérêt pour la France, il y manque un mécanisme permettant aux syndicats de « piquer dans la caisse ». Au vu et au su de tous, mais impunément.
C’est la moindre des choses, il me semble…

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Dorylée 15 octobre 2023 - 9:48

Cherchez sur Internet le texte du rapport PERRUCHOT sur le financement des syndicats , vous arez la solution…

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PÉRIN 14 octobre 2023 - 3:07

Ayant eu une maladie méritant de nombreux frais: chimiothérapie, piqûres pour faire remonter mon taux de globules pour être moins hymmunodeprimée, (piqûres valant il y a 4 ans 1/2 287 euros l’une à raison de 6 toutes les 3 semaines ,) radiothérapie, piqûre d’anti-corps etc…j’ai été contente que tout soit pris en charge à 100 %, j’aurai été citoyenne des Etats-Unis, j’aura été obligée de faire un gros prêt… le système français n’est peut-être le meilleur toutefois il sait être pertinent lorsque l’on est vraiment malade…. Il faudrait toutefois qu’il s’adresse aux personnes de nationalité française, et que ces dernières sachent le coût de chaque soin .

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Nicolas Lecaussin 14 octobre 2023 - 6:41

Vous connaissez beaucoup de personnes qui ne soient pas soignées aux Etats-Unis ? Ce serait bizarre alors que tout le monde se précipite pour y vivre…

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Grinderdo 14 octobre 2023 - 3:36

Oui le système en France mérite quelques réformes très sérieuses et une responsabilisation des personnes qui ne doivent pas pouvoir faire n’importe quoi et le système ne doit plus pouvoir être détourné comme il l’est actuellement.
Le principal problème pour moi est que personne ne sait plus ce que coûte un acte médial puisqu’il ne paye plus directement sauf chez le généraliste mais on sait que c’est remboursé en totalité.
Il y a donc du travail sur la planche.
Ceci étant dit, ce qu’on voit du meilleur système du monde tel que décrit dans votre article, on se demande comment il peut être le meilleur (quels sont les critères de sélection?) car visiblement il y a beaucoup à mettre de sa poche et si la maladie coûte très cher, si j’ai bien compris, les petits revenus ne peuvent plus se soigner. Le meilleur du monde?
Avant d’admirer des systèmes qui seraient les meilleurs, regardons le nôtre de prêt et améliorons le ce qui est largement possible. Une certitude pour moi, un système ou tout est gratuit est mauvais car abusé en permanence. Il faut que chacun soit un minimum responsable de sa santé.

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Philippe 15 octobre 2023 - 9:45

Quand je vois les commentaires qui précèdent je me demande s’il dirait est un site lu uniquement par les socialistes ou vraiment des libéraux ?
Le vice initial de la sécurité sociale est connu depuis bien longtemps créé par Philippe Pétain dans le cadre de la Révolution nationale elle n’a que pour objectif de permettre à la superstructure donc les fonctionnaires et les politiciens de vivre au crochet des autres et pour le reste effectivement elle déresponsabilise totalement les individus donc les résultats calamiteux ne se sont pas fait attendre. Le premier plan de redressement de la Sécu date de 1954 et comme les indépendants ne voulaient plus cotiser à ce puissant fond l’URSSAF a été créé au début des années 60 pour utiliser la contrainte pour recouvrer les cotisations

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