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Les prêts garantis par l’État : cinq ans après la crise sanitaire, les défaillances d’entreprises et les risques de défauts se multiplient …

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La dette, le déficit et l’augmentation des dépenses de l’État rendent un potentiel défaut de paiement des prêts garantis par l’État très inquiétant.

Cinq ans après la mise en place des prêts garantis par l’État (PGE) pour soutenir les entreprises face à la crise sanitaire, la situation économique française est toujours aussi morose. Le dispositif des PGE, bien qu’ayant permis d’éviter un effondrement économique immédiat, a conduit à une augmentation significative de l’endettement des entreprises. Cette situation a engendré une fragilité accrue, notamment pour les entreprises les plus vulnérables, confrontées aujourd’hui à des difficultés de remboursement.

Les récentes annonces de plans sociaux, comme celles d’Auchan et de Michelin (sans parler du dossier Atos et notamment de sa filiale stratégique Bull), illustrent la faible capacité de l’économie française à créer de la valeur et enterrent cruellement les espoirs de réindustrialisation claironnés à longueur d’année par les hommes politiques qui se succèdent désormais à un rythme effréné à Matignon.

Une béquille publique préjudiciable au bon fonctionnement du cours naturel du marché

Les défaillances d’entreprises ont augmenté de 34,4 % entre décembre 2022 et décembre 2023, atteignant un niveau comparable à celui de 2016-2017. Entre juillet 2023 et juillet 2024, la situation est toujours aussi anxiogène avec 63 000 faillites d’entreprises, soit 25 % de plus que sur les douze mois précédents.

Cette hausse concerne particulièrement les très petites entreprises (TPE) et les PME, avec des augmentations respectives de 89,1 % et 102,4 % par rapport à 2019, alors même que 40 % d’entre elles doivent encore rembourser les PGE qu’elles ont contractés.

Les PGE, dont l’encours total a atteint 150 Mds€, ont majoritairement été contractés par des TPE/PME (38 et 40 % d’entre elles) à partir d’avril 2020. Pensés pour soutenir les entreprises à l’heure de la crise sanitaire, leur déploiement s’est poursuivi après le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’énergie avec les « PGE résilience » et ce, jusqu’à la fin décembre 2023.

Comme le montre l’INSEE, la mise en œuvre des PGE et des autres dispositifs d’aides publiques a artificiellement fait diminuer le nombre des faillites mensuelles, faillites qui sont mécaniquement remontées après l’extinction de la perfusion publique. En avril 2020, elles se sont, en effet, effondrées à 1387, contre 4257 en septembre 2019, avant de remonter dans un tunnel compris entre 2000 et 2700 entre juin 2020 et décembre 2021, puis de repasser au-dessus de la barre des 4000 à partir de janvier 2023 et même des 5000 à partir d’octobre 2023.

Un risque de défaut à l’heure de la raréfaction des ressources publiques

Selon le Conseil d’analyse économique, le risque de défaut concernant le remboursement des PGE touche 7,5 % des entreprises bénéficiaires à l’heure actuelle mais, à la faveur d’une conjoncture délétère marquée par la récession en Allemagne, le ralentissement de la croissance chinoise et le protectionnisme mis en œuvre par l’administration Trump, ce chiffre pourrait monter à 25 % si les capacités d’autofinancement des entreprises concernées descendaient en dessous de 3 % de leur chiffre d’affaires.

C’est l’état des 19 % d’entreprises qui ont remboursé moins de la moitié de leurs emprunts qui focalise, pour être tout à fait précis, la majeure partie des inquiétudes, leur encours net bancaire étant « quasiment nul », ce qui, de l’avis du CAE, « signifie que, en moyenne, ces entreprises devraient se priver de toutes leurs liquidités si elles devaient rembourser toutes leurs dettes dès demain ».

La situation est encore pire pour les 17 % d’entreprises qui ont souscrit un « PGE covid » puis un PGE résilience puisque au moins la moitié d’entre elles n’ont plus de trésorerie en réserve et pourraient ne pas être en mesure de rembourser si leur situation ne s’améliore pas.

Sans surprise, certains secteurs, qui avaient largement bénéficié des largesses publiques, traînent la patte plus que les autres comme les métiers du spectacle, l’immobilier, l’hébergement-restauration ou les services administratifs. Selon le Sénat, les prévisions de pertes nettes pour l’État du fait de l’engagement de sa garantie devraient atteindre 3,6 Mds€ à horizon 2030.

Contrairement à ce que l’état des finances publiques depuis quarante ans dans l’Hexagone laissait présager, la crise sanitaire a donné lieu à une débauche de distribution d’argent public, ce qui a contribué à fausser les mécanismes du marché. Le stock de dette, pendant ce temps, n’a cessé de croître, rapprochant un peu plus l’Hexagone, sinon du défaut, au moins d’un plan d’ajustement structurel opéré dans la douleur.

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