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Les Français sont de moins en moins heureux

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Le rapport sur le bonheur dans le monde (World Happiness Report), publié chaque année par l’ONU, a été dévoilé le 20 mars 2024. La France y occupe la 27ème place, talonnée par l’Arabie saoudite. Elle a chuté de 6 places par rapport à 2023. Pourquoi une telle dégringolade alors que l’État fait tout pour « mieux protéger les Français » (dixit Emmanuel Macron le 15 décembre 2023) ?

Généralement, nous n’accordons pas beaucoup de crédit aux classements qui prétendent mesurer le bonheur, notion subjective s’il en est. Nous préférons les classements qui s’appuient sur des données tangibles, tels le « Doing Business » de la Banque mondiale ou le « Human Freedom Index » du Cato Institute.

La France juste devant l’Arabie saoudite

Cela dit, il peut être intéressant de regarder l’évolution du classement français au long des années. En 2013, première année du World Happiness Report (WHR), notre pays occupait le 25ème rang. Puis, il a chuté entre 2015 et 2016 aux 29ème, 31ème et 32ème places. Entre 2018 et 2023, il a remonté, occupant des places comprises entre les 20ème et 24ème positions. Cette année, il retombe au 27ème rang. C’est la 4ème plus mauvaise place depuis 11 ans.

Source : WHR

Cette dégringolade nous place juste devant l’Arabie saoudite, un pays où le dirigeant de fait, Mohammed ben Salmane, élimine ses rivaux prétendants au trône, et fait assassiner l’opposant Khashoggi, trop critique à son goût. Un pays où la liberté d’expression et d’association n’est pas assurée, où les femmes sont encore sous la tutelle des hommes, où l’adultère peut conduire à la peine de mort, où des châtiments corporels (lapidation amputation, flagellation) sont prononcés par les tribunaux, etc. Bref, une place pas très glorieuse.

On se consolera en remarquant que l’Espagne (36ème) et l’Italie (41ème) sont derrière nous. C’est aussi le cas du Portugal (55ème) et de la Grèce (64ème). L’Europe du Sud est à la traîne tandis que celle du Nord s’empare des premières places avec la Finlande (1ère), le Danemark (2ème), l’Islande (3ème), la Suède (4ème), les Pays-Bas (6ème) et la Norvège (7ème).

Classement World Happiness Report 2024

En 2013, les pays du nord de l’Europe étaient déjà devant les autres – Danemark (1er), Norvège (2ème), Pays-Bas (4ème), Suède (5ème), Finlande (7ème), Islande (9ème) – et les pays du sud derrière – Espagne (38ème), Italie (45ème), Grèce (70ème), Portugal (85ème). Mais ces derniers ont tous progressé dans le classement. La France, elle, a régressé en passant de la 25ème à la 27ème place. En 2013, nous étions devant l’Allemagne. En 2024, nous sommes derrière.

Comment expliquer cette chute de six places ? Quels évènements sont venus assombrir à ce point le ciel français ? A vrai dire, nous ne voyons pas bien ce qui aurait pu, entre 2023 et 2024, réduire à ce point le moral de nos compatriotes.

La jeunesse française est très pessimiste

Une des explications serait que la France est plombée par sa jeunesse. Cette année, le WHR évalue le bonheur selon l’âge. Et les Français de moins de 30 ans ne sont pas heureux. Ils se classent en 48ème position. Quasiment tous les pays de l’Union européenne sont devant  nous dans cette tranche d’âge, seuls Chypre, la Grèce, l’Espagne et Malte sont moins bien classés.

Les jeunes Français seraient-ils finalement conscients que le remboursement de la dette publique va leur échoir, que l’école et l’université ne les préparent pas à affronter l’avenir (voir les classements Pisa), que le chômage les guette (17,4% en novembre 2023 contre 5,6% en Allemagne chez les moins de 25 ans), que la « smicardisation » est une perspective (entre 2021 et 2023, le nombre de personnes rémunérées au salaire minimum a augmenté de 50%), que leur pension de retraite risque de n’être qu’une peau de chagrin ?

Se rendraient-ils compte que l’État providence ne fait pas le bonheur ? Avec l’équivalent de 32% de notre PIB consacré à la protection sociale (contre 27% en moyenne dans l’UE), ils sont moins heureux que les jeunes Suisses (classés 13ème dans le WHP) qui vivent dans un pays où les dépenses sociales ne représentent que 17% du PIB.

S’apercevraient-ils que travailler moins que les autres – 3 semaines de moins par année que les Allemands, 9 semaines de moins que les Roumains – n’est pas la solution pour vivre bien ?

Seraient-ils en train de comprendre que la hausse continue des prélèvements obligatoires ne résout rien ?

Ce serait une bonne nouvelle. Mais alors que la jeunesse se réveille. Qu’elle aille voter aux élections (70% des jeunes n’ont pas voté aux législatives de 2022), et non pas pour la Nupes ou le RN (66% des suffrages des 18-24 ans), mais pour des candidats qui promeuvent la liberté d’entreprendre, la baisse des dépenses publiques et des impôts, et la fin de l’État-nounou.

Qu’ils prennent leur destin en main en créant leur entreprise ou en s’impliquant dans leur travail plutôt que d’exiger un droit à la paresse et au télétravail.

Qu’ils manifestent non pas pour la retraite à 60 ans ou le revenu universel, mais pour la remise à plat du code du travail, l’ouverture à la concurrence de l’assurance chômage, la mise en place de chèques-éducation et le salaire complet.

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2 commentaires

Roven 4 avril 2024 - 7:51

Il y a un élément positif dans le pessimisme des français : une plus large prise de conscience du fait que, loin de « protéger les français », le gouvernement sape de façon irresponsable les fondamentaux du pays et que cela va bientôt avoir des conséquences.
Cette lucidité était jusqu’alors limitée aux quelques personnes qui suivent de près l’inaction bavarde et la folie dépensière de la technocratie qui protège avant tout son pouvoir et ses privilèges de caste.

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louis 4 avril 2024 - 8:25

vous demandez a des zombies conditionnés de la société du spectacle de réfléchir ? alors que le systeme fait tout pour les infantilisés

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