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La France est-elle vraiment la championne mondiale du tourisme ?

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Chaque année, nous avons droit à la même rengaine : « La France est la championne mondiale du tourisme ». Mais les satisfecit que s’adresse Atout France sont-ils mérités ? En creusant un peu, nous nous apercevons bien vite qu’ils sont exagérés.

Il y a un mois, Atout France, l’agence française de développement touristique, qui se définit comme un « activateur de tourismes » (sic), publiait son « Portrait touristique de l’année 2023 ». Une année qui fut « exceptionnelle pour le tourisme français ». Une de plus, chaque année étant toujours meilleure que la précédente.

Presque 100 millions de touristes

Le « Portrait touristique », document de 40 pages, nous apprend que l’année 2023 a été « marquée par une résilience remarquable et une reprise soutenue, en dépit des défis économiques et géopolitiques ». Au cours des « douze mois exceptionnels » (re-sic) de 2023, la « destination France » a enregistré 98 millions d’arrivées internationales (+8% par rapport à 2019, année pré-covid), rapportant 63,5 milliards d’euros (Md€) de recettes (+12% par rapport à 2022). C’est, comme l’indique le document, une « année record ».

La France reste donc le leader européen incontesté, puisque l’Espagne n’enregistre que 85 millions d’arrivées internationales sur son territoire, et l’Italie seulement 57 millions.

Il est également mis en avant le fait que le tourisme « permet de réduire d’un tiers le déficit extérieur de la France ». Plus précisément, Atout France indique que le solde du poste « Voyages » de la balance des paiements a atteint 18,1 Md€, faisant du tourisme l’un des secteurs les plus contributeurs à la balance des paiements.

Enfin, on extraira un dernier chiffre de ce document qui en regorge, celui de la dépense moyenne par touriste international qui est de 730 €.

Bref, comme l’a déclaré Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, au micro de France Info il y a quelques jours, « La France maintient sa première place mondiale en termes de destination touristique », ajoutant que « Le tourisme c’est 7% de l’emploi total en France, jusqu’à 15% en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 7,5% du PIB ».

Pourtant, quand on regarde les chiffres d’un peu plus près, on s’enthousiasme moins facilement que la ministre.

Une « année record » qui cache bien des faiblesses

On l’aura noté, Atout France parle de 98 millions d’arrivées internationales et non de touristes. C’est une subtilité langagière qui, en réalité, veut cacher le fait que de nombreux visiteurs ne font que traverser notre pays pour se rendre dans un autre. La France est d’abord un pays de passage.

Une étude de l’Insee parue en 2008, intitulée « Le tourisme en France », révélait, en effet, qu’en 2007, seuls 68 millions de touristes, sur les 82 millions d’arrivées internationales, avaient pour destination la France, soit 81,7%. Par conséquent, si l’on applique le même ratio aux arrivées de 2023, on peut estimer le nombre de vrais touristes à 80 millions.

Le rapport d’Atout France reconnaît d’ailleurs ce phénomène. Si, comme nous l’avons dit, il place la France devant l’Espagne (85 millions d’arrivées internationales), il précise qu’en termes de recettes, le classement est inversé. L’Espagne se retrouve sur la première marche du podium avec 84,9 Md€ et la France sur la deuxième (63,5 Md€).

Par conséquent, les touristes internationaux dépensent 21,4 Md€ de plus en Espagne qu’en France. Un tiers de plus, c’est considérable ! En cause, « des durées de séjour en moyenne plus longues (avec très peu de flux de transit) », comme l’indique le document d’Atout France. Et les auteurs du rapport de reconnaître que « l’Espagne tire désormais pleinement profit du rebond du tourisme international et de la reprise de croissance du trafic aérien low-cost ».

L’étude de l’Insee déjà citée mentionnait qu’en 2007, 17% des touristes arrivés sur notre sol n’y restaient qu’une nuit. La moitié seulement séjournerait chez nous au moins trois nuits.

Quant aux dépenses par touriste, estimées, nous l’avons dit, à 730 € en 2023, elles laissent perplexe. En effet, si l’on divise les recettes (63,5 Md€) par 730 €, on trouve 87 millions de touristes et non pas les 98 millions officiels. Comprenne qui pourra ! Quoi qu’il en soit, nous sommes loin des sommes dépensées dans les autres pays. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO), en 2019, nous n’étions qu’à la 33ème place mondiale, l’Australie, les Etats-Unis, Macao, la Thaïlande et l’Inde occupant les cinq premiers rangs.

Un potentiel mal exploité

Bref, les chiffres du tourisme en France sont gonflés, histoire sans doute de montrer que nous sommes les meilleurs. Mais maquiller la réalité n’aide pas vraiment à prendre les bonnes décisions.

Ainsi, si l’enjeu est de retenir davantage chez nous ceux qui ne font que passer, il pourrait être judicieux de multiplier l’offre d’hébergement. D’ailleurs, le rapport d’Atout France indique que « le locatif CtoC (consumer to consumer, ndlr) a enregistré une forte croissance depuis 2019 et spécialement en 2023. L’offre croît rapidement en réponse à une demande vigoureuse. Ce type d’hébergement répond aux nouvelles exigences des touristes, il se développe en particulier dans des zones en milieu rural, moins fournies en hébergements classiques ». Par « locatif CtoC », il faut bien sûr comprendre les hébergements dits Airbnb. Pourtant, le Gouvernement, avec l’aide des parlementaires de tous bords, s’efforce d’en restreindre le développement. Le contraire de ce qu’il conviendrait de faire si l’on voulait vraiment augmenter le nombre de nuitées touristiques.

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4 commentaires

[Insert here] delenda est 31 mai 2024 - 6:58

Vous avez laissé pour le lecteur de faire le rapport aussi entre le rôle cité de l’avion low-cost en Espagne et la politique anti-avion qui semble faire l’unanimité dans ce pays.

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Photini 31 mai 2024 - 7:40

Tu parles d’une nouvelle! C’est une évidence. Ce n’est pas une découverte c’est au moins vieux de 30 ans, voire plus. Un grand nombre de touristes des pays du nord, traversant la France, vont en Espagne, au Portugal ou au Maroc. Ca fait beaucoup de monde. Les gens du nord de l’Europe, très économes, n’achètent rien en France. Ils ont tout dans leur voiture, même leur pain et leur confiture. Ces touristes, ne s’arrêtent en France que pour faire de l’essence, se reposer, vider leur vessie et remplir leurs bouteilles d’eau vides. Le constat était très facile à faire. Avec moins de touristes, d’environ 20 millions (il y a déjà 30 ans), les recettes touristiques en Espagne étaient très largement supérieures aux recettes touristiques en France. La démonstration était faite. Mais, en France, on aime s’envoyer des satisfécits ou, comme dit notre président qui semble être un latiniste distingué, un satisfekkkkit! Il faut arrêter de croire que nous sommes un « pays pas comme les autres », le centre du monde, que tout le monde nous aime et nous admire. Si c’est vrai, tant mieux mais acceptons-le avec modestie sans en faire un sujet d’orgueil. Mais d’après mon expérience personnelle, je crois que le monde nous admire de moins en moins. Comment aimer un pays qui se déteste? Commençons par admirer notre pays, notre histoire, nous-mêmes sans nous raconter des bobards. Les mensonges ne font pas avancer un pays. 100 millions, c’est sans doute vrai, il n’y a aucune raison d’en douter, mais un grand nombre d’utilisateurs qu’on ne peut pas considérer comme des touristes consommateurs.

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GALINIER 31 mai 2024 - 1:09

Est-ce que les migrants arrivant de toutes parts sont-ils d’abord considérés comme touristes avant d’avoir leurs papiers régularisés? J’espère que non car ces touristes nous coûtent plus cher que ce qu’ils rapportent!!!

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AlainD 2 juin 2024 - 4:42

En lisant ce texte, je viens de découvrir l’existence d’Atout France ! Encore un de ces machins dont la France é le secret. Celui-là est il vraiment nécessaire ou bien ne sert il qu’à caser quelques « méritants » ?
Je serais curieux de connaître le coût de toutes ces structures du genre Haut commissariat de truc, Haute autorité de bidule, etc… La France crève de ses structures administratives dont le nombre ne cesse d’augmenter avec à la clé toujours plus de fonctionnaires ou assimilés pendant que Le Maire cherche à faire des économies avec par exemple la désindexation des pensions de retraites qui serait un coup bas de plus pour les retraités…

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