Le projet d’acquisition d’iRobot par Amazon, pour 1,7 milliard de dollars, semblait prometteur. Le rachat de l’entreprise américaine spécialisée dans la vente d’aspirateurs avait été autorisé en 2023 par la Competition and Markets Authority (CMA), le régulateur britannique en charge de la concurrence. Mais la Commission européenne, plus hostile au secteur privé et à l’économie de marché que son homologue anglo-saxon, a décidé de lancer une enquête en juillet dernier. Elle redoute principalement qu’une telle acquisition puisse avoir pour effet de renforcer la position d’Amazon sur le marché en ligne, et qu’Amazon favorise iRobot une fois l’acquisition opérée. Ces délais supplémentaires ont entraîné des pertes financières pour iRobot, et l’entreprise n’a eu d’autre choix que d’annuler le projet et de licencier 350 personnes, près d’un tiers de ses employés.
La situation est bien résumée par Morten Skroejer, membre de la Software & Information Industry Association (SIIA) : « Nous sommes profondément préoccupés par la manière dont la Commission applique ses principes de concurrence, dont les implications vont bien au-delà du contexte de ce cas particulier. En l’occurrence, Amazon ne possède pas de marque concurrente d’aspirateurs robots. Le but de l’opération était plutôt de fournir à iRobot une injection de capital indispensable pour lui permettre de mieux rivaliser avec ses concurrents les plus proches (…). » Le blocage de la Commission européenne illustre, par ailleurs, le fossé qui existe entre les régulateurs européens et anglo-saxons. Ces derniers sont culturellement proches des entreprises et travaillent de concert avec elles. A l’inverse, la Commission adopte une attitude interventionniste qui entrave le développement des entreprises et nuit à la compétitivité de l’Europe sur la scène mondiale. Ironie de l’histoire : en mettant des bâtons dans les roues au géant américain, elle permet aux acteurs chinois d’avoir de plus grandes parts du marché (Ecovacs Robotics, Dreame Technology, Roborock).
Entre des objectifs climatiques lunaires, la mise en danger de l’agriculture européenne, la taxation des multinationales, les barrières à l’expansion du secteur agricole dans les pays en voie de développement, la Commission européenne risque de tuer toute compétitivité au nom de principes idéologiques erronés. La posture de déni dans laquelle elle s’enferme masque les lourds handicaps qu’elle créée. Le baromètre mondial des investissements industriels, publié en décembre dernier, souligne le retard de l’UE : elle ne représente que 10 % de ces investissements, soit une baisse de 2 % par rapport à la période 2016-2023, alors que l’Asie et l’Amérique en concentrent plus de 80 % (54 % en Asie, et 28 % en Amérique dont 80 % aux États-Unis).
En 1988, Margaret Thatcher, ancien Premier ministre britannique, donnait déjà l’alerte sur les dérives bureaucratiques et centralisatrices du système communautaire. Elle redoutait que le projet d’un espace de liberté économique ne mue progressivement en processus d’unification des nations sous la forme d’un supra-État, au détriment de leur souveraineté, de leurs particularismes nationaux, voire des principes démocratiques de base. Son scepticisme s’est avéré fondé : la Constitution européenne a beau avoir été rejetée en 2005 par les Français et les Néerlandais, elle a tout de même été imposée subrepticement à l’ensemble des États membres de l’UE par le traité de Lisbonne en 2007. C’est bien cet entêtement qui a provoqué la sortie du Royaume-Uni en 2016. Avec ses réglementations tout aussi absurdes qu’autoritaires et ses pseudo-enquêtes antitrust, la technocratie européenne alimente les sentiments nationalistes et « populistes » sur lesquels surfent les politiciens les plus aguerris.
Le blocage du rachat d’iRobot entraînera un coût supplémentaire pour les consommateurs européens, qui ne pourront bénéficier d’une offre bon marché en plus grande quantité. Il fait ressortir ce paradoxe, que la concurrence doit à la fois être et ne pas être ; ou, dit autrement, que l’on doit laisser du champ à la concurrence, tout en faisant tout pour brimer la compétitivité : une politique de gribouille. Il renforce surtout la conviction de beaucoup, que l’UE est trop sclérosée par ses obsessions de contrôle et de régulation pour être réformable de l’intérieur.
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l’Europe est vraiment sous forte influence du gauchisme ! Par devant, leurs dirigeants veulent se présenter comme des libéraux ; en fait ce sont de véritables collectivistes et étatistes ! Il faudrait absolument le faire savoir à tous les européens afin que ceux-ci prennent la bonne décision le 9 juin prochain !