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Feux de forêts dévastateurs : l’écologisme coupable ?

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En cette mi-juillet, la France connaît un fort épisode de chaleur. Qui dit forte chaleur en été, dit risque élevé d’incendie, notamment en forêt. La Gironde est le département qui souffre le plus. Entre le mardi 12 et le lundi 18 juillet 2022, quelque 15 000 hectares de forêt sont partis en fumée. Le 16 juillet, 1200 sapeurs-pompiers étaient mobilisés, ainsi que cinq avions bombardiers d’eau. De nombreux bulldozers effectuent par ailleurs des coupes rases pour créer des pare-feux, afin de ralentir et bloquer les flammes. Les Bouches-du-Rhône sont également frappées. Si le coupable idéal semble être le réchauffement climatique, l’intensité de ces incendies pourrait aussi, en réalité, être due pour une part non négligeable à l’activisme écologiste.

Quand des élus écologistes ont bloqué des aménagements pour prévenir les feux de forêts en Gironde

Les incendies les plus terribles dévastent (à l’heure où j’écris ces lignes) la Gironde, plus précisément à Landiras dans le sud du département, et à La Teste-de-Buch près du bassin d’Arcachon. Malgré une forte mobilisation des pompiers et leur combat sans relâche, ils continuent de progresser. L’un des feux aurait été provoqué par l’inflammation d’un véhicule utilitaire à moteur thermique (et non pas électrique comme a pu le dire Elisabeth Borne). L’autre serait d’origine criminelle. Ces deux incendies sont gigantesques et semblent particulièrement difficiles à maîtriser, pour des raisons bien expliquées dans les medias – très forte chaleur, extrême sécheresse, terrain difficile, vent fort et changeant, feu qui « roule » au sommet des pins. Mais il en est cependant sur lesquelles ils n’insistent pas trop.

En effet, l’année dernière, un plan de gestion de la forêt usagère de la Teste de Buch a été suspendu par le gouvernement, probablement sous la pression du militantisme écologiste local mené notamment par la sénatrice EELV de Gironde, Monique de Marco, car elle s’est vantée de cet exploit sur Twitter. Ce plan visait notamment à mieux entretenir la forêt. D’autres discussions ont eu lieu concernant l’installation d’aménagements anti-incendie, comme des zones « tampon » afin de limiter la propagation des flammes sur des kilomètres. Un rapport publié en janvier 2022 donnait l’alerte sur le fait « que les blocages actuels risquent de conduire à une évolution naturelle qui se traduira par une disparition de ce patrimoine » et que « des impératifs de protection civile s’imposent aux gestionnaires » (p.27). Rien ne fut entrepris…

Aujourd’hui, cette forêt est en feu. Les mêmes qui expliquent que les bois ne doivent pas être gérés, que la nature se régule elle-même, etc. pleurent aujourd’hui sur les milliers d’hectares brûlés. Mais ce n’est pas le changement climatique qui a commandé de laisser proliférer les herbes folles, les ronces, les brindilles et branches de bois mort qui nourrissent un brasier.

L’année dernière aussi, le journal Var Matin a mené son enquête après un incendie dans le massif des Maures qui a brûlé 7 000 ha de forêt et occasionné la mort de deux personnes pendant l’été 2021. La gestion du département du Var en serait la principale responsable. Le débroussaillage est ultra-limité voire interdit, le pastoralisme hivernal quasi inexistant, les pare-feux et pistes DFCI[1] « ne sont plus une priorité » selon l’article du quotidien régional. Comme en Californie, les réglementations et politiques écologistes sont les alliées très efficaces des feux de forêt.

La fin de l’utilisation du glyphosate responsable du départ de feu à Tarascon ?

Jeudi 14 juillet et vendredi 15 juillet, un feu a détruit 1 000 hectares entre Avignon et Tarascon. Il s’est déclenché en bordure de la voie ferrée reliant Tarascon à Graveson. C’est le freinage d’un train de marchandises qui aurait provoqué des étincelles, enflammant les herbes sèches  le long de la voie. Une enquête a été ouverte pour incendie involontaire. Le maire de Barbentane, Jean-Christophe Daudet, se dit très en colère et pense porter plainte contre la SNCF : « Je suis très, très amer. On craignait que ça arrive. » L’enquête dira si le système de freinage est en cause, mais les projections d’étincelles n’étant pas rarissimes, on peut d’ores et déjà s’interroger sur la manière dont la SNCF entretient les abords des voies. Elle a décidé cette année de se passer du glyphosate, qui n’est toujours pas interdit en France, dont les prétendus effets dangereux sur la santé et l’environnement n’ont toujours pas été prouvés, mais contre lequel les lobbies écologistes continuent à s’acharner. Elle a choisi un produit alternatif composé à plus de 95% d’acide pélargonique, d’origine végétale. Plus cher, mais aussi et surtout moins efficace. Résultat, les mauvaises herbes prolifèrent le long des chemins de fer, plus encore qu’auparavant. Et il suffit d’une étincelle pour embraser toute une région…

Une forêt française plus vaste qu’au XVIIIème siècle

La forte chaleur favorise évidemment la propagation des feux de forêts. Pour autant, elle n’est pas seule responsable. La grosse majorité (80%) des départs de feu est d’origine humaine, comme le rappelait la Première ministre. Souvent, des automobilistes qui jettent un mégot par la fenêtre. En outre, les risques augmentent avec l’extension de la surface forestière sur le territoire national : elle a quasi doublé en 200 ans. Les écologistes prétendent que nous déboisons en masse, mais les chiffres de l’Institut national de l’information géographique et forestière les contredisent : environ 9 millions d’hectares en 1830, et 16,9 millions en 2018. C’est 31 % du territoire. Adapter les forêts françaises à la probable augmentation du risque d’incendie est une nécessité.

NB. Selon certaines sources, il paraît que non seulement les élus écologistes ont contesté le Plan d’aménagement de la forêt, mais aussi ceux affiliés LREM et LR.   Après avoir affirmé à la radio (le 14 juillet) que les écolos étaient seuls coupables, le maire de La Teste  serait, lui aussi, tombé dans ce piège du discours politique écologiquement correct.

[1] Voies de défense des forêts contre l’incendie, qui permettent la circulation des véhicules et du personnel chargés de la prévention et de la lutte contre les incendies de forêt

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11 commentaires

Christian 20 juillet 2022 - 6:23

Il y a 20 ans, tous les habitants débroussaillaient leur parcelle, brûlaient le bois mort en janvier. Aujourd’hui, il est interdit de brûler. Alors les bois morts s’accumulent au fond des parcelles, faute de pouvoir transporter à la déchetterie des volumes considérables. Un diktat irréaliste imposé par les écologistes. Depuis la hauteur des trains ou depuis les routes, regarder ces amas de combustible sur les terrains.
Faut-il attendre que toute la Provence brûle pour que l’on revienne à une pratique saine ?

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Daniel 1945 20 juillet 2022 - 8:29

Pas que la Provence, la Bretagne vient d’en faire les frais de cette interdiction de brûler les déchets si bien que presque plus personne ne fait d’entretien.

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Almaviva 20 juillet 2022 - 6:51

ces écolos sont vraiment des empêcheurs de tourner en rond ! Au lieu de les « bénir » comme le font les médias aux ordres, ils faudraient plutôt le bannir une bonne fois pour toute ! Qui osera ?

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Levy 20 juillet 2022 - 7:30

Votre article est très intéressant à plusieurs points de vue mais malheureusement sur la gestion des forêts, on s’aperçoit très vite en vous lisant que vous n’y connaissez rien et que vous dites blanc ou noir au lieu d’apporter les nuances nécessaires et l’information essentielle sur la gestion des forêts qui ne sont pas toutes les mêmes, une forêt de pins n’a rien à voir avec une forêt de chênes et de hêtres par exemple et elles ne se gèrent pas de la même façon. Beaucoup de forêts sont exploités abusivement pas l’ONF d’autres ne sont pas entretenues correctement…. Or vous n’indiquez pas que les écologistes n’ont aucune incidence sur ces failles pourtant bien réelles.

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Aymeric Belaud 20 juillet 2022 - 8:39

Bonjour,

L’article se concentre sur les deux incendies et sur les causes/conséquences du militantisme écologiste dans ces lieux. Ce papier est basé sur des faits établis.

Ce n’est pas un article sur la gestion de toutes les forêts françaises.
Cela pourrait en effet faire l’objet d’un autre article.

Bien cordialement

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Richard 20 juillet 2022 - 9:17

J’habite en Provence, je connais et redoute les feux de forêt.
Qui s’occupe de la forêt française ? L’ONF et ses 10 000 fonctionnaires, ceux des bureaux étant particulièrement désagréables, arrogants et imbus d’eux-mêmes. Je les connais.
Pourtant, l’ONF est en faillite !
Les effectifs de l’ONF devraient être divisés par 20 et la forêt française publique (et incitations pour le privé) découpée en concessions à exploiter et rentabiliser par les entreprises privées :
bûcheronnage, ameublement, pâte à papier, etc.
Il y a légion d’entreprises qui recherchent ces chantiers, seule l’ONF les bloque par ses règlements imbéciles, ses normes absurdes et surtout sa paperasserie paralysante.
La forêt serait ainsi « aérée » par son entretien et peu propice à des feux ou au moins à des feux intenses.
Tout le monde y gagnerait. Mais c’est sans doute pourquoi la si arrogante bureaucratie française préfère payer des fonctionnaires incompétents à ne rien faire. Surtout, pas de vagues… Mais des incendies en pagaille !
En conséquence, nos forêts brulent. Nos habitations risquent de brûler. Nous risquons de mourir brûlés.
Merci à Macron et les incapables qui l’ont précédé.

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Obeguyx 20 juillet 2022 - 9:28

Tout est contrôlé par l’Etat. Essayez de vendre un bois (si vous en possédez un). C’est le parcours du soviètisme le plus pur. Vous n’êtes qu’un jouet dans les pattes de la bureaucratie. Vous n’êtes même pas sûr de la valeur de votre bien car les SAFER ont le pouvoir de vous faire rendre gorge. Vous n’êtes propriétaire de « rien » et vous devez être responsable de « tout » (en fait le contraire du bureaucrate (propriétaire de tout et totalement irresponsable). Le manque d’entretien est pour 20 % responsable des départs de feux sur les 95 % d’origine humaines. Donc près des 3/4 des départs de feux sont d’origine criminelle. Bonaparte l’avait compris en son temps et en moins de 2 ans le problème a été réglé. Reportez vous à l’Histoire (qu’il faut par ailleurs déconstruire) et vous trouverez la solution, Messieurs les politiciens à la petite semaine, accompagnés des « merdias » incultes à la botte !!!

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Jean AYMAR-DESCONDS 20 juillet 2022 - 3:35

Le problème de fond est la gestion de la forêt française, que l’État croit maîtriser avec une kyrielle de règlements centrés sur le code forestier (mais pas que…), alors qu’il a perdu la main depuis longtemps. Face à une évolution inéluctable vers un climat plus sec et plus chaud, il serait temps que tous (État, ONF, CRPF, communes propriétaires de forêts, assemblée nationale…) se mettent à réfléchir en commun à l’avenir de la forêt française. La solution passe certainement par d’autres essences mieux adaptées, d’autres modèles de gestion (la futaie irrégulière semble tirer son épingle du jeu), d’autres règles de sécurité… d’autres circuits économiques et d’autres modèles financiers.
Dans le cas des Landes, il semble bien que ces incendies géants soit dus à trois facteurs principaux: la monoculture à rotation rapide, le manque d’entretien (quelles qu’en soient les causes), et l’insuffisance des mesures de protection, dont le mauvais dimensionnement des coupe-feus n’est qu’un des aspects. Mais peut-on encore parler de « forêt » dans ce cas?
Les médias en font une tonne sur le courage de nos valeureux pompiers, une petite brouette sur le manque de moyens, mais ne s’aventurent pas du tout sur les causes réelles. Dommage, pour une fois qu’une catastrophe pouvait déclencher une réflexion de fond.

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Serge CIBOXER 20 juillet 2022 - 3:52

OUF ! Enfin 1 commentaire (OBEGUYX) qui pose le problème à l’endroit, à savoir LES CAUSES des incendies, qui sont (source préfecture du Var) à 90% d’origine humaine et criminelle. L’écologisme, soit-il destructeur, répressif, dogmatique et souvent débile, n’a rien à voir là dedans. Les fortes chaleurs (c’est tout de même courant depuis des millénaires au solstice d’été !!! scuse me Sir !) sèche la végétation, ce qui favorise naturellement sa combution. Rien à voir avec le réchauffement climatique. L’auteur de l’article zappe ainsi 2 fondamentaux majeurs du problème, qu’il aurait été pertinent d’aborder pour enrichir le débat. Peut mieux faire.

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Razoski 21 juillet 2022 - 6:15

Du 18 au 19e siècle, le massif landais était une région dévolue à la forge et l’agropastoralisme, faite de landes communales, de marécages et de forêts biodiversifiées, et peuplé des fameux bergers landais, nomades et solitaires, juchés sur des échasses.
La loi du 19 juin 1857, soutenue par Napoléon III, oblige communes et propriétaires à assainir et ensemencer les Landes avec des pins pour assécher les marécages, développer la sylviculture et répondre aux besoins de l’Empire et du capitalisme industriel.
Peu à peu émerge la plus grande forêt industrielle d’Europe occidentale en même temps que disparaissent les communautés locales traditionnelles et que s’appauvrissent drastiquement les écosystèmes.
Le massif forestier landais n’a rien d’une forêt : son million d’hectares est quasi exclusivement fait de monocultures intensives de pin. L’ONF n’en gère que 10%, le reste est divisé en 40.000 parcelles exploitées par des propriétaires privés qui y développent pour la plupart une sylviculture intensive profitable mais inflammable et mortifère.

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Obeguyx 21 juillet 2022 - 8:40

Allez, je vois la solution à l’horizon : une commission de réflexion va être créée et dans 20 ans aucune solution n’en sera sortie. Relisez l’Histoire ou si vous détestez ça, réécoutez les sketches de Coluche, tout est dedans. Le problème est que ces sketches qui nous ont fait tant rire, aujourd’hui risquent de nous faire pleurer. Le christ avait inventé la multiplication des pains, le socialisme a inventé la multiplication des « C… » et moi je rêve d’inventer la multiplication des coups de pieds aux « Cu… » !!!.

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