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Faut-il interdire les sachets de nicotine aromatisés ?

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Les sachets de nicotine ayant de plus en plus de succès, surtout auprès des jeunes, la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a l’intention d’en interdire la commercialisation. Elle affirme que leur consommation comporte un risque significatif de dépendance chez les adolescents. « Ce sont des produits dangereux car ils contiennent des doses élevées de nicotine », a-t-elle expliqué au Parisien. Des adolescents ont rapporté « des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères, en lien avec la consommation des pouches » qui se sont traduits par « des vomissements, des convulsions, des hypotensions voire des troubles de la conscience » selon la ministre.

L’argument bancal de la protection des plus jeunes

Protéger les plus jeunes est un argument souvent brandi pour justifier de nouvelles interdictions. En pratique, il n’est pas très compliqué de les contourner pour se procurer des cigarettes, classiques ou électroniques, et de l’alcool. Peut-on croire qu’une interdiction supplémentaire, qui touchera aussi les adultes souhaitant se débarrasser de leur dépendance au tabac, ou l’atténuer, sera cette fois plus efficace ?

Une solution proche de la cigarette électronique pour arrêter de fumer

Pour Tory Spindle, pharmacologue à l’université Johns Hopkins, les sachets sont, à bien des égards, moins dangereux que les autres produits : ils n’utilisent pas de tabac et contiennent moins de substances cancérigènes. Bien sûr, le risque zéro n’existe pas. La consommation de sachets de nicotine peut entraîner une dépendance et provoquer des problèmes cardiovasculaires, des lésions des gencives ou des nausées. Le scientifique constate de nombreuses similitudes entre les cigarettes électroniques et les sachets de nicotine, la plus évidente étant que leurs arômes les rendent attrayants pour les jeunes. Ni pour les unes, ni pour les autres non plus, on n’a de certitudes sur leurs effets à long terme. Une chose est incontestable cependant : ces produits sont moins nocifs que les produits du tabac comme la cigarette classique. Reste à s’assurer qu’ils ne créent pas de nouvelles dépendances.

Les sachets de nicotine sont considérés comme un substitut à la cigarette, en particulier pour les fumeurs qui jugent les thérapies de remplacement de la nicotine (TRN) inefficaces. Des analyses toxicologiques suggèrent qu’ils présentent moins de risques pour la santé que le « snus », un produit du tabac qui est formellement interdit dans l’UE, sauf en Suède.

La prévention plutôt que l’interdiction

La France n’est pas la seule à vouloir contrôler l’usage des produits à base de nicotine. Au sein de l’UE, des négociations sont en cours pour réglementer les cigarettes électroniques, notamment celles qui contiennent des arômes. Le Conseil de l’Europe, dans un document publié le 17 juin, préconise de durcir la réglementation afin de réduire les disparités entre États membres et faire en sorte qu’il soit difficile aux plus jeunes de se procurer ces produits. Pour autant, ce qui est valable pour les cigarettes électroniques l’est aussi pour les sachets de nicotine : il est peu probable que ces restrictions empêchent réellement les consommateurs de s’approvisionner.

De manière générale, cela pose une question plus fondamentale : est-ce le rôle de l’État de protéger tout un chacun contre lui-même ? Les politiques paternalistes ont rarement les effets escomptés : pour l’alcool comme pour la cigarette, les réglementations prohibitives et les taxes gouvernementales favorisent le développement du marché noir et l’augmentation de la criminalité. C’est cette crainte qui a incité le gouvernement néo-zélandais, en 2023, à faire marche-arrière sur son projet d’interdiction des cigarettes aux jeunes générations, au moins autant que la crainte d’une réduction des recettes fiscales. Une politique de santé efficace consisterait plutôt à se concentrer sur la prévention, tout en aménageant des solutions de sevrage adaptées à ceux qui veulent arrêter de fumer. Si la prévalence tabagique a été réduite de 68 % en Nouvelle-Zélande, de 53 % au Royaume-Uni et de 49 % en Suède (contre 18 % en France), ce n’est pas uniquement grâce à une approche restrictive sur les produits du tabac (emballage neutre, encadrement de la publicité, etc.) C’est aussi parce que ces pays ont maintenu des politiques propres à détourner les consommateurs de la cigarette. La fiscalité, par exemple, tient compte des risques associés à certains produits : la cigarette électronique est moins taxée que les cigarettes classiques.

L’urgence est ailleurs

Évidemment, dans un système de santé où « tout le monde paie pour tout le monde », les comportements individuels ont un coût. C’est bien tout le problème : pourquoi ne pas remettre à plat un système étatisé qui ne satisfait plus les usagers ? La France fait partie des pays européens dans lesquels les dépenses de santé sont le plus élevées. Pourtant, l’hôpital public, n’a jamais cessé d’être sous la tutelle de l’État, souffre d’un manque de personnel soignant, d’une dette structurelle, d’une bureaucratie étouffante ; les territoires français sont marqués par des déserts médicaux ; la Sécurité sociale, en situation de monopole, est en faillite. Pourquoi ne pas attaquer ces grands chantiers au lieu de faire de la communication sur un sujet, celui des sachets de nicotine, qui relève, avant tout, de la liberté des uns et des autres ?

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