Y a-t-il aujourd’hui, dans les pays occidentaux, une « crise de la culture » menaçant notre culture démocratique et libérale et l’humanisme qui en est le fondement ? C’est ce que donnent à craindre, chez nous, certains signes récurrents dans l’espace médiatique. C’est aussi ce que claironnent les dirigeants de pays non-occidentaux – Russie, Chine, Turquie… – pour qui nos sociétés sont désormais pourries de l’intérieur du fait de leur foi incorrigible en la démocratie et de leur tolérance à l’égard des minorités sexuelles. Cet Occident décadent serait voué à être bientôt supplanté par les nouveaux foyers de brillante civilisation que sont la Russie poutinienne, la Chine néo-communiste ou la Turquie d’Erdogan.
Le fait que ces prétentions prêtent à sourire n’empêche pas qu’elles posent des questions géopolitiques redoutables. Ce qui est en jeu, en effet, ce n’est rien de moins que l’avenir du monde. Étant donné l’existence d’armes de destruction massive toujours plus terrifiantes et les menaces écologiques pesant sur la planète, notre monde ne peut survivre que si, entre ses diverses aires géoculturelles, la volonté de dialogue l’emporte en dernière instance sur les rapports de force. Or un dialogue n’est possible qu’entre des hommes partageant au moins certaines valeurs de base. Ce qui a permis la création de l’ONU aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, c’est que les pays adhérents avaient admis – certes du bout des lèvres, pour certains – la philosophie des droits de l’homme. Or cette philosophie avait été conçue et formulée en premier lieu par les Occidentaux. Si donc, pour des zones entières du monde, la culture occidentale doit devenir un repoussoir, sur quelles bases un dialogue international sincère pourra-t-il se poursuivre ? Et l’Occident lui-même pourra-t-il survivre si sa culture est vraiment et durablement en crise ?
Sur ces questions assurément complexes, je ne peux proposer, dans ce qui suit, que quelques modestes réflexions exploratoires.
1. Des émeutes stupéfiantes
Et d’abord, qu’est-ce qu’une culture ? Une actualité récente, les émeutes ayant explosé fin juin 2023 en France à la suite de la mort d’un jeune délinquant, peut nous éclairer à ce sujet. Ces événements ont eu ceci de particulier qu’ils n’ont pas seulement ému l’opinion, mais l’ont stupéfiée. L’opinion a été émue par les destructions, les incendies, les pillages. Mais elle a été stupéfiée par le fait que cette violence ait visé systématiquement des bâtiments publics et tous genres d’équipements d’intérêt général, des mairies, des préfectures et sous-préfectures, des postes de police et de gendarmerie, des voitures de pompiers et surtout des écoles, des bibliothèques, des médiathèques, tous lieux et institutions représentatifs de la civilisation de notre pays.
Cette violence nous paraît, littéralement, « folle ». Nos cadres mentaux nous permettent de comprendre plus ou moins les violences ordinaires, qu’elles soient privées (petite et grande délinquance, crimes passionnels…) ou sociales (occupations d’usines, blocages de routes…), car, même si nous les condamnons sévèrement, nous pouvons les interpréter comme d’inadmissibles « passages à la limite » de sentiments et de pulsions que, le cas échéant, nous pourrions éprouver nous-mêmes. Quand un voleur vole, nous comprenons ce qu’il veut : s’enrichir, ou survivre sans se plier aux disciplines du travail ; quand des ouvriers occupent une usine, nous comprenons qu’ils veulent sauver leurs emplois, obtenir de meilleurs salaires, et, pour certains, faire la Révolution pour bâtir pour tous un monde meilleur.
On n’a rien vu de tel dans les émeutes de juin dernier. Les émeutiers ont voulu détruire des mairies, alors que ce sont des lieux qui sont à nos yeux parfaitement neutres, au service et à la disposition de tous ; ils ont agressé des pompiers, personnes vouées à apporter des secours à tous, sans discrimination, au péril de leur vie ; ils ont incendié des médiathèques et des bibliothèques, qui conservent le patrimoine qui nous est commun ; des écoles, institutions que nous considérons depuis des siècles comme la clef du progrès et de l’émancipation du genre humain. Il apparaît donc que les auteurs de telles exactions ne se représentent pas le monde comme nous. Ils ne visent aucun but qui puisse être aussi le nôtre. Ils veulent seulement détruire ce que nous sommes. Ce sont des comportements d’ennemis.
8 commentaires
Certainement que OUI. Mais ce n’est pas nouveau depuis la Révolution la laïcité interdit les religions, les a même bien pillé pour adhérer à une seule religion autorisée la Politique gauchiste. C’est le même niveau que celle qui n’était pas prévue mais qui adhère à ce gauchisme puant celle des musulmans
Crise de la culture ? De quelle « culture » parle-t-on ? Des trucs style N.T.M. qualifiés de chansons et autres horreurs nous sont imposées comme « oeuvres d’art soit-disant moderne ». Interdit de trouver cela moche ou vulgaire sauf à être considéré comme rétrograde ou… réactionnaire ! Rien à voir avec l’homophobie, le racisme présents. sur tous les continents
Ne s’agirait-il pas plutôt d’un problème de CIVILISATION ou tout simplement d’éducation dans un pays où tout fut permis après mai 1968 ? Aujourd’hui, on peut faire n’importe quoi au au nom de l’écologie, sous prétexte de protection de la terre. Protéger notre société devient un délit. Depuis plusieurs décennies la tolérance aux « incivilités » qui est la règle devait bien conduire à ce qui se passe aujourd’hui y compris hélas dans nos écoles.
Des écoles où les enseignants ne sont plus « les maîtres » Au fait nos bons vieux Maîtres sont devenus des « professeurs des écoles » sans autorité (démodée). Ils peuvent à tout moment être censurés par les parents, voire les élèves. Le respect des règles ET DES INTERDITS (le vilain mot) s’apprend dès l’enfance, dans la famille… SURTOUT mais aussi à l’école et dans la société de tous les jours.
Il fut une époque où des hordes de Huns, d’Ostrogoth, de Wisigoth ont déferlés sur notre continent.
Hommage à la culture. Bel article. A lire intégralement. La culture est décrite dans son sens le plus large et le plus juste aussi. A relire aussi pour la qualité du style.
Ce qui me paraît le plus important, c’est la capacité d’autocritique. C’est ce qui est incompréhensible pour les autocrates, beaucoup de non-occidentaux et même beaucoup de Français. Probablement parce que les conséquences ne s’en font sentir qu’à long terme.
Et quant à ce que chacun d’entre nous peut faire aujourd’hui, c’est de pousser à l’autonomie ou à la privatisation (ne bloquons pas le débat par des questions idéologiques qui peuvent écarter des enseignants de bonne volonté) de tous les niveaux d’enseignement. Philippe Nemo donne dans ce domaine un exemple que je cite dans mes articles et conférences sur ce sujet (voir Google).
Cher Monsieur Nemo,
Vous découvrez aujourd’hui ce que le Général De Gaulle avait prévu il y a plus de 50 ans. Rien de nouveau dans ce monde où l’affrontement des cultures ne fera que s’aggraver. Nos politiques, intellectuels, médias de gauche et toute la clique du monde artistique nous ont fait croire que cela n’existait pas. Le déni a été la base de leurs mensonges et nous a amenés à cette situation qui ne fera que de se détériorer pour très certainement déboucher sur une guerre civile.
Le monde occidental, et surtout la France, sont en pleine déliquescence !
Article intéressant mais trop « optimiste » de mon point de vue. Oui… je souscrirais sans réserve dans le cadre d’un régime démocratique sain, dynamique et fort mais qu’en est-il réellement ? Combien de fois avons nous été directement consultés ? 9 fois seulement sous le 5eme République … Et quand nous l’avons été, dernièrement en Mai 2005 sur le traité d’une constitution pour l’Europe, la volonté de refus des français clairement affirmée a été détournée en 2007 via le traité de Lisbonne… Alors, un régime Parlementaire ? même pas à croire le nombre de lois passées en force à coups répétés de 49.3 …
La tolérance doit elle tolérer l’intolérance…?
« Il fut une époque où des hordes de Huns, d’Ostrogoth, de Wisigoth ont déferlés sur notre continent. » Aujourd’hui ce sont de plein bateaux de gens, qui aidés par nos associations avec l’argent des contribuables, débarquent pacifiquement sur nos cotes. Mais le résultat est le même le « Grand Remplacement » et la disparition de la culture judéo-chrétienne. A la fin de ce siècle l’Europe aura changé de population et deviendra l’EURAFRIQUE. Les Minorités autochtones seront les « indiens » dans des réserves. La barbarie est en route, surtout avec une culture
pour livre de base le CORAN.