Le discrédit dont souffre le libéralisme à notre époque, dans de nombreux pays, est un phénomène étonnant et regrettable. En réalité, ce discrédit repose sur des caricatures du libéralisme, complaisamment…
Pascal Salin
Comme on le sait, Friedrich Hayek a écrit un livre remarquable, Droit, législation et liberté, et le titre du deuxième volume est Le mirage de la justice sociale. Friedrich Hayek explique de manière convaincante que l’expression « justice sociale » n’a pas de sens. Ainsi, il écrit dans la préface de ce volume :
« Démontrer qu’une expression universellement employée, et incorporant pour bien des gens une croyance quasi-religieuse, n’a absolument aucun contenu et ne sert qu’à insinuer qu’il nous faut consentir à ce que réclame un certain groupe, voilà qui est beaucoup plus difficile que de prouver qu’une conception est fausse. »
Friedrich Hayek réussit brillamment à démontrer de manière très rigoureuse l’inanité du concept de « justice sociale » et on peut penser que tout a été écrit par Friedrich Hayek et qu’il ne faut pas essayer de débattre de la justice sociale.
Nous ne critiquerons certainement pas ce qui a été écrit par lui, ni n’essaierons de résumer son livre. Mais nous pensons que ce sujet est si complexe et si important qu’il est peut-être possible d’ajouter quelques remarques à ce qui a été définitivement écrit par Friedrich Hayek.
La concurrence est considérée probablement par tout le monde comme une exigence indispensable au bon fonctionnement économique d’une société. Cela est en effet justifié car la concurrence incite les producteurs de biens à rechercher les meilleurs moyens de satisfaire les clients, par exemple en essayant de leur proposer des biens de meilleure qualité que les autres, ou des biens moins chers. Mais encore faut-il savoir exactement en quoi consiste la concurrence. Or il existe essentiellement une conception identique en ce qui concerne l’opinion publique et la théorie économique traditionnelle. Cette dernière conduit à proposer ce qu’on appelle la théorie de la concurrence pure et parfaite et c’est cette théorie que l’on trouve dans tous les enseignements et tous les manuels de micro-économie. Cette théorie consiste essentiellement à opposer concurrence et monopole. On considère qu’il existe un monopole dans la production d’un bien lorsqu’il existe un seul producteur de ce bien, contrairement à une situation de concurrence. Or cette théorie traditionnelle démontre qu’un producteur, grâce à sa position de monopole peut obtenir de ses acheteurs un prix plus élevé qu’en situation de concurrence. Le monopoliste arrive ainsi à optimiser son profit (bien que l’existence d’un prix élevé réduise la quantité vendue). Mais cette approche de la concurrence et du monopole doit être considérée comme erronée pour des raisons que nous allons expliquer.
Les difficultés économiques actuelles suscitent évidemment des suggestions pour essayer de surmonter ces difficultés. Mais elles sont aussi l’occasion pour certains de profiter de cette situation pour essayer de faire admettre des propositions de politique économique auxquelles ils tenaient bien avant la crise économique actuelle. Tel est le cas de ceux qui se déclarent en faveur de la création d’un « revenu universel », c’est-à-dire un montant de ressources auquel tous les citoyens auraient droit[[Tel est le cas, par exemple, de Gaspard Koenig, censé être un philosophe libéral. Il indique que ce n’est pas à l’État de fixer le salaire des citoyens, mais qu’il devrait en revanche instaurer un revenu universel pour leur donner un pouvoir de négociation.]].