Atlantico : Certains observateurs estiment que si la France suivait les mêmes réformes que l’Allemagne ou appliquait à la lettre les recommandations de la Cour des comptes, la situation pourrait s’améliorer sur le plan économique. En quoi cette illusion contribue-t-elle aux difficultés économiques rencontrées par la France ? En l’absence de croissance, et au regard de la démographie, la France n’est-elle pas condamnée à l’échec ?
Jean-Philippe Delsol : Il me semble au contraire que l’Etat ferait bien de suivre certaines des recommandations de la Cour des comptes qui pointent régulièrement la gabegie, et parfois la perversité, de nombreuses mesures démagogiques, des mesures de subventionnement des véhicules électriques au service national universel, à la gestion des propriétés romaines de l’Etat, aux aides à domicile ou encore récemment aux certificat fiscaux d’énergie. Mais il est vrai que, heureusement, la Cour des comptes ne fait pas de politique : elle contrôle la gestion publique. Nos politiques publiques ont aussi beaucoup à apprendre des pratiques étrangères en Allemagne ou ailleurs. La décentralisation du système social allemand est source d’économie de même que la liberté donnée aux bénéficiaires de revenus supérieurs à un certain montant de choisir librement leurs assurances sociales. La liberté scolaire que pratiquent les Pays-Bas, la Suède, les Etats-Unis… permettrait d’obtenir de meilleurs résultats à moindre frais comme l’IREF, le think tank que je préside, l’a souvent montré. Ou encore les systèmes de retraite par capitalisation qui existent dans la moitié des pays d’Europe démontrent qu’il est possible d’offrir aux retraités de meilleures pensions qu’en France à un coût inférieur… Mais c’est aux ministres et aux élus de faire prévaloir ces politiques, pas aux fonctionnaires.