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Lettre de vœux au président Macron

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« Monsieur le Président,
Je vous fais une lettre. Que vous lirez peut-être. Si vous avez le temps ». Mais à l’inverse de Boris Vian, nous ne voulons pas déserter, nous voulons rembarquer sur une France nouvelle, plus ouverte, plus dynamique, plus conviviale, plus forte.

Les motivations des Gilets jaunes sont diverses et nombreux sont ceux qui tentent de les récupérer. Leur mobilisation est plus celle de la guérilla que celle des grandes manifestations populaires, mais l’importance du soutien que leur accorde l’opinion marque la réalité exprimée par leur mouvement. Malgré un vote très éparpillé à l’élection présidentielle et un nombre de votants modéré, vous avez réussi à former une majorité parlementaire novice mais suffisamment nombreuse pour vous permettre de faire passer des réformes rapidement avec l’approbation d’une opinion gagnée par votre succès et votre discours.

Las, l’opinion s’est aussi vite aperçue que les mots ne suffisaient pas et que votre omniprésence ne faisait pas une politique. Les salariés ne demandaient pas cette prise en charge par l’Etat, au demeurant tardive, de leurs cotisations chômage et maladie financée par un alourdissement immédiat de la CSG dont les retraités et les titulaires de revenus fonciers ont été les victimes immédiates et définitives. Vous les infantilisez quand le rôle du chef est au contraire de faire grandir ceux qu’il gouverne. Prendre aux uns pour donner aux autres conduit d’ailleurs généralement à la ruine de tous ! Cette cuisine politique aurait pu être compensée par des mesures drastiques de réduction des dépenses publiques pour annoncer une baisse sensible et prochaine des prélèvements obligatoires, mais il n’en a rien été. Les dépenses publiques ont poursuivi leur ascension. L’année 2017 s’est encore traduite par l’embauche de 45 000 fonctionnaires, hors contrats aidés. L’année 2018 ne l’a pas rachetée. La réforme du statut des cheminots a été menée sans tumulte excessif de la part des intéressés, mais c’est peut-être parce que les renégociations des conventions collectives des employés du rail laissent craindre que ceux-ci y regagnent ce qu’ils ont perdu par la loi…

De votre politique, les classes moyennes et plus modestes n’ont retenu que l’avantage consenti aux bénéficiaires de revenus mobiliers, par la flat tax à 30%, et l’abolition de l’ISF qui n’a pas contenté les classe moyennes supérieures dont le patrimoine surtout immobilier reste assujetti à l’IFI. La réalité est que ce qui a été fait, qui n’est pas négligeable, l’a été à moitié en provoquant l’insatisfaction de tous. Et le pire est peut-être à venir avec le prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source qui, à défaut d’avoir d’abord simplifié l’impôt par un taux unique comme nous le suggérons, augmentera l’incompréhension de ceux dont la paye sera amputée sans que les déclarations soient allégées.

Vos projets sont trop intellectuels et idéologiques. Les Français ne suivent pas. Toutes vos réformes contribuent à augmenter l’emprise de l’Etat sur la société alors qu’ils voudraient au contraire, comme le demandaient au début les Gilets jaunes, retrouver leur autonomie, vivre de leur travail plutôt que de subventions. Et votre seule réponse aux revendications des ronds points a été de rehausser les avantages sociaux ! Dans l’adoption annoncée d’un régime généralisé de retraites par points, les Français ne voient, à juste titre, que la volonté du gouvernement de tout centraliser en réduisant les avantages de certains, notamment des bénéficiaires de pensions de réversion, et en pillant les caisses de certaines branches ou professions qui ont su épargner mieux que d’autres. Laissez les Français s’occuper de leurs affaires et d’abord en les laissant décider de leurs retraites qu’il faut leur permettre de constituer par capitalisation car c’est la seule façon de préserver l’avenir.

Vous avez raison de vouloir changer la France qui peine dans la compétition mondiale en supportant, de tous les pays développés, le montant le plus élevé de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires. Mais il faut commencer par la réforme de l’Etat dont vous êtes responsable et qui s’occupe de tout aujourd’hui à tort et à travers.

Nous vous suggérons de revenir dès que possible sur vos décisions gadgets comme la réduction à 80 km/h de la vitesse sur routes ou le prélèvement à la source. Abandonnez aussi la transition écologique contre le réchauffement, car ça n’a pas de sens de faire dépérir les Français pour sauver hypothétiquement la planète de maux dont personne ne peut garantir qu’ils en sont responsables, avec des remèdes dont sait qu’ils sont très coûteux mais peut-être totalement inefficaces. Veillez, pour la santé de chacun, à poursuivre une lutte raisonnable contre la pollution et ce sera déjà très bien. Rendez aux collectivités locales leur autonomie fiscale et responsabilisez-les dans la gestion économe de leurs dépenses plutôt que de vouloir les contrôler toujours plus en les privant de ressources propres.

Pour le reste, le meilleur moyen d’abaisser les dépenses et les impôts est de mettre en concurrence les services publics qui peuvent être gérés par des acteurs privés. Votre réforme de l’assurance chômage pourrait permettre à ceux qui le veulent de s’assurer eux-mêmes. Pour obtenir un meilleur tarif, ils seraient sans doute plus attentifs aux conditions du contrat et resteraient peut-être moins longtemps au chômage s’ils pouvaient en retirer des avantages tarifaires. C’est ainsi que ça fonctionne en matière d’assurance automobile de manière satisfaisante pour tout le monde. De la même manière, la liberté pourrait aussi être rendue à chacun de s’assurer en matière de retraite ou de maladie-maternité auprès d’une mutuelle ou compagnie autre que l’URSSAF, comme cela se fait en Allemagne sous certaines réserves. Mettez les hôpitaux publics en compétition ; mettez-y aussi les écoles pour faire réagir le Mammouth que vous n’arriverez pas à transformer durablement sans obliger les syndicats et les enseignants à se plier aux exigences de la concurrence. Et ce serait autant d’économies puisque le coût d’un élève dans le privé est près de deux fois inférieur à celui du public.

Avec l’argent économisé, augmentez le niveau de vie des Français en réduisant les impôts et charges d’une part et consolidez les services de la sécurité et de la justice de l’Etat d’autre part. Les Français ne comprennent pas que des casseurs puissent agir de manière impunie, que la justice s’occupe sans coup férir des leaders des Gilets jaunes et reste impuissante à contrôler les « Fichés S », que des quartiers entiers soient exclus de l’ordre républicain… Faites bien ce que l’Etat doit faire. Le reste, laissez-nous nous en charger. Permettez aux Français d’assurer la responsabilité de leur vie et d’en retrouver le sens plutôt que de vouloir les prendre en charge du berceau à la tombe. Ce sont les vœux que nous exprimons pour vous et peut-être surtout pour les Français.

Jean-Philippe Delsol

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9 commentaires

Laurent46 8 janvier 2019 - 5:54

Hélas,
Hélas si on analyse les faits et gestes de la classe politico-administrative on remarque que majoritairement et ce depuis les années 70 tous les idiots et fainéants se sont fait embaucher dans les administrations et collectivités locales à l'exception des haut fonctionnaires qui rejoignent dans cette analyse toute la classe politique quelle qu'en soit l'étiquette et dans laquelle se sont engouffré tous les escrocs en col blanc ou pas d'ailleurs, tous aussi prétentieux et haineux les uns que les autres éliminant sur leur passage dès leur élection tous ceux qui avait des compétences. Nous atteignons de nos jours un point de non-retour en raison du nombre extraordinaire de ces individus en poste ou en rente, sans oublier que les manipulations permanentes de ces gens feraient rougir de honte tous les dictateurs Européens des années 40. En conclusion notre système pervers ne va pas s’améliorer eu regard du nombre de ces voyous en activité sans oublier les sous-fifres qui attendent leur tour et qui eux aussi sont toujours plus nombreux à chercher l’argent facile et la rente à vie confortable après seulement 5 années de mandat. Tout cela ne présage rien de bon pour le futur mais hélas une fois de plus ce n’est que le reflet du pays France qui historiquement renouvelle régulièrement de telles situations qui ne peuvent avoir une écoute ou se terminer que dans la violence de part et d’autre. Le bout du Tunnel n’est donc pas pour demain d’autant que d’autres profiteurs sont venus se greffer sur l’existant qui sont syndicats, associations et fondations tous aussi parasitaires les uns que les autres et dans ces domaines-là, la France est une pouponnière mondiale.

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dupond 8 janvier 2019 - 9:21

Oui hélas le pays tombe en ruine à cause de tous ces parasites. Malheureusement aucun journaliste digne de ce nom (médias aux ordres des finançiers ) ne tolère un débat avec des gens compétents qui pourraient expliquer en langage compréhensible les difficultés de l'économie du pays à cause de cette fiscalité confiscatoire dissimulée partout et encore emplifiée avec le prélèvement à la source de l'impôt. Les élus à tous les niveaux profitent largement de ces détournements pour entretenir leur clientèle électorale

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clara 8 janvier 2019 - 9:07

METTRE AU SMIC TOUTE LA CLASSE POLITIQUE
je soutiens les gilets jaune. je ne suis pas pour les casseurs et la violence, mais je ne condamne personne je comprends leur désarroi, de vivre en comptant chaque sou et vivant avec les découverts des banques et ne pas mangé à sa faim. il est temps de changer la politique et de donner aux français un mode de vie descend avant le boulversement du pays.

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Littlevinie 8 janvier 2019 - 10:15

Pas un mot de politique !
L'article n'est pas trop mal fait… Je suis simplement choquée qu'on ne parle que d'économie sans remettre en cause la politique telle qu'elle est installée… Et la souveraineté du peuple ? Vous parlez de lui rendre sa liberté économique et sociale alors que sans sa liberté politique tt le reste est impossible ou en tt cas risque de nouveau de nous échapper… Mais peut-être que c'est trop compliqué pour vous d'entendre qu'on vit dans un système à revoir entièrement…

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Astérix 8 janvier 2019 - 10:17

Un souhait profond !
M. Macron, son gouvernement, ses députés sont parfaitement incompétents et incapables de comprendre ce que veulent les Français.
Il ont été élus par une minorité à la suite de trafics souterrains pour faire tomber les autres !
Le Général de Gaulle, en son temps, a su démissionner; qu'attendez-vous pour vous en aller ? Mais il n'est pas donné à tout le monde d'être intelligent. En d'autres temps,
d'autres moeurs !

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Philippe TRECA-COMTE 8 janvier 2019 - 3:18

IREF
La réflexion de l' IREF est précieuse aux Français de bon sens . Nous l'en remercions .

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mickey91 8 janvier 2019 - 4:18

Merci de l'avoir écrit
J'ai adressé des commentaires il y a peu sur le sujet en cause.C'était incomplet et un peu dans le désordre : j'aurais aimé rédiger ce que vous nous écrivez aujourd'hui.Puissiez vous être lu et entendu!
Tant qu'on embauchera dans les ministères et autres préfectures, comités et Hautes autorités
en demandant en premier :de quelle promo (de l'ENA) êtes vous? plutôt que: quelle est votre expérience lors de vos 5 ans obligatoires ans le privé, on ne risque pas de voir les choses s'améliorer.
La dépense de l’État est considérée comme inéluctablement croissante, se poser la question de sa diminution est un blasphème pour ces gens là qui n'ont d'esprit inventif que pour les nouvelles taxes

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Annick 74 9 janvier 2019 - 8:51

Finir de regarder par la lorgnette
Bravo Jean Philippe ! Ta lettre correspond tellement à ce que tant de français silencieux ressentent. Les politiques vivent sur une autre planète et ne connaissent pas les réalités de la vie. Ils se sont toujours nourris par la politique et non par un dur labeur comme tout français qui se respecte. Ils s’accrochent à leurs privilèges : les « Ors » de la République, de la France ! Si ton message pouvait les éclairer …

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Jean-Philippe Delsol 10 janvier 2019 - 11:53

Certains messages considèrent que nous ne parlons pas suffisamment de libertés politiques et peut-être trop de libertés économiques. À dire vrai la liberté est un tout et il faut toutes les libertés. Mais je pense qu’avant de reprocher à nos élus d’etre Ce qu’ils sont, il faut peut-être se reprocher de les avoir élus. L’Iref a expliqué avant l’élection présidentielle pourquoiv
l’election de M Macron ne nous paraissait pas souhaitable. Nous savions que l’élire, c’était renforcer l’énarchie. La réforme de la France passe par la réforme de l’Etat, la diminution très forte de sa fonction publique, la réduction de ses domaines d’intervention, la responsabilisation des agents publics…
Nous ne sommes pas insensibles à la pauvreté et au difficultés d’une partie de la population. Mais comme le demandaient généralement les gilets jaunes initialement et comme certains le demandent encore, nous croyons que l’important est de permettre à tous de vivre de leur travail. Ce qui veut dire qu’il faut à la fois libérer le travail perclu de charges trop lourdes et de contraintes inutiles, mais aussi réduire l’assistance à ceux qui pourraient se prendre en charge. Ça n’est évidemment pas facile. Ça n’est pas le RIC qui changera la politique française et c’est un instrument qui est sans doute mieux adapté aux choix locaux qu’aux choix nationaux. Mais bien entendu c’est très important et utile d’en debattre.

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