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La tyrannie des privilégiés ou à quoi sert encore la démocratie ?

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« Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu’en matière de gouvernement la majorité d’un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l’origine de tous les pouvoirs », écrit Tocqueville dans De la démocratie en Amérique. Il se méfiait de l’omnipotence de la majorité, de sa tyrannie et du manque d’attention dont pourraient souffrir les « membres de la minorité ». L’évolution politique de l’Amérique a montré que les pouvoirs ont su s’équilibrer et que nulle part ailleurs la société civile n’est aussi forte et bien représentée que là-bas. En France, on n’est jamais arrivé à un tel équilibre. Il n’y a pas de tyrannie de la majorité mais une tyrannie des privilégiés et des moins représentés.

On peut être critique avec le gouvernement en place. L’IREF l’a souvent été et l’est plus que jamais au sujet de cette réforme des retraites, que nous jugeons dangereuse. Nous sommes parmi les seuls à le dire. Néanmoins, nous respectons les élections et la loi. Nos adversaires au pouvoir ont été élus et ceux qui les contestent n’ont aucun droit de bloquer le pays. Nous vivons en France ce paradoxe d’un Etat omnipotent et impuissant à la fois, un Etat qui phagocyte plus de la moitié des richesses, qui est champion du monde des prélèvements obligatoires, tout en étant incapable de mener à bien une réforme importante. Cela s’est vérifié sous Chirac, Sarkozy et nous assistons au même phénomène aujourd’hui.

Vendredi 6 décembre, déclaration du Premier ministre : « Nous voulons installer un système de retraite juste, qui remplace la solidarité au sein de chaque métier par une solidarité véritablement nationale, où tous les Français sont solidaires de tous les Français. » Mais il a aussi affirmé que des « ajustements se feront concernant les régimes spéciaux » (on est même repartis pour la clause du grand-père au bénéfice exclusif des régimes spéciaux). « La transition sera progressive », a-t-il ajouté, en donnant rendez-vous mercredi au CESE (Conseil économique, social et environnemental) pour « présenter l’intégralité du projet ». Pourquoi le CESE, cet organisme si souvent épinglé, dont l’utilité n’a jamais été démontrée et dont la suppression a même été évoquée plusieurs fois ? C’est l’Assemblée nationale qui est l’émanation du peuple, pas le CESE.

En France, nous ne subissons pas la tyrannie de la majorité, mais celle des « partenaires sociaux » et du « dialogue social » qui est en réalité un monologue social imposé par des syndicats ne représentant personne (moins de 7 % de la population active) mais capables d’empêcher le pays de fonctionner. Le droit de grève a été dévoyé par une minorité d’agents publics financés par les contribuables, dont la vie se trouve singulièrement compliquée par ceux mêmes qui vivent de leur argent. Faut-il rappeler que la fiche de paye de tous ces employés exaspérés par les grèves et les blocages comporte une contribution obligatoire aux caisses des syndicats ? Situation absurde et inimaginable ailleurs, où les syndicats vivent des cotisations de leurs membres et des services qu’ils proposent. En France, les cotisations volontaires ne représentent qu’à peine 4 % de leur budget. Ils n’existeraient plus sans les cotisations contraintes, sans les subventions directes ou indirectes qu’ils reçoivent, sans l’argent de la formation professionnelle.

On peut quand même créditer Emmanuel Macron de deux exploits : il a réussi à faire croire qu’il était libéral et il a fait descendre les syndicats dans la rue sans avoir accompli une seule vraie réforme. Confirmation qu’en France, la tyrannie de la majorité n’est toujours pas d’actualité.

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6 commentaires

lonbled 10 décembre 2019 - 11:13

retraites du public
Bien entendu la suppression des régimes spéciaux est obligatoire. Se pose la question toutefois du statu de la fonction publique qui doit être réformé également. Alors là c'est la révolte de 6 millions de fonctionnaires, donc personne n'y touchera. C'est çà la France, le pouvoir appartient aux fonctionnaires, les autre qu'ils paient.

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ClaudeCourty 10 décembre 2019 - 5:11

Périclès ne prévoyait-il pas qu'une république dont une partie des citoyens vivrait aux dépens de l'autre, tuerait l'idée de démocratie ?
Les régimes spéciaux n'arrangent rien.

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goufio 10 décembre 2019 - 11:57

La France est foutue, vive le marxisme-léninisme-trotskisme-stalinisme-écologisme
« La politique est une affaire sale, une ruse, un cul-de-sac idéologique, un vaste pilleur de ressources intellectuelles et financières, un mensonge corrupteur, une tromperie, un moyen de répandre dans le monde un énorme malheur, d’une espèce inattendue et indétectée ; c’est le plus grand gaspilleur de productivité humaine jamais concocté par ceux qui ne croient pas à un authentique progrès économique et social. » – Jeffrey Tucker

« Quelques syndicats défient le peuple britannique. Ils défient les malades, ils défient les vieux, ils défient les enfants. Je suis prête à me battre contre ceux qui défient les lois de ce pays. […] Ce sont les tories qui doivent prendre seuls sur leurs épaules les responsabilités […] que ce gouvernement ne veut pas assumer. » – Margaret Thatcher

Imagine. Un monde sans téléphones mobiles, sans magnétoscopes, sans Playstation. Même pas de fax ! Un monde qui n’avait jamais entendu parler de la Princesse Diana ou de Tony Blair, qui n’aurait jamais imaginé partir en guerre au Kosovo ou en Irak. A l’époque, Patrick, il n’y avait que trois chaînes de télévision. Trois ! Et les syndicats étaient tellement puissants que, s’ils le voulaient, ils pouvaient très bien couper une chaîne pendant toute la soirée. Il y avait même des fois où les gens étaient obligés de se passer d’électricité. Imagine !.
Testament à l'Anglaise – Jonathan Coe

« C'est bel et bien quand la politique se mêle d'intervenir que la « sauvagerie » apparaît. (…) Il n'est alors plus question de préserver le Droit des personnes, mais de défendre les intérêts de « catégories » que prétendent représenter les groupes de pression : chacun doit s'associer à un groupe pour éviter d'être dépouillé ou plutôt, parce qu'à travers l'Etat il est plus facile de voler les autres que d'échapper à leur prédation, pour essayer de voler plus aux autres qu'ils ne vous ont eux-mêmes volé. » – François Guillaumat

"Nous n'avons point d'Etat. Nous avons des administrations. Ce que nous appelons la raison d'Etat, c'est la raison des bureaux. On nous dit qu'elle est auguste. En fait, elle permet à l'administration de cacher ses fautes et de les aggraver." – Anatole France – L'Anneau d'améthyste – 1899
« L’Etat moderne est inefficace et nuisible. Puisqu’il est inefficace on pourrait se passer de lui ; puisqu’il est nuisible on devrait le faire » – Murray N. Rothbard – Man, Economy, and State- Princeton – 1962

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zelectron 10 décembre 2019 - 1:45

à l'extrême :
je n'ai aucune envie d'être solidaire avec des serpents !

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Claude Courty 10 décembre 2019 - 4:59

La chienlit
Comme “Démocratie”, “Majorité” & “Minorité” sont des mots dorénavant dénués de sens ; seul comptent le pouvoir de nuisance et l'activisme.

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chris 11 décembre 2019 - 11:01

Les Français sont aveugles….
Bjr,
les politico-mafieux cherchent par tous les moyens à niveler par le bas et à mettre la zizanie entre tous les Français(es).
Macron dit que les régimes spéciaux ne doivent plus exister mais en fait qui bénéficient le plus des régimes spéciaux si ce n'est que ces mafieux de la politique qui se "tapent" une retraite pour chaque fonction exercée!
Donc que ce bankster de macron commence à limiter le cumul de ses potes escrocs et peut-être que le Peuple acceptera de suivre l'exemple!
N.B: même la retraite par capitalisation c'est bon pour eux mais pas pour le petit Peuple!
Conclusion: allez réfléchissons avant de nous quereller et regardons qui nous manipule à son bon escient

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