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La France reste championne du monde

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L’IREF a déjà fait mention des mauvais résultats de la France en matière de prélèvements obligatoires et dépenses publiques. Après l’élection de monsieur Macron, certains ont pensé qu’elle saurait rapidement se réformer. Effectivement, il y eu des baisses de certains impôts avec l’adoption du taux unique de 30% d’imposition sur les revenus mobiliers ou l’exonération progressive de la taxe d’habitation. Mais les dépenses publiques n’ont pas baissé. D’autres prélèvements ont donc dû se substituer aux impôts abaissés ou supprimés.

Début décembre, l’OCDE qui réunit les 36 pays les plus développés de la planète a publié ses indicateurs annuels relatifs aux prélèvements obligatoires. Ils confirment que pour la deuxième année consécutive, la France reste en 2018 le pays qui a le taux de prélèvements sur ses citoyens le plus élevé de l’OCDE : 46,09 %. Pire, la France élargit son écart avec le Danemark (44,86 %) qui la talonnait l’année précédente, et elle se situe à un niveau de 35% supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE.

Bien que ses taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés soient encore parmi les plus importants du monde, le rendement de cet impôt est très médiocre en France et se situe à 2,11% du PIB contre 5,93% au Luxembourg et 3,21% en Irlande, deux pays accusés d’être des paradis fiscaux pour les sociétés. Mais il est vrai qu’il vaut mieux embaucher du personnel au Luxembourg ou en Irlande, le produit total des cotisations sociales y étant respectivement de 10, 964% et 3,785% du PIB contre 16,088% en France, et 9,377% en moyenne dans l’OCDE. Le coin fiscal, c’est-à-dire l’ensemble des charges publiques obligatoires qui pèsent sur le travail français, représente 47, 633% du coût du travail. A ce titre, la France n’est pas la plus mal lotie puisqu’elle arrive peu après la Belgique (52,672%) et l’Allemagne (49,496%), mais très au-dessus de la moyenne de l’OCDE (36,062%). Et c’est bien la France qui astreint ses contribuables aisés aux taux d’impôt sur le revenu marginalement les plus élevés (avec la CSG en prime) même si le produit de cet impôt sur le revenu y reste faible, 57% des foyers en étant exonérés. C’est en France que l’impôt sur le patrimoine représente la charge la plus lourde sur les individus, soit 4,112 % du PIB, plus de deux fois la moyenne de l’OCDE.

Globalement, la France est un pays dans lequel trop de dépenses passent par l’Etat. Ses dépenses publiques sont les plus élevées de l’OCDE : 56,8% en 2015, dernière année relevée par l’OCDE. C’est un handicap pour entreprendre, innover, dépenser, travailler, investir… Non seulement c’est un coût de plus en plus considéré comme insupportable par ceux qui ont envie de prendre des risques et qui ne ménagent pas leur peine, mais plus encore peut-être, c’est un état d’esprit qui se fait pesant et attente à la dynamique économique et sociale. Que les dépenses publiques soient plus importantes que les dépenses privées signifie aussi que plus de la moitié des Français dépendent de l’Etat pour leurs revenus. Il s’agit d’une forme de pesanteur, voire d’assujettissement qui nuit à la nécessaire liberté de la vie humaine pour se développer. C’est la chape de plomb de la réglementation publique qui s’étend, c’est la rigidité des professions figées dans des statuts qui prévaut et qui entraine toute la société à revendiquer les petits privilèges dont se nourrit toute médiocrité.

Pourtant, les citoyens des pays développés qui ont moins de prélèvements obligatoires ne sont pas moins bien couverts que les Français contre les risques de la vie. Au contraire souvent. Mais une plus grande partie de leurs services, y compris en matière de retraite, de santé…, sont délivrés par des entreprises privées, voire par des entreprises publiques décentralisées et en concurrence. Les individus y sont plus incités à se prendre en charge et à gérer leur vie. Ils sont accoutumés à choisir leurs assurances sociales en fonction du mieux disant, ce qui oblige aussi les prestataires de services, publics ou privés, à veiller à la qualité de leurs offres et au rapport qualité/prix des produits offerts. C’est un état d’esprit entrepreneurial qui s’instaure plutôt qu’une attitude d’assistés, c’est un apprentissage à la liberté plutôt qu’une infantilisation. C’est ce qui fait la différence entre la France qui s’engourdit, sauf pour faire la grève, et les pays qui travaillent parce qu’ils en sont récompensés plutôt que pénalisés.

L’exemple des retraites illustre cette analyse et devrait inspirer le gouvernement et ceux qui manifestent. Plutôt que de centraliser et étatiser l’ensemble du système de retraites français, il vaudrait mieux que l’Etat se limite, comme dans beaucoup de pays étrangers, à assurer un service de base et solidaire et oblige pour le surplus les gens à s’assurer en leur laissant le choix de leur contrat et de leur compagnie ou mutuelle d’assurance. C’est le système qui existe par exemple aux Pays-Bas ou au Danemark où les cotisations, publiques et privées, sont plus faibles qu’en France et les pensions y sont nettement plus élevées. Il faut dire aussi que la liberté donnée à chacun de choisir ses retraites au-delà de la cotisation de base leur a permis d’opter pour la capitalisation, avec des rendements très supérieurs au système français par répartition, le taux de remplacement pour 1% de cotisation étant de 2,4% pour une retraite par répartition française et de 4,3% pour une retraite privée néerlandaise par capitalisation, voire de de 6% pour une retraite par capitalisation privée danoise.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ils sont surtout le reflet des systèmes sociaux. Il est dommage que la France, toujours trop sûre d’elle-même, se refuse à profiter des modéles qui ont réussi ailleurs pour faire évoluer sa propre vision.

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Laurent46 10 décembre 2019 - 6:02

Capitalisation ?
Le régime par capitalisation à aussi ses reverts même s'il se porte bien aujourd'hui, les fonds de pension sont quand même un peu destructeurs d'entreprises par manque d'investissement surtout dans les pays faibles comme la France d'une part et font largement augmenter les coûts de l'immobilier. Cela à également ses limites qui ne sont pas loin d'être atteintes avant que tout ne s'écroule et qu'il ne reste plus rien. Le système Français est somme tout très bon à condition qu'il n'y ait pas d'excès et que cette manne financière ne soit pas à la discrétion des politiques dont l'habitude est de taper directement ou indirectement dans toutes les caisses qui ont de l'argent. Mais hélas, les excès en tout genre et la goinfrerie de la politique mais aussi de l'administration est un mal bien Français dans lesquels nous sommes les champions du monde et comme c'est rare d'être en pôle position il faut tout faire pour maintenir sa place et sa réputation non sans les prétentions qui vont avec.

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