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Imposition : la France est championne du monde !

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Dans son palmarès 2016, L’OCDE classait la France en 2ème position, Eurostat rétablit notre leadership. En matière de pression fiscale, nous sommes bien les plus forts. Concrètement, cela signifie que c’est en France que le montant total des impôts et taxes ramené au PIB est le plus important. Depuis 2006, nous rappelle Eurostat, nous avons successivement rattrapé puis dépassé la Belgique et le Danemark, nos principaux challengers. Ce n’est pas rien puisque la France comptait 3 points de retard sur le Danemark voilà 10 ans (44,9 contre 47,8). Mais là où les Scandinaves ont perdu du terrain (-0,5 point), nous avons ajouté 2,7 points à ce score glorieux.

La moitié de notre temps est consacrée à servir l’Etat

Les Français se voient prélever 48% de leurs revenus chaque année sous prétexte que l’Etat est plus à même de savoir allouer ces sommes que l’individu lui-même. Notre travail est donc pour moitié absorbé par l’Etat.

Niveau d’imposition (%PIB)

Niveau d’imposition (%PIB)

On songe alors que la guerre d’indépendance américaine a éclaté à cause de l’instauration d’une taxe de 3%. N’apprenions-nous pas à l’école que la Révolution française advint à cause d’une fiscalité excessive ? Celle-ci n’avait pourtant rien à voir avec ce que nous supportons aujourd’hui. Comment peut-on atteindre un tel niveau d’imposition ? C’est en fait la force de l’habitude. En France, les recettes fiscales représentaient 34% en 1965, 41% en 1990 et 45% aujourd’hui (chiffres OCDE). Qui plus est, l’étalement de la fiscalité sur différentes assiettes rend l’appréciation de cette pression plus confuse. On ne perçoit pas bien la TVA, ni les ponctions opérées sur les salaires, et encore moins les taxes sur les entreprises qui pourtant retombent in fine sur le consommateur, ni enfin les droits de douanes.

En France, les prélèvements issus des impôts courants sur les revenus ou le patrimoine ne représentent que 26% du total contre 63% au Danemark, 41% au Royaume-Uni et 31% en Allemagne.

Les impôts différés

Malgré ces prélèvements élevés, les budgets gouvernementaux français sont constamment déficitaires. Ce n’est pas le cas du Danemark qui partage avec nous cette première place de plus grand taxateur d’Europe. Ainsi, en plus de retirer à la société privée une part importante de ses ressources, l’Etat lui fait supporter un impôt différé sous forme de dettes.

Déficit public (%PIB)

Déficit public (%PIB)

Cet impôt différé supporte d’ailleurs des intérêts, ce qui augmente encore son coût. Or les déficits chroniques français sont de 3,7% en moyenne depuis 2000 contre des excédents de 0,6% au Danemark. Quitte à taxer indécemment les sources vives, les gouvernements danois ont au moins le scrupule d’équilibrer leurs comptes.

Les impôts sur les entreprises

Concernant plus spécifiquement les entreprises, l’étude diligentée par PWC en lien avec la Banque Mondiale, Paying taxes 2018, nous donne aussi une grande avance en ce domaine relativement à d’autres pays développés. La France ne se trouve distancée que par des pays comme l’Argentine, le Brésil, la Chine, pour les plus importants, et le Venezuela, la Colombie ou la Mauritanie, l’Erythrée ou l’Algérie, entre autres. Sur les 211 pays classés, elle est au 188ème rang pour le niveau de taxation[[L’étude propose d’autres critères pour lesquels la France se présente mieux : nombre de paiements dans l’année : 9 (moyenne des 211 pays : 24), heures nécessaires pour s’affranchir des taxes : 139 (moyenne : 240). Elle est au 54ème rang, tous critères confondus. Le Danemark est 8ème, la Suisse 16ème, le RU, 23ème, l’Allemagne 41ème.]]! Le Danemark est tout à fait à l’opposé : 29ème.

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La pression fiscale sur les entreprises est 27% plus importante en France qu’en Allemagne et 2 fois plus forte qu’outre-manche.

Vers où allons-nous ? De la nécessité des réformes structurelles

Malheureusement, il existe peu d’exemples de pays ayant inversé franchement la courbe toujours ascendante des prélèvements obligatoires. L’Etat moderne a une tendance naturelle à étendre son assise. On pourrait citer la Suède ou la Hongrie qui ont réussi à réduire respectivement de 9 et 5 points la pression fiscale. Cependant la tendance des pays de l’OCDE est à la hausse permanente : 25% en 1965, 32% en 1990, 34% en 2016.

Concernant la France, comme nous le rappelions, il n’y aura pas de diminution des prélèvements obligatoires sans diminution de la dépense publique. Or, rien n’est entrepris dans ce domaine, il ne faut donc pas s’attendre à une nette amélioration.

Ces trois organisations internationales (OCDE, Eurostat, PWC) nous montrent très simplement là où le gouvernement doit agir pour corriger certains problèmes économiques. Il est significatif par exemple que les pays subissant un chômage de masse soient ceux qui sont mal classés par PWC. Las, le projet de loi de finance 2018 anticipe une baisse d’un point seulement du taux de prélèvements obligatoires d’ici 2022. C’est un objectif ridiculement faible. Il ne s’agit d’ailleurs pas vraiment de baisser les impôts, mais seulement de les voir augmenter moins vite que le PIB.

La France préfère vitupérer les prétendus paradis fiscaux. Conscients de l’effet délétère qu’un tel niveau d’imposition provoque, nous préférons trouver des boucs émissaires en dehors de nos frontières plutôt que de proposer un projet d’imposition juste et simple. Championne d’Europe des prélèvements, championne d’Europe des déficits, la France est l’homme malade de l’Europe.

Niveau d’imposition (%PIB)
Niveau d’imposition (%PIB)
Déficit public (%PIB)
Déficit public (%PIB)
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8 commentaires

YAGO 12 décembre 2017 - 2:38

La prochaine nuit du 4 Août ?
Perfectioné,rodé à souhait par une classe politique installée à demeure, issue de l'énarchie et de la haute fonction publique, étayée d'une administration fiscale toute puissante, le système s'auto-alimente par les prélèvements qui permettent l'attribution des subventions diverses et variées garantissant ré-élection et poursuite du processus.

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Jean-Philippe de Lespinay 12 décembre 2017 - 8:31

Vous êtes trop bon avec le système à la française…
"sous prétexte que l’Etat est plus à même de savoir allouer ces sommes que l’individu lui-même." Il faudrait tout de même préciser que personne n'est dupe et que la vraie raison c'est que nous sommes dirigés par des fonctionnaires.

Or, dans tout pays dirigé par des fonctionnaires la loi de Parkinson "prédit l’augmentation inéluctable des fonctionnaires avec un taux d’environ 6% par an, indépendamment de la quantité de travail à fournir ou même de sa simple légitimité." (Wikipédia).

Le système actuel à la française est conçu et entretenu par nos fonctionnaires, Giscard en tête, contre notre gré et illégalement, sans l'agrément du suffrage universel. Cet énarque et polytechnicien a modifié les critères d’admissibilité aux élections présidentielles pour rendre impossible l'élection d'un parti non financé par le détournement de nos impôts et le travail occulte des fonctionnaires (Loi organique n° 76-528 du 18 juin 1976), qui impose "500 signatures émanant d’au moins 30 départements ou territoires d’outre-mer, sans que plus du dixième de ces 500 signatures proviennent d’un même département ou territoire."

C'est ainsi qu'aujourd'hui la totalité des pouvoirs et contre-pouvoirs est entre les mains de nos fonctionnaires, justice et syndicats inclus !

Voilà la raison de nos impôts augmentant sans cesse, voilà de quoi meurt notre beau pays…

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Jean-Pierre Vérollet 12 décembre 2017 - 8:53

L'Etat n'a pas de vertu particulière.
En France, la fuite en avant par l'impôt trouve une partie de sa justification dans la croyance que l'Etat serait plus vertueux, qu'il "travaillerait" mieux que les autres organismes comme par exemple les organismes privés.
Or la notion d'Etat, création conventionnelle s'il en est à voir la diversité des Etats dans le monde n'a pas de vertu en elle-même. De ce fait l'Etat devrait être contrôlé, contesté, fouetté en permanence par la Société civile, la Nation pour qu'il n'abuse pas de ses pouvoirs. La croissance des impôts n'est que la forfaiture ordinaire, structurelle des Etats contre laquelle peu de grands politiques ont le courage de lutter.
D'ailleurs, à partir d'un certain seuil, la forfaiture devient un standard tant l'Etat est trop omniprésent ce qui complique encore son contrôle et sa mise au service de la Nation.
Bon courage aux Réformateurs!

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AlainD 12 décembre 2017 - 5:04

Le prédécesseur de Macron avait dit :"le changement c'est maintenant"
Dans les faits on a bien vu qu'il n'y avait rien à voir à tel point qu'il a été dans l'impossibilité de se représenter au suffrage universel. Que fera Macron? J'attends des résultats car pour le moment il y a surtout eu l'augmentation de la CSG qui ne sera pas compensée pour tout le monde. Les taxes ? Lemaire(énarque aussi) n'a rien trouvé de mieux que d'aligner le prix du gazole sur celui de l'essence(mais surtout pas l'inverse) encore épargne-t-il les routiers, agriculteurs et pêcheurs (gros pouvoir de nuisance). On voit très bien que l'énarchie qui comprend la haute fonction publique reste au pouvoir, ce ne sont certes pas ces gens qui risquent de se tirer une balle dans le pied en réduisant le train de vie de l'Etat et par voie de conséquence la pression fiscale. Peu importe qu'ils n'aient pas de résultats tangibles,le général De Gaulle disait que la politique de la France ne se fait pas à la corbeille, soit mais elle continue de se faire à Bercy.Il y a bien un organisme de contrôle : la Cour des Comptes mais quelle est la portée réelle de ses rapports ? Depuis qu'elle en fait beaucoup de choses auraient dû s'améliorer…

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André COUTAND 12 décembre 2017 - 9:08

Et malgré çà, des déficits énormes !
Merci aux socialistes…!

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sigles 13 décembre 2017 - 10:15

La réduction des déficits: une urgence
Les dépenses de l'état qui les transfèrent de plus en plus aux collectivités, semblent inarrêtables. Pourtant comment un état qui dépensent 20% de plus que son budget, peut-il continuer à vivre? L'urgence n' est pas dans la diminution de l'impôt mais dans la réduction du déficit de l'état. La réduction des impôts passent par cette étape.
On reste parfaitement interloqué par exemple, par la réforme de la taxe d'habitation. L'état va compenser, nous dit-on… Or l'état n'a plus d'argent!

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Jean-Marie BRUTY 13 décembre 2017 - 7:21

Johnny et le fisc
Johnny Hallyday portait toujours une croix avec un homme crucifié portant une guitare. Johnny crucifié par le fic! Il a fait un pied de nez à La France en se faisant enterrer dans un paradis fiscal. Bizarre personne ne le relève. Notons que les français l'aimaient bien et ils lui ont rendu un vibrant hommage, et même les habitants de Saint Barthélémy.

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Astérix 16 décembre 2017 - 11:57

La France championne de la bêtise !
Tant qu'il ne sera pas inscrit dans la constitution l'interdiction pour tout gouvernement de ne pas dépasser 30 % de prélèvements obligatoires, la France s'enfoncera pour finir par être rachetée au plus offrant.

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