Il est probable que le titre de cet article fasse s’étrangler plus d’un lecteur, tant le « ressenti » des contribuables est tout autre.
Pourtant, le quotidien économique Les Échos, s’appuyant sur les travaux du site spécialisé Fipeco et les chiffres de la Commission européenne, titre : « Impôts et cotisations sociales : la France se rapproche des standards européens ».
De fait, Emmanuel Macron a baissé les impôts, d’environ 62 milliards d’euros si l’on en croit la Cour des comptes : baisse de l’impôt sur les sociétés (IS), instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital, remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), suppression (partielle) de la taxe d’habitation et de la redevance télé. Tout cela fait que « le poids des prélèvements obligatoires a baissé d’environ deux points de PIB entre 2016 et 2023 ».
La diminution est principalement due à celle des prélèvements obligatoires sur le travail. Ils ne représentaient plus « que » de 22,7% du PIB en 2023 alors qu’ils étaient de 24% en 2016. Les taxes sur la consommation ont, elles aussi, baissé, passant de 11,5% du PIB à 10,8% sur la période. Quant aux prélèvements sur le capital, contrairement à ce qu’affirme la gauche à longueur de journée, ils restent inchangés (10,3% du PIB en 2016 ; 10,4% en 2023).
Ces « bonnes nouvelles » sont à relativiser. D’abord, parce qu’avec des impôts et taxes qui représentent 43,8% du PIB, la France reste le pays le plus imposé de l’Union européenne (UE). Si le Danemark la talonne avec 43,4%, l’Italie est deux points derrière (41,4%), l’Allemagne n’est qu’à 39% (moyenne de l’UE), les Pays-Bas à 38,6%, l’Espagne à 36,5%… et l’Irlande à 21,9%.
Ensuite, parce que ces baisses d’impôts n’ont pas été accompagnées par une diminution des dépenses publiques, bien au contraire. Si bien que le déficit public s’est accru (passant de 3,4% du PIB en 2026 à 5,5% en 2023, pour garder la même temporalité), tout comme la dette (passant de 96% du PIB en 2016 à 109,9% en 2023).
Cette dégradation des comptes publics inquiète bien évidemment les entrepreneurs (et une bonne partie des Français) qui, craignant une remontée prochaine des prélèvements, préfèrent attendre pour investir et embaucher. Une crainte justifiée puisque le budget 2025 prévoit 51 milliards d’euros d’impôts de plus qu’en 2024 (+4 %), et 82 milliards de plus qu’en 2023 (+6,7 %). En revanche, du côté de la baisse des dépenses, il faudra attendre… les calendes grecques.
Les Échos auraient dû plutôt titrer : « Impôts et cotisations sociales : la France s’est, l’espace d’un instant, rapprochée des standards européens ».
2 commentaires
Certes le Danemark a un taux de prélèvement obligatoire proche du notre, mais indiscutablement ce pays est mieux géré que le notre. Soit le consensus y est plus facile à obtenir, soit ses dirigeants sont plus compétents, soit les deux à la fois.
Mais surtout les prélèvements obligatoires ne sont pas tous les prélèvements … puisque les pouvoirs publics parviennent à dépenser 57% du PNB avec un déficit de 5%, ce qui fait 52% (en tous les cas plus de 50%) de prélèvements publics. Il manquerait donc au moins 7% à cette définition deem”prélèvements obligatoires” qui arrange bien les gouvernements successifs !?