Le téléphone portable est interdit en prison. Mais tous les prisonniers en ont. Un détenu contacté par France Info explique combien il est facile d’en obtenir un par les projectiles envoyés dans les cellules, par drone, par le parloir, et puis « il y a la corruption des surveillants, à qui on donne de l’argent et ils vous le ramènent directement dans la cellule, vous le payez 300 à 400 euros ». Nombre d’établissements ferment les yeux pour acheter la paix.
Mais les téléphones sont aussi des armes.  Dans la cellule de Mohamed Amra, qui s’est évadé en mai 2024 lors d’un transfert en tuant deux gardiens, on a retrouvé neuf portables. Grace au portable beaucoup gèrent en prison leurs petits et grands trafics quand ils n’y organisent pas leurs crimes.
En 2023, 667 portables auraient été saisis à la seule prison de la Santé et 53 000 dans l’ensemble des 186 établissements pénitentiaires français. Un représentant du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA évalue à 160 000 le nombre de téléphones en circulation dans les prisons. Les efforts pour brouiller les drones qui approchent les prisons et les contrôles et fouilles des détenus sont insuffisants pour empêcher que, dit-il , « ça rentre de partout » et « tout le temps » (Le Monde 28/01/25).
La gestion désastreuse des prisons souligne l’état catastrophique des structures et des mentalités de l’administration pénitentiaire autant que le manque de ses moyens et la mauvaise gestion de ses hommes au demeurant mal payés pour faire un travail difficile. Absorbée par ses dépenses sociales (32% du PIB), le gouvernement ne sait plus se consacrer à ses missions régaliennes qui devraient primer toutes les autres.