L’Unicef nous annonce de bien tristes nouvelles puisque près d’un million et demi d’enfants pourraient mourir cette année de la faim. Yémen, Nigéria, Somalie, Soudan du Sud : la situation se détériore. « La malnutrition sévère et la famine annoncée sont majoritairement dues à l’homme ». Ce dernier point est crucial et trop souvent omis: ce sont essentiellement la guerre (Yémen par exemple), la terreur (Nord du Nigéria) mais, plus largement, les choix politiques qui produisent famines et malnutrition.
Pourtant, ces très mauvaises nouvelles ne devraient pas nous en faire oublier d’autres, « relativement » bonnes : en 2015, à la fin du cycle des Objectif de développement du Millénaire, la FAO dénombrait 793 millions d’êtres humains souffrant de sous-nutrition. Soit une baisse de 167 millions en une décennie, et de 216 millions en près de 25 ans, donc une génération. Mais ce sont là des chiffres absolus : il faut donc encore replacer cette évolution dans le contexte relatif d’une croissance démographique mondiale de près de 2 milliards d’être humains sur la génération… Et si l’on se cantonne aux pays en développement, la part de la population en état de sous-nutrition est passée de 23,3 % en 1990-92 à 12,9 % en 2015.
L’Amérique latine fait partie de ces régions où les progrès ont été les plus impressionnants : elle enregistrait un pourcentage de sous-nutrition proche de 14 % il y a une génération, il est aujourd’hui nul. Ou presque. On note en effet le retour des émeutes de la faim. Mais où ? Précisément dans le pays « modèle » de certains politiciens épris de « socialisme démocratique » (sic) : le Venezuela. Comme en URSS, ou en Chine avec le Grand bon en avant du grand Timonier Mao et ses 45 millions de morts (soit près de la population française de l’époque…), le collectivisme donne encore et toujours les mêmes résultats. Cette remarque a son importance, car un facteur fondamental pour expliquer le recul de la malnutrition est justement l’opposé du collectivisme : la liberté économique.
D’ailleurs en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est, où bien des régimes communistes ont enfin compris les avantages de la liberté économique, le taux de sous-nutrition est passé respectivement de 23,2 à 9,6 % et de 30,6 à 9,6% sur la dernière génération, atteignant au passage leur ODM en la matière. Il n’y a pas de mystère. La liberté économique permet d’accroître les opportunités des hommes et des femmes de bonne volonté, ce qui constitue le socle d’une croissance économique pérenne qui elle même fournit les revenus pour sortir de la misère, et donc de la famine.
La protection des droits de propriété, élément important de la liberté économique, représente un paramètre essentiel pour inciter à l’investissement productif, notamment en matière agricole. Quand le foncier rural est sécurisé, le capital immobilier n’est plus « mort » (ou presque mort), pour reprendre l’expression de l’économiste péruvien Hernando de Soto ; il offre au contraire tout son potentiel à un entrepreneuriat agricole qui cherche à promouvoir la productivité agricole – avec donc ici encore le recul de la faim.
Autre composante de la liberté économique, la liberté du commerce est, elle aussi, essentielle, pour une raison assez simple à comprendre : si les frontières sont fermées lors de crises alimentaires, la nourriture ne peut alors circuler de régions où elle est disponible vers d’autres où elle vient à manquer. La rareté organisée par les mesures protectionnistes fait flamber les prix logiquement. Les politiques protectionnistes dans les pays en développement (comme celles qui avaient été érigées durant la crise alimentaire début 2008) sont de ce fait des éléments aggravateurs de l’insécurité alimentaire. Mais ce n’est pas tout : ces mêmes politiques de la part des pays riches apportent leur contribution néfaste.. D’une part en fermant leurs marchés à des pays dont la spécialisation naturelle est l’agriculture, d’autre part en accordant des subventions génératrices de surproductions qui viennent souvent s’échouer en « aide alimentaire », gratuite, dans les pays du Sud, perturbant ainsi les marchés agricoles locaux.
La constitution de vastes marchés agricoles, par l’abaissement des barrières commerciales et la facilitation du commerce, rend possible les économies d’échelle pour des filières spécialisées, d’où une augmentation de la productivité et une baisse des prix. Elle est ainsi essentielle pour assurer la sécurité alimentaire.
Certes l’Afrique est encore à la traîne en matière de liberté économique, mais la situation s’améliore lentement. Si le continent (subsaharien) n’a pas pu respecter ses OMD, il profite tout de même du recul de la faim (recul du taux de sous-nutrition de 33,2% à 23,2% sur la période 1990-2/2014-6). Quand en 1985 des artistes, aux États-Unis, en Angleterre ou en France, se levaient pour l’Éthiopie, on parlait de sauver les enfants de la faim. En fait il fallait les sauver du collectivisme violent du dictateur communiste Mengistu – ce qui aurait pu les sauver de la faim. Mais sans doute était-il idéologiquement incorrect pour ces artistes d’appeler un chat un chat.
Aujourd’hui la guerre, politico-religieuse, et le terrorisme, pseudo-religieux, qui minent consciencieusement toute possibilité d’état de droit (composant décisif de la liberté économique), causent encore, avec le collectivisme (dont ils sont en outre des manifestations), la famine, la souffrance et la mort inutile de millions d’êtres humains. Le combat pour la paix, la tolérance et la liberté économique n’en prend que plus d’importance.