Je m’excuse auprès des lecteurs de choisir ce titre. Je viens de découvrir qu’il a été utilisé (en partie ) par un journaliste du Monde mais je me permets d’apporter d’autres arguments. J’avoue d’abord que j’ai ressenti une certaine satisfaction en voyant une personnalité politique française menottée. Depuis pas mal d’années, j’espère que cela puisse arriver aussi en France même si je ne me faisais pas beaucoup d’illusions.
Car les raisons sont nombreuses. Sous la Ve République, nombreuses ont été les occasions de voir des politiques, de gauche et de droite, dans cette posture. Mais ici, en France, le pouvoir est très fort et les juges sont nommés par lui. Qui oserait le faire ?
Le cas de cette personnalité politique française arrêtée aux Etats-Unis et accusée de faits très graves est surtout une très grande leçon de démocratie. Il y a d’abord la police new-yorkaise qui se fiche de qui il s’agit et procède à son arrestation rapide. Quel inspecteur de la police française aurait pris le risque d’embarquer cette personnalité sans en référer, au moins, à ses supérieurs hiérarchiques lesquels, à leur tout, auraient contacté le ministre et celui-ci l’Elysée ? Fort de son statut et habitué aux mœurs françaises, l’inculpé aurait demandé au commissariat d’être traité comme un VIP au commissariat. Sa demande a failli provoquer l’hilarité parmi les policiers américains…
Ensuite, le fonctionnement de la justice. Le juge devant lequel on le présente après avoir fait la queue avec les autres délinquants n’a strictement rien affaire de son nom et de son statut. L’important c’est qu’il y a une victime et un accusé. La justice est la même pour tous ! Dans le pays soi-disant des inégalités, les individus sont libres et égaux. La formule de notre Déclaration des droits de l’homme s’applique à merveille de l’autre côté de l’océan, pas ici. La victime est une personne située à l’autre extrémité de l’échelle sociale que l’accusé. Cela n’a pas empêché la police et la justice de la défendre comme n’importe quelle autre personne. De même, dans le pays « du fric roi, de l’ultralibéralisme sauvage et de l’exploitation des employés par les patrons », la direction du palace n’a pas hésité à déclarer que la victime était une employée modèle alors qu’elle sait que la perte de leur client prestigieux représente un manque à gagner dans le budget…
Enfin, le comportement de la gauche française a été pitoyable. Il n’y a eu d’abord aucune compassion envers la victime, femme simple, immigrée, électeur potentiel d’une gauche « sociale ». Les dinosaures se sont empressés de défendre l’accusé au lieu de l’exclure du PS comme cela ce serait passé dans un autre pays. D’autant plus que les frasques sexuelles du personnage sont connues depuis très longtemps. Son comportement n’aurait pas du étonner outre-mesure. On a, au contraire, entendu des phrases du genre « un effroyable lynchage planétaire », « c’est comme ça que l’affaire Dreyfus a commencé ! » (JP Chevènement) ; « Je ne peux pas croire à sa culpabilité » (JC Cambadélis) ; « La justice américaine n’est pas sûre » (D. Vaillant). On a pu aussi entendre des phrases du genre : « Espérons qu’il aura droit à un procès équitable » (J. Lang) ce qui voudrait dire que les juges américains seraient partiels. L’inénarrable Jack Lang rajoutant : « Il n’y a quand même pas eu mort d’homme ». Mais pour la gauche française, la justice est équitable seulement quand elle rend un jugement qui lui est favorable. Pour elle, les patrons sont des voyous et les vrais voyous sont les victimes de la société ou d’un complot.
De même, se croyant en France, le n° 2 du PS (H. Désir) a demandé l’intervention de Nicolas Sarkozy dans cette affaire… Ces réactions démontrent la collusion de la justice et du pouvoir au sein de ce grand fromage qui s’appelle l’Etat et les politiques. Chacun a besoin de l’autre.
Pour un intellectuel comme JF Kahn, grand inquisiteur de Sarkozy à travers ses livres et sa revue, Marianne, cette affaire « fait le jeu de Marine le Pen », phrase cliché, utilisé par de nombreux politiques par le passé lorsqu’il s’agissait des affaires de justice ou des problèmes d’insécurité et d’immigration. Avant de rajouter qu’il ne s’agissait que d’un « troussage de domestique ». Pour BHL, son ami « n’a jamais pu faire ça » ! Est-ce que ces gens de gauche se rendent compte qu’ils insultent la victime et les autorités américaines ? Qu’ils contestent le témoignage de la femme de chambre justement à cause de son statut social ? Eux, qui passent la plupart de leur temps à taper sur le libéralisme !
Le comble c’est que l’accusé semble être un récidiviste : une jeune femme a été victime d’une agression semblable en 2002, elle en a parlé lors d’une émission télé mais au lieu de déclencher une enquête policière, ses paroles ont été coupées au montage ! En 2008, l’accusé a eu une histoire avec une subordonnée qui lui a failli coûter son poste de Directeur. La personne respective a écrit clairement que « cet homme ne devrait pas avoir des fonctions de responsabilité dans une institution où travaillent des femmes ». Que dire aussi de la première réaction de son épouse : « Je ne crois pas une seconde à toutes ces accusations. Mon mari est innocent… » ? Quelle arrogance ! Quel mépris !
Cette affaire représente aussi la déchéance d’une gauche caviar qui nous donne des leçons de morale depuis la place des Vosges et des palaces new-yorkais. A cette occasion, on apprend le train de vie d’un couple qui aurait pu arriver à l’Elysée en promettant de faire du « social » et de « lutter contre les inégalités » ! Arrêtons l’hypocrisie.
On ne l’a pas dit dans les médias mais cette histoire s’inscrit dans une mauvaise série pour les Français à la tête des institutions et organisations internationales : Jacques Attali obligé de démissionner de la BERD en 1993 pour dépenses « non-justifiées » et Edith Cresson de la Commission européenne en 1999 à cause de la mise en place d’un emploi fictif pour son…dentiste. Pas très glorieux pour la France…
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la gauche démocratique…
Qu’est-ce qu’il est facile de s’engouffrer à postériori et de crier avec les loups!Il est assez navrant de constater que peu d’opinions sortent du manichéisme réducteur et forcené ambiant.C’est très inquiétant.
Déjà , cher Monsieur le censeur, il serait plus élégant de ne pas vous excusez (=auto-absolution) mais de prier vos lecteurs de vous excuser.Bon je fais un peu de provoc!
Cette affaire DSK, en soi, ravive l’éternelle querelle et le sentiment d’injustice entre riches, puissants et pauvres , impuissants. N’en faites pas un modèle unique,absolu! Oui, il y a des injustices. Cette affaire fonctionne comme un révélateur.
Condensant des infos,maintenant très connues, rebattues. Votre analyse est caricaturale.
N’avez-vous aucun angle pertinent à nous proposer? vous empruntez les mêmes travers que vous reprochez aux autres:des amalgames et des jugements de valeur qui finissent par devenir stériles.
Je vous propose de décaler un peu le propos(si je reprends vos termes ou l’esprit):
La vrai démocratie américaine, mais c’est une caricature.
Il est toujours fort intéressant de comprendre les « vrais » motivations de ces « américains »( encore du généralisme caricatural)N’oubliez pas que ceux qui condamnent DSK sont des élus, ravis de pouvoir donner une leçon aux européens et aux Français. Sont-ils autant pavés de bonnes intentions et d’idéaux démocratiques que vous le croyez? Le premier temps judiciaire « égalitariste » de chaque jugement ne doit pas dissimuler le deuxième temps. Ne privilégie-t-il pas ceux pour chaque affaire qui ont les moyens de se défendre?Devrons-nous être étonné de trouver beaucoup de noirs dans les couloirs de la mort ( les aprioris racisme et les problèmes socio-économiques étant passés par là )
Pour être caricatural,à mon tour, l’homme,de cette belle démocratie US, ne se mesurerait-il pas à son poids en dollars?
La direction de l’hôtel quant à elle, a été mise devant le fait accompli. Ce sont les employés qui ont appelés la police. Une fois le procès lancé,la médiatisation moraliste installée,la direction va-t-elle prendre le risque de méjuger publiquement une de ces employés devant l’opinion américaine?…
En ce qui concerne le jugement des proches et des « amis », je ne suis pas surpris qu’ils aient eu l’attitude que je constate tous les jours, dans ces circonstances. Est-ce que si votre femme ou vos amis subissent les lazzis vous aurez la distance nécessaire? Saurez-vous, objectivement, extraire de votre jugement premier, immédiat,en prise avec l’affectivité l’émotion, les éléments justes?Ne seriez-vous pas le premier a soutenir mordicus que votre ami, votre femme ne pourraient avoir fait ce dont ils sont accusés. Il faut beaucoup de discernement et être capable de recul affectif pour voir « le réel ».C’est,malheureusement très courant de voir régner la subjectivité.
La machisme est un autre débat. Il est souhaitable que tout soit mis à plat pour réviser ses attitudes et faire un tri porteur (si je peux me permettre ce trait d’humour)
La gauche, caviar ou pas, ne se juge pas à sa richesse mais à ses convictions et ses résultats. Qu’est-ce que c’est que cette appréciation invraisemblable concernant l’appartenance politique et l’argent? Tout les gens qui ont de l’argent devraient donc être de droite et les pauvres de gauche?Dites-moi si je me trompe!n’y a-t-il pas un certains nombre de pauvres égarés dans les rangs de la droite? Il faut donc les renvoyer.
Bon, allez, profiter de la situation pour rabattre le caquet de la gauche mais après? Chaque mouvement politique se jette au visage, Å“il pour Å“il, dent pour dent, des reproches. Est-ce que cela fait avancer la politique et les mÅ“urs politique et la langue de bois? Est-ce qu’on n’est pas encore dans les défenses d’intérêts partisans et encore et toujours dans le simplisme(ne nous étonnons pas d’obtenir un rejet massif des citoyens envers le politique.Les jugements sont tellement caricaturaux et si peu honnêtes,ou capables de reconnaitre leurs imperfections et encore moins les résultats des autres camps.Toutes les barrières morales, les priorités sont confondues. Tout vaut tout et tout le monde se perd . La démocratie n’y perd-elle pas aussi?
Si vous décidez de relevez le niveau, je vous suis.Pour l’heure, je n’apprends strictement rien,c’est du resucé impersonnel. Bref du politiquement correct de droite.
Quand pointe la caricature et l’intolérance on tend vers des jugements ,prémices aux totalitarismes. Reprenez-vous? Sortez-vous du moutonnage bêlant et irréfléchi, existez, indignez-vous(cf. Hessel) hors de l’approximation et de la confusion dans la droiture intellectuelle! J’ai fait le donneur de leçon , comme vous!