Un article du Monde s’inquiète d’une tendance qui serait observable depuis plusieurs années en Suède : la déliquescence du « modèle suédois », lequel serait en passe de devenir un anti-modèle, tant les inégalités entre « riches » et « pauvres » se seraient creusées ces derniers temps. Cette situation aurait prétendument pour origine les politiques libérales appliquées dans les années 90, qui visaient à soustraire l’économie et la société suédoises à la férule de l’État. Or si l’on a pu en effet constater en Suède (cf. graphique ci-dessous) une augmentation de l’écart entre revenus disponibles réels des 5% les plus riches et des 5% les plus pauvres durant la période 1991-2013, cela n’implique en rien que les moins riches se soient appauvris de jour en jour, au contraire. Par ailleurs, la Suède avait en 2019 un coefficient de Gini (qui permet de mesurer l’inégalité des revenus dans un même pays) de 0,39, et arrivait ainsi devant la France (0,44) et devant l’Allemagne (0,49).
Source : Bureau central des statistiques (Statistiska centralbyrån)
suédois. (https://www.oecd.org/fr/economie/etudes/Su%C3%A8de-2017-etudes-economique-synth%C3%A8se.pdf)
Revenus avant impôts par adulte. Lecture : en Suède, le coefficient de Gini des revenus avant impôts est de 0,39.
Source : World Inequality Database – Données 2019 – © Observatoire des inégalités
En outre, d’après l’auteur de l’article, la qualité des services publics suédois aurait baissé ces dernières années en raison d’ « une politique néolibérale qui ne jure que par les privatisations, les dérégulations et le recul de l’État ». Or, le désengagement de l’État suédois de secteurs tels que l’éducation, la santé, la poste, les télécommunications, ou encore les chemins de fer, a eu de nombreux effets positifs. En 2020, PostNord, qui émane de l’ancien monopole d’État sur les services postaux, restait le principal acteur avec 80% de parts de marché ; mais il se trouvait être de plus en plus concurrencé par le norvégien CityMail (19% de parts de marché), le reste étant partagé entre 27 autres sociétés privées. Le même phénomène est observable pour les transports ferroviaires. L’ « usager » peut donc comparer différentes offres et sélectionner celle qui correspond le mieux à ses besoins, au meilleur prix. De plus, le désengagement de l’État a permis de ramener la dette à 38,8% du PIB en 2019.
Au lieu de voir la Suède comme un anti-modèle, nous devrions bien plutôt nous inspirer de ses succès en France.
2 commentaires
La République de France n’est pas très loin de la Suède et plus près encore de la Grèce quand il s’agit de Dette surtout si on prends en compte la Dette officielle et celle qui n’est pas intégré dans les comptes là ce n’est plus du 49.3
Le Monde est le média des collectivistes et ne s’encombre pas d’honnêtes commentaires et analyses si ceux-ci s’appuient sur dsa faits n’allant pas dans leur sens.
Beuve-Méry doit se retourner dans sa tombe!