Alors que la constitution tunisienne stipule, depuis plusieurs décennies, que l’islam est religion d’État, une nouvelle version du texte pourrait mettre un terme à cette référence. Une révolution néanmoins modérée, puisque la nouvelle constitution parlera tout de même de l’appartenance de la Tunisie “à une Oumma dont la religion est l’islam”, la Oumma se traduisant par la nation selon Kaïs Saïed, président tunisien.
Dans les pays qui ont fait de l’islam leur religion d’Etat, on ne peut pas en pratiquer une autre, et les lois doivent souvent s’inspirer de la charia, la loi islamique. Les non-musulmans y sont des dhimmis (protégés), statut issu de la charia, qui les astreint à un impôt et à certaines restrictions sociales. La Oumma, elle, désigne l’ensemble des musulmans du monde, quelles que soient leurs appartenances tribales, ethniques ou nationales. Un pays en faisant partie doit appliquer les lois islamiques et surtout se considérer comme partie d’une nation différente, plus importante que les autres nations du monde : l’Islam.
Dans le monde musulman, qui s’étend de l’ouest de l’Afrique au Pakistan et de la Somalie à l’Ouzbékistan, et inclut également l’Indonésie, tous les pays, à l’exception du Liban, pluri-confessionnel, et de la Syrie (où le chef de l’Etat doit cependant être musulman), intègrent d’une façon ou d’une autre l’islam dans leur constitution, sans forcément en faire une religion d’Etat. Ainsi, même dans les pays dont l’islam n’est pas religion d’Etat, les lois islamiques peuvent avoir un impact non négligeable et les non-musulmans subir certaines discriminations, notamment pour accéder aux postes de pouvoir. La nouvelle constitution de la Tunisie n’est donc pas à proprement parler révolutionnaire. Au-delà de ce symbole, il reste à examiner les lois qui seront votées et appliquées.
2 commentaires
1/ Dans les pays qui ont fait de l’islam leur religion d’État, on ne peut pas en pratiquer une autre, CETTE INFORMATION N’EST PAS JUSTE…JE SUIS FRANÇAIS RÉSIDENT AU MAROC ET IL EST TOUT A FAIT POSSIBLE DE PRATIQUER SA RELIGION CATHOLIQUE…ENTRE AUTRES, TRÈS LIBREMENT….
2/ De plus, il s’agit d’une opération « politique tactique » pour placer des gardes fous contre les islams intégristes venus d’ailleurs…en temps réel aujourd’hui.
C’est une première avancée significative d’un axe qui devrait se développer dans le temps et avec l’évolution culturel du peuple tunisien que je connais bien…
Soyons lucides et réservés aujourd’hui car demains sera un autre jour avec d’autres influences géopolitiques, la Religion étant considérée comme un « outil politique », au même titre que le pétrole, le gaz et le blé, entre autres.
Qu’on se le dise.
Ne boudons pas notre plaisir ! La Tunisie avance pas à pas vers l’éveil des consciences…