Un des deux seuls candidats d’opposition enregistrés à la présidentielle tunisienne, Ayachi Zammel a été condamné hier, mardi 1er octobre, à 12 ans de prison. A quelques jours seulement du scrutin de dimanche, cette élection que le président sortant, Kais Saied, est assuré de remporter avec un score « soviétique » de 95 %, est devenu un simulacre ridicule de démocratie, ce qui achève de liquider les espoirs nés du printemps arabe dans une région où il avait, finalement, peu de chance de prospérer faute d’ancrage historique et de tradition libérale.
Elu démocratiquement en 2019, Kais Saïed est accusé par ses opposants et les défenseurs des droits de dérive autoritaire depuis un coup de force le 25 juillet 2021 lors duquel il s’est octroyé les pleins pouvoirs. Cet ancien professeur de droit public a complètement piétiné à cette occasion la Constitution, avec, il est vrai, le soutien de la majorité des Tunisiens, horripilés par l’ineptie de la classe politique, après presque dix ans de démocratie.
La justice reproche à M. Zammel d’avoir enfreint les règles sur les parrainages, réputés particulièrement difficiles à réunir. Il fallait soit 10.000 signatures d’électeurs, soit de 10 parlementaires ou de 40 élus de collectivités locales. Chef du petit parti libéral Azimoun, il est l’un des trois candidats retenus dans une liste « définitive » de l’Isie, aux côtés du président sortant Kais Saïed, 66 ans, et de Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabiste. Une coalition de l’opposition de gauche et de personnalités proches du parti islamo-conservateur Ennahdha, formation qui avait soutenu M. Saied en 2019, ont appelé à voter en sa faveur pour « tourner la page » de l’ère Saied. L’ONG Human Rights Watch a dénoncé le fait qu' »au moins huit candidats potentiels ont été poursuivis en justice, condamnés ou emprisonnés » et, de facto, « empêchés de se présenter ».