Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, annoncera peut-être sa démission ce lundi 29 avril 2024 (pour des raisons personnelles). Souhaitons que cela n’ait pas pour conséquence de stopper la grande réforme de la fonction publique que vient de lancer José Luis Escriva Belmonte, ministre de la Transformation numérique et de la Fonction publique
Le texte présenté à la mi-avril 2024 prévoit que les rémunérations des agents publics soient clairement liées à l’atteinte d’objectifs. C’est, selon le ministre, le meilleur moyen de disposer d’une administration « plus moderne et innovante », adaptée « aux changements technologiques » et aux besoins des citoyens.
Pour ce faire, les fonctionnaires seront évalués individuellement chaque année. Les résultats de cette évaluation, a précisé le ministre, « auront des effets sur la progression dans la carrière professionnelle et affecteront les critères d’attribution des emplois ».
Autre volet de la réforme : la mobilité du personnel. Il s’agit de faire migrer les fonctionnaires d’un service à l’autre pour répondre aux besoins. Le ministre veut mettre fin à l’immobilisme, et faire en sorte qu’il y ait une porosité entre les administrations qui manquent de personnel et celles qui en ont trop.
Comme la France, l’Espagne cherche à (re)motiver ses fonctionnaires. Mais cette réforme pourrait être rendue inefficace par les autres projets du gouvernement. Nous pensons, par exemple, à la réduction du temps de travail qui devrait faire passer la semaine de 40 heures à 37,5 heures, à l’augmentation du nombre de logements sociaux, à la hausse des dépenses sociales, etc. Bref, un programme tout ce qu’il y a de plus socialiste.
Le Premier ministre Sanchez se gargarise des réussites de son pays : la croissance a été de 2,5 % en 2023 (+ 0,9 % en France), et le déficit public de 3,7 % du PIB (5,5 % en France). C’est vrai, mais il ne faudrait pas oublier que les Espagnols sont très peu productifs, que les investissements privés destinés à la recherche et à l’innovation ne représentent que 0,8 % du PIB et demeurent parmi les plus bas de l’Union européenne (1,5 % en moyenne), que la dette publique atteint 107,7 % du PIB…
N’oublions pas non plus que Sanchez n’a pas réussi à faire voter son budget 2024 par le Parlement où il n’a pas de véritable majorité. L’alliance hétéroclite entre les socialistes et des indépendantistes de tout poil peut exploser à tout moment et fragiliser l’économie espagnole.