Equipe de France de football et élections législatives : Marcus Thuram contre le RN, Kylian Mbappé contre les extrêmes

L’équipe de France de football ne dispute pas seulement l’Euro, elle s’intéresse aux élections européennes.  Après que plusieurs joueurs ont appelé à voter sans autres précisions, Marcus Thuram n’a pas hésité le 15 juin à déclarer : « Il faut se battre pour que le RN ne passe pas ». L’Equipe (16 juin 2024) l’a loué et le quotidien sportif a même titré sa une « Thuram engage les Bleus ». Il semble qu’il soit allé un peu vite en besogne.

Marcus Thuram est le fils de Lilian Thuram, un des joueurs français les plus capés et… les plus marqués politiquement. L’Equipe précise benoîtement que dans le salon de ses parents se trouvaient plusieurs ouvrages et discours, dont ceux de Malcom X, le champion américain de l’islamisme…

Jusqu’à ces dernières années, les footballeurs de l’équipe de France montraient beaucoup de réticences à s’exprimer sur les sujets d’actualité. Il at fallu que Jean-Marie Le Pen déclare qu’il y avait « trop de Noirs » dans l’équipe nationale pour que les sélectionneurs successifs le renvoient dans ses buts (L’Equipe, 13 juin 2024).

La sortie de Marcus Thuram a suscité des réactions contrastées. Elles ont bien entendu été laudatives à gauche et à l’extrême gauche. Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, avait d’ailleurs appelé de ses vœux une prise de position de l’équipe de France. Les réactions ont été cinglantes à l’extrême droite : « Le sport ne doit pas être politisé », a rétorqué un parlementaire européen du Rassemblement national (RN). Le porte-parole du parti, Julien Odoul, a tonné : « Le citoyen Marcus n’a jamais dit un mot pour exprimer sa tristesse quand (…) toutes les jeunes victimes ont été massacrées par la racaille. Ras-le-bol de ces donneurs de leçon privilégiés qui prennent les Français pour des imbéciles ! ».

De deux choses l’une :

• soit les sportifs restent dans leur domaine de prédilection et, dans ce cas, ils n’ont aucune légitimité à faire part publiquement de leurs opinions politiques. La Fédération française de football a rappelé son obligation de neutralité, sans compter le fait qu’une équipe de sport se doit d’être unie et que le meilleur moyen de porter atteinte à sa sérénité est de la diviser politiquement ou, comme il y a quelques années, religieusement ;
• soit les sportifs entendent se prononcer de manière publique sur les élections et l’honnêteté exige alors qu’ils dénoncent toutes les atteintes aux libertés sous peine de verser dans l’engagement moral à géométrie variable. On pourra alors se demander pour quelle raison Marcus Thuram a mis en garde contre l’extrême droite, sous-entendue raciste et xénophobe, mais pas contre l’extrême gauche antisémite. On pourra aussi se demander pour quelle raison il n’a pas dénoncé le programme économique et social marxisant du Nouveau Front populaire, d’autant plus que celui-ci mettrait à bas l’économie française en général et qu’il fragiliserait les clubs de football hexagonaux en particulier. Il est vrai que Marcus Thuram joue en Italie à l’Inter Milan et qu’il ne serait pas touché directement par les mesures arriérées des Insoumis…

Intervenant le 16 juin, Kylian Mbappé a choisi le terrain politique, mais en visant, lui, « les extrêmes aux portes du pouvoir », et pas seulement le RN. Il n’est pas sûr que Fabien Roussel ait apprécié, pas plus que Jean-Luc Mélenchon qui, lui, cherche à racoler le vote des banlieues…