La conversion de Saül sur le chemin de Damas comme celle de Claudel un soir de Noël à Notre-Dame de Paris comporte le même caractère aussi subit qu’imprévisible, aussi mystérieux que miraculeux. Alors l’académicienne multiplie ses exemples qu’ils soient bibliques ou littéraires, légendaires ou réels. A l’image de St Antoine, de St François d’Assise et de bien d’autres, elle associe, sans scrupules, joie et ascétisme, paix intérieure et contemplation. Les saints ne sont pas des surhommes. Ils se contentent simplement d’une grotte, d’une robe de bure comme abris, d’un animal comme ami, qu’il soit lion, chien, oiseau ou cochon, mais toujours capable de compassion, de fidélité ou de guérison. Ces hommes profondément religieux sont tout simplement des prophètes de vérité, des phares de lumière pour « les simples d’esprit ».
Mais ce qualificatif est loin d’être péjoratif. Il concerne « les humiliés, les ignorants, les offensés », les mendiants de vérité. Ainsi peu à peu l’auteure en vient à dénoncer une rigidité intellectuelle de la lettre au détriment de l’esprit et du cœur. Cet intellectualisme froid entrave la joie de vivre, de donner et de contempler. Perdu, l’homme ne sait plus dire merci, réfute le sacrifice, ignore l’Esprit Saint et ne trouve pas son chemin de Damas. Essai plein de poésie et de références au monde de l’art sacré. A lire en période de cécité.