Violences au Stade de France : ils sont tous coupables (le préfet de Police, le ministre de l’Intérieur, la Justice, la Première ministre, le Président de la République…). Voici pourquoi.
ZÉRO POINTÉ : pour le préfet de Police à qui, faute de temps et en dépit des alertes, l’organisation et le contrôle ce rassemblement ont visiblement échappé. Même s’il peut prétendre avoir évité le pire, il a quand même laissé s’installer sans vraiment réagir le trou noir de la racaille au sein de son dispositif. Il n’a en outre pas eu le réflexe de veiller par tout moyen à la conservation des supports vidéo détenus par de tierces institutions, dont on craignait sans doute qu’ils mettent trop à mal des versions officielles très fluctuantes, mais auxquelles il est vrai désormais personne ne croit plus guère.
ZÉRO POINTÉ : pour le ministre de l’Intérieur, dont les propos cherchaient visiblement à occulter les pillages et les agressions d’une racaille envahissante et fière de son impunité, mais qu’on veut dissimuler au monde entier dans la perspective fébrile des prochains Jeux Olympiques. En outre, les chiffres officiels à haute volatilité sur la géométrie très variable de la fausse billetterie se sont trouvés constamment démentis par la plupart des sachants et des témoins directs au fur et à mesure de leur arrivée sur les plateaux d’information. Quant au caractère prétendument « nauséabond » du rappel insistant de certaines réalités qui lui déplaisent, le ministre verse une fois de plus dans une rhétorique éculée et dans le déni pour évacuer sa propre responsabilité, sans s’apercevoir qu’il y a de son côté force silences et mensonges qui ne sentent pas très bon.
ZÉRO POINTE: pour la Justice dont aucun magistrat – y compris au plus haut niveau, mais à quoi pensent-ils donc? – n’a eu le réflexe élémentaire de préserver à temps auprès des tiers concernés les supports de surveillance vidéo par les réquisitions idoines, alors que dès le samedi soir du match, on savait parfaitement que les débordements observés ne sauraient se réduire au seul effet de simples désordres de billetterie et que peu de temps après se trouvait confirmé le lancement de l’enquête du Sénat qui impliquait les sauvegardes nécessaires. À noter que de son côté, l’Assemblée nationale a trouvé dans le calendrier électoral un prétexte opportun pour se désintéresser complètement d’un événement grave, fort dommageable pour l’image du pays, mais sur lequel, hors opposition, la plupart des élus de la majorité ont préféré faire profil bas.
ZÉRO POINTÉ : pour la Première ministre, car ses promesses toutes neuves de sincérité et de transparence semblent avoir été immédiatement prises en défaut sur cet événement, sur lequel elle a immédiatement débranché sa communication et dont on voit bien qu’il agace prodigieusement le Président. Ses promenades dans le Calvados lui ont permis de fuir opportunément l’air vicié de la capitale.
ZÉRO POINTÉ : pour le président de la République, lui-même, exposé crûment en France et à l’étranger en plein accès de déficit régalien. Il a fait mine, sans convaincre, de considérer que son implication personnelle avait pris fin à l’instant même où il a réussi à arracher in extremis à l’UEFA le transfert de la finale de St Pétersbourg à Paris, même si tout le monde savait dès l’origine qu’une telle finale nécessite normalement une année pleine de préparation.
ZÉRO POINTÉ : pour l’UEFA qui ne brille pas par ses initiatives, ni par son empressement pour déterminer l’origine, cerner l’ampleur et pointer les causes d’un fiasco retentissant et dans lequel elle se trouve partie prenante, à moins que le procès Blatter/Piatini ne mobilise toutes ses forces en repoussant à des jours meilleurs l’enquête indépendante qu’elle a promise sur les incidents du Stade de France. N’arrange évidemment pas les choses la récente révélation par le Daily Mail que l’UEFA aurait, sous la pression du Gouvernement français, consenti à expurger son rapport originel des références aux scènes de pillages et d’agression que tout le monde avait vues quasiment en direct.
ZÉRO POINTÉ : pour la Fédération française de football (FFF) qui, tout en s’adaptant aux sinuosités des déclarations du pouvoir, n’a pas réalisé qu’au-delà de sa possible mise en cause dans les désordres intervenus, ses supports de gestionnaire pouvaient apporter un concours précieux et même irremplaçable à la justice. On le regrette d’autant plus que l’un de ses directeurs a fait part du caractère extrêmement violent des agressions perpétrées. Mais ce zèle éradicateur va grandement faciliter l’enquête indépendante de l’UEFA en cours en la recentrant efficacement sur des sources « non violentes » bien contrôlées par le pouvoir. Il reste quand même à vérifier d’après les dires d’un ancien directeur du Stade de de France si, avant d’être détruites, les images n’auraient pas essaimé sur d’autres sites plus discrets et plus… soucieux d’une saine conservation des preuves.
ZÉRO POINTÉ pour le garde des Sceaux, qui a cru bon de se maintenir à saine distance d’un événement, dont tout le monde savait qu’il ne pouvait qu’avoir des prolongements judiciaires, aussi bien en France qu’à l’étranger.
ZÉRO POINTÉ : enfin pour Aurore BERGÉ, présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée nationale qui, pour désamorcer l’affaire, n’a pas craint d’affirmer dans le style qu’on lui connaît : on a suffisamment d’éléments qui permettent une enquête, comme si la dame avait eu le loisir de visionner personnellement l’ensemble des supports sauvés de l’écrasement. Et quand bien même les éléments restants permettraient une enquête, il n’empêche que l’étendue et les conclusions de cette enquête resteront constamment entachées d’un doute quant aux images irrémédiablement détruites par au mieux l’incompétence, mais probablement aussi la bêtise, sans pouvoir exclure la servilité ou la duplicité des uns et des autres.
Terminons dans l’indulgence d’un 3 sur 10 pour la RATP qui a montré une fois de plus son art consommé de pourrir la vie des usagers, sans du tout se soucier de savoir si la grève annoncée mettrait ou non en danger le public rassemblé. À retenir pour les prochains Jeux Olympiques ! Par contre, après des informations contradictoires il semble bien qu’un responsable soit parvenu à empêcher l’écrasement des supports vidéo.
Enfin, un grand bravo à tout ce petit monde dont, après avoir ridiculisé les Sénateurs qui n’en croyaient pas leurs oreilles, les carences conjointes ou synchrones, les déclarations intempestives et contradictoires, les effacements opportuns ou les silences obstinés ont confirmé au monde entier que notre République était plus mensongère qu’exemplaire. Impuissante à reconnaître honnêtement et spontanément ses manques ou ses erreurs, elle se défausse en accusant sans preuve à la vitesse de l’éclair. C’est ainsi qu’incapables de dénombrer sérieusement quelques centaines de racailles éparses mais généralement bien connues des services de police, nos dirigeants savent recenser d’un seul coup d’œil pas moins de 70 000 sujets de sa gracieuse Majesté, sans qu’il en manque un seul. Et il y avait très certainement beaucoup d’images à cacher pour que d’un même mouvement, la FFF et le Stade de France détruisent avec un ensemble confondant tout ce qui aurait pu à la fois impliquer leur responsabilité et révéler les mensonges du pouvoir en place. On appréciera à leur juste mesure les explications fournies, dont on apprend que chacun bidouille dans son coin ses propres délais de conservation des supports vidéo – qui vont de trois jours à un mois, en passant par une semaine – sans qu’il existe apparemment en haut lieu le moindre souci de coordination, ni d’harmonisation entre les différents acteurs en cause et les autorités publiques. Sûr que nos amis anglais et nos amis espagnols ne vont guère apprécier la fâcheuse propension des supports français à s’auto-effacer sans crier gare, ce qui marque l’émergence d’une sorte de droit local numérique accéléré à l’oubli guère compatible avec la lenteur légendaire de la Justice. On connaît déjà l’opinion du maire de Liverpool qui ne se gêne pas pour dénoncer haut et fort une action coordonnée afin d’occulter ou effacer ce qui gêne. Mais on préfère rassurer tout de suite nos hôtes : qu’ils ne s’impatientent pas : en dehors des deux malheureux policiers surpris à gazer inopportunément deux individus plus ou moins récalcitrants, il n’y aura pas de coupables. Car, même si elle ne peut prétendre à l’apparat et au faste du Royaume-Uni, la France est un pays qui a ses usages, dont le sérieux est établi. La preuve : cela fait des lustres qu’on n’y recherche même plus les responsables, puisqu’on sait bien chez nous qu’ils ne sont jamais coupables.
Une seule vraie consolation quand même : la France n’est sans doute pas près de se voir confier à nouveau une finale UEFA. Le public du rugby ne posant pour la prochaine Coupe du Monde pas du tout les mêmes problèmes que celui du football, reste à craindre l’échéance 2024, celle des Jeux olympiques. D’ores et déjà, le criminologue Alain Bauer a ouvertement et publiquement dénoncé les risques insensés qui pèsent sur l’organisation d’une cérémonie inaugurale présentement conçue à ciel et à fleuve ouverts. Mais on a encore deux ans pour éviter qu’à rebours de sa devise et sans flotter le moins du monde, la capitale du pays, une nouvelle fois, ne sombre incontinent dans le ridicule et le chaos, (« mergitur nec fluctuat », comme ils disent en latin !).
10 commentaires
Zéro pointé pour les français qui vont revoter allègrement pour tout ce beau monde.
C’est bien cela, le plus stupéfiant !!
Cette affaire démontre la déliquescence dans laquelle est tombé notre beau pays ! Résultat de près de 40 ans de socialisme !!
le pire dans tout ça, c’est l’impunité dont jouissent tous ces gens-là.
Leurs fautes, leur mauvaise foi évidente, ne leur vaudront jamais de sanctions.
Qui plus est, ils sont couverts par la complaisance des médias dominants ; ça les met en quelque sorte à l’abri : « passons au sujet suivant » et on n’en parle plus.
Dans le privé il s’agit d’une faute lourde justifiant un licenciement sans préavis et sans indemnité. Tout ce beau monde devrait « bénéficier » de cette procédure et se retouver chez Pôle Emploi mais il n’e,n sera rien, ils sont à l’abri des conséquences de leur faute. C’est ce que l’on appelle le pouvoir sans les responsabilités qui vont avec. Par contre le peuple qu’ils méprisent subit le coût de leur irresponsabilité mais n’a quasiment aucun pouvoir. Les élections ne sont qu’illusions. Quand un bâteau de pêche revient au port il a déjà trié ce qu’ont ramené ses filets et rejeté une partie à la mer. Un second tri est effectué avant de proposer le produit de la pêche à la vente. aucun tri n’est effectué quant aux candidats à la députation. j’ai suffisamment vécu pour en constter les résultats sur une longue période.
Moi je n’irait pas par quatre chemins, je dirait tout simplement que nos chers dirigeants sont tous des menteurs et que cela pour une fois pourrait leur servir de leçon, donc plus de possibilité de laisser dire et de ne rien faire, comme nous en sommes totalement convaincus !!! CHICHE à juger et à voir pour la suite et les suites.
Voilà un superbe exemple de la suffisance de ces messieurs-dames, pour faire court c’est : circulez y a rien à voir. Ils sont toujours contents d’eux, sûrs de n’être jamais inquiétés, ils nus mentent avec un aplomb stupéfiant. Vous avez vu la prestation de Darmanin face aux sénateurs, quelle prétention, quel manque d’humilité. Quant à la Bergé elle a été égale à elle même. Macron est parti en voyage et ne fera rien, il semble être parti pour 5 ans de roue libre.
Il y a une réalité statutaire sous le règne de Monsieur MACRON… :
• « Ne rien lui demander de ce qu’il ne peut pas donner »
A priori la SECURITE PUBLIQUE ne fait pas partie des préoccupations de ce gouvernement ?
Ainsi, pourquoi se pose t’on la question des « télescopages » du stade de France ?
Il n’y a rien à voir, passons à la question suivante….
A suivre
Excellent article. Facile à lire et très compréhensible. Il devrait faire l’objet d’une campagne publicitaire au niveau national par un affichage 4 x 3.
En tout cas ce n’est pas un zéro pointé pour cet article où on reconnait bien là,la pugnacité de Monsieur Thierry Benne.
La même qu’il dispense dans ces colonnes pour défendre le droit des retraités.