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Le seul objectif de la transition écologique est d’étatiser la société

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La folie écologique n’a pas de limites. Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson estime qu’il faudrait mobiliser 55 à 85 milliards d’euros par an en France pour lutter contre le réchauffement climatique, soit environ le produit de l’impôt sur le revenu (plus de 70Md€ en 2018). « Or, en 2018, constate-t-elle dans Le Monde du 20 février, on en a investi 41 milliards, venant des particuliers, des entreprises, des collectivités, de l’Etat ». Une semaine auparavant, dans une tribune publiée dans Le Figaro du 13 février, 86 députés entrainés par un ex-LREM ont réclamé le retour d’une « fiscalité carbone juste socialement ».

Certes, le président de la République a voulu mettre un holà à l’impôt pour éviter toute provocation à l’égard de quelconques gilets jaunes. Mais la foire aux idées est ouverte pour taxer sans augmenter les prélèvements, une façon en quelque sorte de suivre, de manière plus moderne, le conseil de Colbert consistant à « plumer l’oie sans qu’elle criaille ». Ainsi, François Bourguignon, professeur à PSE, propose dans Les Echos du 21 février 2019 de taxer encore pour augmenter « le prix relatif des biens et services les plus intensifs en émission de carbone pour en réduire la consommation ». En contrepartie, il souhaite que la taxe soit restituée aux contribuables sous forme de transferts ou de biens publics, parce que « l’objectif de la fiscalité carbone est d’amener les consommateurs à dépenser leur revenu de façon plus écologique ». Il va même jusqu’à envisager des rétrocessions en espèces pour constituer « l’embryon d’un revenu universel », cette machine à généraliser la redistribution sociale à toute la société pour la mettre toute entière dans la main de l’Etat.

Brune Poirson est plus prudente : « Ce n’est pas en augmentant les impôts que nous pouvons remédier aux 30 milliards de sous-investissement chronique ». Mais non moins résolue. Sa solution est «de faire venir l’argent privé pour combler ce sous-investissement » qu’elle estime à 290 Md€ par an au niveau européen, soit deux fois le montant actuel des crédits de paiement européens annuels, et plusieurs milliers de milliards au niveau mondial. Car selon elle « l’argent existe, il est tout simplement au mauvais endroit et finance des projets mauvais pour la planète ». Elle veut donc mobiliser « ces masses de financement privé », par exemple les 1 600 milliards d’euros d’assurance vie en France. Et comme les investisseurs pourraient légitimement craindre que ces investissements soient trop risqués ou peu rentables, elle propose que l’Etat les estampille, les labellise et les garantisse ! Elle conclut, péremptoire : « Les politiques publiques doivent permettre aux entreprises et aux particuliers de comprendre où il faut investir ». Vous l’avez bien compris, nous sommes entrés dans un régime planificateur de type soviétique qui permet encore aux investisseurs de placer leur argent, mais à condition que ce soit en respectant les consignes étatiques.

D’ailleurs, sous la présidence d’un agent public (comment un représentant du privé pourrait-il savoir aussi bien assujettir la société aux plans étatiques ?), Alain Quinet directeur à la SNCF, un comité théodule a été créé avec l’idée de fixer une « valeur tutélaire du carbone », c’est-à-dire une valeur à la tonne qui permette d’évaluer et sélectionner les investissements utiles à la lutte contre le changement climatique. Avec l’aide de la très gauchiste agence gouvernementale France Stratégie, le comité propose un prix « tutélaire » de 250€ à horizon 2030 en souhaitant que cette valeur soit définie au niveau européen. Ce qui veut dire que toutes les actions qui coûtent moins que ce prix devraient être engagées par les entreprises, voire par les particuliers. Un moyen de se défausser sur les contribuables des dépenses nécessaires à ces objectifs arbitraires fixés par des instances irresponsables au seul nom de leur volonté dirigiste et constructiviste.

Mais en attendant d’obliger chacun à faire ces investissements privés (dans l’intérêt général bien sûr !), d’ores et déjà l’idée est d’inciter les oies à décider elles-mêmes de se faire plumer. Plusieurs entreprises ont déjà adopté volontairement des règles tendant à évaluer leurs investissements climatiques en utilisant la notion de valeur tutélaire. Elles se soumettent aux injonctions étatiques avant même que celles-ci soient énoncées, par une sorte de syndrome de Stockholm observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une forme d’empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci.

Si seulement nous étions certains que ce soit utile ! Mais le problème est que ces milliards sont dépensés sur la base d’hypothèses indémontrées. Certes, une partie de ces dépenses sert aussi à combattre la pollution qu’il est souhaitable de réduire au mieux. Mais la majorité sert sans doute à vouloir dompter le climat qui pourtant depuis des millénaires oscille entre périodes de glaciation et de réchauffement indépendamment de l’activité humaine. Il ne s’agit en fait que d’une nouvelle manifestation de l’hubris humain, cet orgueil de l’homme qui veut être dieu, une volonté de puissance que le marxisme avait exprimée et dont l’écologie étatique est une résurgence. Pire encore, à moins que cela ne revienne au même, ces écolos de l’extrême n’adorent peut-être la planète que pour éviter d’aimer leur prochain comme Jean-Jacques Rousseau notait déjà que « Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins » (Emile ou De l’éducation, Livre 1, 1762).

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6 commentaires

yuropp 26 février 2019 - 10:58

Taxer le carbone ? Chiche !
Produire du CO2 c'est mal ! Ça réchauffe la planète en plus de toutes les autres causes de réchauffement. C'est pour cela (?) que les fonctionnaires de l'écologie font la guerre au diesel, qui a le tort de ne pas produire assez de CO2 par rapport aux autres moteurs. Passons…

Et pourquoi les émissions de CO2 d'un haut fourneau, d'un incinérateur ou d'un bateau de pêche serait-elles "moins graves pour la planète" que la même quantité de CO2 émise par une voiture ? Pour le plaisir du pointillisme administratif ? Pour justifier le salaire d'une armée de "copains verts" qu'il faut bien caser quelque part ? Ou juste pour faire tourner la "pompe à phynances" (chère au canard enchainé) ?

Alors, s'il faut taxer les émissions de carbone, au moins faisons le "à la source" : au cul du pétrolier, du gazier ou du charbonnier. Plus, pour ne pas pénaliser les industries locales, tous les objets importés, selon leur "contenu carbone" (pour les plastiques, c'est facile ; pour l'acier ou les voitures, c'est un peu moins évident).
Avec une taxe uniforme, strictement proportionnelle à la quantité d'atomes de carbones contenus dans le produits (ou utilisés par les réactions chimiques lors de la production), fini les magouilles et les passe-droits "masqués" ! Et fini aussi les calculs byzantins sur la taxe-truc et la taxe-machin, et l'usine à gaz pour les calculer et les percevoir (c'est donc l'opportunité de "mettre au frigo" des dizaines de milliers de fonctionnaires-taxeurs). En prime, voila de quoi inciter les industriels à économiser la matière première, alors que la méthode actuelle (taxation "à la sortie") favorise l'immobilisme technique…

PS : quelqu'un a essayé de calculer l'empreinte carbone d'un fonctionnaire écologique ? Pour le payer, le retraiter, le stocker (stockage diurne et nocturne), l'alimenter en formulaires, l'informatiser, le cheffiser, etc., plus calculer et collecter des taxes pour payer tout cela ?

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legrand 26 février 2019 - 11:45

Le système, sinon, rien !
ce que vous appelez à juste titre "la folie écologique"est la nouvelle illustration du besoin d'une majorité de Français d'avoir le support d'une idéologie pour se tenir debout. Alors,au diable les réalités!

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Genevieve 26 février 2019 - 11:54

Laudato si
Pourriez vous relire l'encyclique Laudato Si et reprendre votre article en acceptant qu'il n'y ait pas qu'une vision communiste etatique qui pourrait chercher des chemins de solutions pour les déséquilibres mondiaux actuels… Merci

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orilou 26 février 2019 - 4:58

écologie et dépense publique
L'isolation à 1€ est l'exemple même du gaspillage de l'argent public au nom d'une doctrine : un marketing forcené, qui doit rapporter gros car il se poursuit même après réalisation des travaux! Des travaux sur la pertinence desquels on pourrait s'interroger (isolation de garages ??) réalisés par des entreprises qui semblent ne faire que cela… avec des ouvriers venus de l'étranger (entre autres Moldavie) et ne parlant même pas le Français. On devrait pouvoir faire mieux pour inciter aux économies d'énergies.

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PICOT François 27 février 2019 - 1:41

Superbe arnaque
Le CO2 responsable du réchauffement climatique? Elle est bien bonne. Il est parfaitement improbable qu'un gaz qui ne représente que 0,04% des gaz atmosphériques puisse produire un pareil effet de serre. Et si c'était le cas comment se fait il que l'augmentation du taux de carbone dans l'atmosphère soit consécutif à l'augmentation des températures et non pas l'inverse, comme on nous le martèle du matin au soir? Tout ceci, outre le fait de nous soumettre un peu plus, ne sert qu'à une seule chose : nous obliger à mettre, une fois encore, la main au portefeuille. Excellente manipulation cette taxe carbone. Chapeau.

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Red From Tex 24 septembre 2019 - 3:56

"Il est parfaitement improbable qu'un gaz qui ne représente que 0,04% des gaz atmosphériques puisse produire un pareil effet de serre"…

Vous pouvez nous produire les calculs de bilans radiatif par lesquels vous arrivez à cette affirmation ?

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