Le Secours catholique et d’autres associations viennent de faire paraître une longue étude intitulée « L’injuste prix de notre alimentation. Quels coûts pour la société et la planète ? » (88 pages). Le titre renvoie à la vieille notion de « juste prix » associée à des idées écologiques contemporaines très à la mode.
Selon l’éditorial, il n’existe pas d’opposition entre le « droit à la santé », le « droit à un travail », le « droit à un revenu décent » et finalement le « droit à l’alimentation » (p. 3). Cela confirme que les droits sociaux sont extensifs et liés les uns aux autres.
L’étude donne ensuite sa conception du prix. Que le lecteur ne s’attende pas à retrouver la conception classique de la rencontre de l’offre et de la demande ou la conception hayékienne d’un processus de découverte. La définition n’est pas économique, mais sociologico-politique : « Le prix est une construction sociale », le « reflet de la valeur accordée par la société » et le « reflet de choix politiques ». Or, accuse-t-elle, « la formation des prix alimentaires est particulièrement opaque » (p. 7).
En effet, l’étude énonce à juste titre que « le prix de l’alimentation n’est pas toujours celui que l’on croit, car il n’est pas seulement celui que l’on paye en caisse ». Elle évalue les impacts écologiques, sociaux et de santé du système alimentaire à 19 milliards € par an (p. 14). Mais surtout elle chiffre pour 2021 à 48,3 milliards € le montant du soutien public du système agricole et alimentaire par le biais de subventions, d’achats directs et d’exonérations fiscales ou sociales (p. 16. Voir pp. 31-32 et 70 s.).
Or, le Secours catholique refuse la croissance du nombre de Français en « insécurité alimentaire », des diabétiques, et des agriculteurs sous le seuil de pauvreté et avec un risque accru de suicides, comme elle refuse la disparition des oiseaux des champs et l’abandon des captages d’eau potable à cause de la pollution (p. 13).
Mais ce que dénonce le Secours catholique, ce n’est pas le tombereau d’aides accordées aux agriculteurs et la masse réglementaire qu’ils subissent, ce n’est pas le « pognon de dingue » que dépense notre État providence, c’est la mauvaise répartition des aides et l’absence de « pilotage unifié » en matière agroalimentaire (p. 18).
Ses recommandations (pp. 85 s.) sont de deux ordres, le premier étant de loin le plus fourni :
- Au niveau national, il faut « démocratiser » le système agricole et alimentaire, et le « piloter vers le droit à l’alimentation ». Traduction : il faut politiser plus encore la matière et totalement centraliser les grandes orientations de l’agriculture, de l’alimentation, de la santé et de l’écologie. A cet effet, il faut inscrire un nouveau droit social dans la Constitution : le « droit à l’alimentation », et il faut adopter une « loi-cadre » à ce sujet. Traduction : il faut accroître l’interventionnisme tous azimuts. Logiquement, il convient d’« améliorer l’accès aux droits ». Il faut également « développer et labéliser des maisons solidaires de l’alimentation durable », « former leurs animateurs à l’éducation populaire ». « Ces maisons doivent être des lieux d’accès à une alimentation durable pour tous », « des lieux d’émancipation où se renforce le pouvoir d’agir de chacun sur son alimentation », selon un jargon qui mêle collectivisme frelaté et écologisme sirupeux. Il faut aussi « massifier la transition agroécologiques » (nous reprenons toujours la novlangue), notamment en encadrant les taux de marge appliqués par la grande distribution sur les produits bios, encensés par l’étude, et il faut « réguler (en fait réglementer) la pub » (on croirait lire sur ce point le programme de l’illuminé René Dumont lors de l’élection présidentielle de 1974…). Bien entendu, il convient de « réguler (lire : réglementer) le commerce international », entre autres en mettant en place un « moratoire sur les accords de libre-échange ». Autrement dit, l’étude prône une forme de protectionnisme aux fins explicites d’une « souveraineté alimentaire » qui ferait bien plaisir à Jean-Luc Mélenchon mais sans doute beaucoup moins aux agriculteurs et aux consommateurs, tant des pays développés que des pays pauvres.
- Au niveau local, l’étude reprend la recommandation relative aux « maisons solidaires de l’alimentation », ajoutant ainsi à l’interventionnisme national un interventionnisme local. Elle prévoit le fait de « restreindre et freiner l’implantation des fast-foods » et le fait de « réguler (toujours la même observation : réglementer) voire interdire l’affichage publicitaire ».
En résumé, l’étude du Secours catholique est très « française » : au moins autant d’impôts, plus d’interventionnisme, plus de réglementations, plus d’interdictions, et en définitive un appauvrissement et une diminution des libertés pour tous ceux que l’on veut protéger, fût-ce contre eux-mêmes, agriculteurs comme consommateurs.
3 commentaires
ce régime bolchévique touche a sa fin !
En fait il convient de créer des étables comme pour le bétail !!!
Si je comprends bien il est urgent de cesser de faire des dons au Secours Catholique qui prône le « droit à l’alimentation durable », et il faut se précipiter chez Mac Do avant que le Secours Catho ne réussisse à l’interdire.