La liberté est le premier mot de la devise nationale, mais cela n’en fait pas une cause importante pour les candidats à la présidentielle. Si l’on ne saurait s’en étonner de la part de certains candidats de gauche, c’est un peu plus décevant de la part des candidats à l’opposé sur l’échiquier politique.
Si l’on cherche le mot « liberté » dans les programmes des candidats de droite à la présidentielle, on déchante vite. Il n’est présent nulle part dans celui de Valérie Pécresse et une fois seulement chez Éric Zemmour. Quant aux occurrences dans celui de Marine le Pen, elles sont concentrées sur la partie concernant l’immigration, et ne se trouvent que dans des expressions canoniques et législatives. Pas trace, par exemple, d’une quelconque liberté d’entreprendre.
Chez Marine le Pen, pas de liberté sans la présence de l’Etat
Pourtant, la candidate du Rassemblement National ne semblait pas si mal partie, avec son slogan « Libertés chéries » et la lettre en tête de son site de campagne qui promet que « autour d’un État restauré dans ses fonctions régaliennes, la Nation sera rétablie dans sa souveraineté et ses libertés. » Ce mot reste curieusement absent de son programme, et les termes « responsabilité » et « initiative » ne parviennent pas à faire pencher la balance, avec des occurrences rares et pas toujours pertinentes. Pour Marine Le Pen, la liberté est d’abord celle de contrôler son immigration. Elle propose donc de modifier l’article 55 de la Constitution pour y inscrire que la sécurité nationale, le maintien de l’ordre public, la protection de l’identité et la sécurité des Français sur le territoire national sont « de la seule responsabilité de la France ». Cette proposition était somme toute attendue. La responsabilité est également présente dans le programme concernant les Outre-Mer, mais pour protéger la nature.
La subsidiarité, qui devrait être un terme cher à tout président de la République, est également totalement absente. Quant à l’initiative, elle est mentionnée dans le projet concernant le tourisme mais il s’agit… de la réglementer. Selon Marine Le Pen, les initiatives de la multitude d’acteurs de ce secteur ne sauraient être bénéfiques que par l’intervention d’un « Etat stratège » pour les « mettre en synergie ». On aurait pourtant cru que ces acteurs étaient capables de se rapprocher eux-mêmes autour de projets pertinents pour eux, et surtout de le faire bien mieux que l’Etat. Pareil étatisme a été masqué par la candidate dans sa rencontre avec des entrepreneurs à l’invitation du mouvement Ethic, où elle affirmait que l’entreprise était « l’alpha du fonctionnement du pays ». L’entreprise n’est peut-être pour elle que l’alpha, et apparemment pas l‘oméga !
Du côté de Zemmour, la subsidiarité n’existe pas
Éric Zemmour, l’outsider de cette campagne, avance cinq thèmes majeurs : l’identité, l’instruction, les impôts, l’industrie et l’indépendance. La présence des mots prisés par tout libéral est rare, mais pouvait-on attendre autre chose du candidat colbertiste capable de dire que l’argent public n’existe pas, ce qui est exact, pour proposer ensuite une prime de naissance de 10 000€ pour chaque enfant né dans une zone rurale, ce qui est absurde ? Éric Zemmour a le libéralisme timide, ou opportuniste : il ne l’utilise que lorsqu’il pense que cela rencontre les attentes de son électorat.
Faut-il donc s’étonner que la subsidiarité et l’initiative ne figurent nulle part dans son programme, et qu’il ne fait allusion à la liberté que lorsqu’il s’agit d’indépendance ? Il prévoirait ainsi de « rétablir l’indépendance nationale comme fil directeur de notre politique extérieure et de défense », par le nucléaire et la remise en question de certains traités et normes internationaux. Selon lui, « ce n’est qu’à ce prix que nous nous réapproprierons notre souveraineté ou, pour le dire plus directement, notre liberté ». Elle est ici l’affranchissement des réglementations trop lourdes de Bruxelles, et l’on pourrait s’en féliciter si cette occurrence n’était pas un peu seule dans le programme du candidat. Quant à la responsabilité, elle n’apparaît que dans le programme sur l’éducation, pour affirmer qu’il « en va de notre responsabilité de mettre fin à [la] gabegie pédagogique ». On aurait aimé qu’Éric Zemmour précise que le renouveau de l’éducation se fera grâce à une politique donnant toute son autonomie au privé et qu’il en profite pour parler du  chèque-éducation.
Quant à Valérie Pécresse, dans son programme centré sur l’écologie, le travail et l’immigration, nulle trace de liberté, de responsabilité, de subsidiarité ou d’initiative. C’est un peu surprenant si l’on considère son parti, beaucoup moins si l’on s’en tient à son profil. Même si les candidats, au gré de leurs discours, peuvent parfois, quoique peu souvent, parler de liberté, d’initiative, voire de responsabilité, il n’en est que rarement question dans leurs programmes respectifs. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement », et ces mots forts mériteraient une place plus importante dans des programmes se réclamant de la droite. Les candidats qui voudront défendre la liberté ne doivent pas se concentrer uniquement sur celle, par ailleurs primordiale, de se déplacer en sécurité. La liberté, en France, c’est aussi l’entrepreneuriat, l’éducation, les soins de santé, l’initiative privée, la liberté de disposer de ses biens. Dommage que ces valeurs soient si peu défendues, car cela augure mal du prochain mandat, quel qu’en soit le, ou la, titulaire.
5 commentaires
Merci pour cet excellent article qui remet l’église au milieu du village.
Merci pour cet excellent article qui remet l’église au milieu du village.
Dommage qu’avec le politiquement correct ambiant, jugulé par les médias, on ne puisse solliciter les électeurs sur votre programme.
La liberté n’est pas une priorité. C’est pourtant elle qui permet l’épanouissement, l’initiative et donc la prospérité. Mais la prospérité n’est pas non plus une priorité. Seul le pouvoir compte.
Non la politique nataliste n’est pas hostile à la liberté au contraire elle rend enfin les familles capables de choisir d’avoir des enfants d’entré libres de le faire
Non la suppression des droits de succession que propose Zemmour n’est pas une politique hostile à la liberté au contraire puisque cet impôt rend impossible l’exercice de la première des libertés celle de la propriété et du droit d’utiliser ses biens à sa guise !
Faut pas s’étonner que le Français n’aille plus voter avec cette bande de ….
On va avoir affaire à un « bis repetita » et devoir de toute façon se retaper le même.
PhB