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« De l’assurance maladie au partenaire bien-être », de Jean-Charles Samuelian-Werve (StoryLab Editions)

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Alan, créée en 2016, l’une des 26 licornes françaises, est une entreprise d’assurance santé en ligne. Présente en France, en Espagne et en Belgique, l’entreprise compte 300 000 adhérents en Europe et a franchi, en 2021, la barre des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Alan espère doubler le nombre de ses adhérents en 2022 – et même porter leur nombre à 3 millions à la fin 2025 – et poursuivre son implantation à l’étranger. La licorne vient de lever 183 millions d’euros, ce qui la valorise à 2,7 milliards d’euros, soit le double de l’année dernière.

L’un de ses fondateurs, Jean-Charles Samuelian-Werve vient de publier un ouvrage dans lequel il rêve à un « système de santé conçu pour nous aider à avoir le moins besoin possible de soins curatifs » et, par conséquent, dans lequel les soins de prévention seraient « plus facilement accessibles à tous » et dans lequel les professionnels de santé seraient soulagés « du fardeau administratif » afin de « se concentrer sur les problèmes critiques et sauver des vies ». Dans la vision du fondateur d’Alan, le système de santé serait « plus prédictif, proactif et préventif » et « pourrait nous permettre d’être moins malade et même aider les autorités à anticiper les crises. Personnalisé et adapté à nos besoins, ce système pourrait permettre de placer à nouveau les citoyens en son centre ».

Notre système de santé est « cher et à bout de souffle »

Avant de nous présenter ses solutions pour l’améliorer, l’auteur fait un état des lieux peu reluisant de notre système de santé. Celui-ci est, en effet, « cher et à bout de souffle » : la qualité de service offert aux patients s’est progressivement dégradée, les déserts médicaux se multiplient, le personnel soignant est sous pression constante, la prévention est un échec, la santé mentale n’est pas prise en compte alors qu’il y a « un lien fort entre la prévalence de maladies physiques chroniques et de troubles psychiatriques », enfin « les luttes d’intérêts (et d’avantages acquis) prévalent sur le besoin de transformation de notre système ».

Pour Samuelian-Werve ,« Ne pas transformer ce modèle, c’est nous condamner à une explosion des coûts, à l’automédication des citoyens qui perdent la confiance scientifique et, enfin, à une stagnation de la durée de vie ou, pire, à une régression ».

Heureusement, il existe quelques raisons d’espérer. D’abord, les citoyens veulent reprendre le contrôle de leur santé et de leur bien-être. Ensuite, les médecins sont de plus en plus acteurs du changement, alors qu’ils y étaient très majoritairement opposés il y a 10 ans. Enfin, les start-up du secteur de la santé se multiplient et arrivent à lever des fonds de plus en plus importants. Samuelian-Werve cite une autre raison d’être optimiste : les initiatives de l’État qui vient notamment de lancer « Mon Espace Santé » avec un angle d’État-plateforme « qui ouvre d’énormes perspectives ». L’auteur nous permettra d’être sceptique sur ce dernier point car, malheureusement, l’État français a plutôt fait preuve de résistance au changement ces dernières années. Quant à devenir un État-numérisé comme l’est l’Estonie, encore faudrait-il que les Français lui fassent confiance pour améliorer les choses dans la société, ce qui n’est le cas que d’un tiers d’entre eux selon un sondage Ifop d’il y a quelques mois.

Changer de paradigme

Plutôt que d’entamer des débats sans fin sur « les meilleurs moyens de permettre aux citoyens de payer un système vieillissant, qui in fine ne convient plus à personne », Jean-Charles Samuelian-Werve propose de changer de paradigme, c’est-à-dire de remplacer l’assurance-maladie par un partenaire bien-être. L’idées est « d’aider les citoyens à utiliser le moins possible le côté réactif du système, ‘les soins de santé traditionnels’ ».

Pour y parvenir, le fondateur d’Alan livre de nombreuses idées. Dévoilons-en quelques-unes.

Il veut, par exemple, que l’on s’appuie davantage sur les données, notamment celles issues « d’un suivi continu, comme si on faisait son check-up annuel en permanence » (nombre d’applications mobiles le permettent aujourd’hui), mais aussi les données génétiques, et celles collectées par les différents professionnels de santé et jalousement maintenues dans des silos. Grâce à l’intelligence artificielle, ces données permettront d’affiner les diagnostics, de reconnaître les maladies plus tôt et d’accélérer le travail médical. Elles facilitent, par ailleurs, des prescriptions médicamenteuses plus adaptées au cas de chacun. Les données permettront aussi de mieux informer les patients, de leur donner la possibilité de comparer les prix et la qualité des soins, de connaître le taux de complications des hôpitaux et cliniques, de prendre connaissance des avis des autres patients sur l’établissement et le praticien, etc.

Il souhaite, par ailleurs, développer la télémédecine. La pandémie de covid lui a fait faire un bond considérable. Il est nécessaire, selon l’auteur, de réaliser « les interventions fréquentes et routinières du médecin » à distance, car cela coûte moins cher et permet de réserver la visite chez le médecin à l’écoute et à la délivrance d’un service personnel sur mesure en fonction de l’âge et de de la situation de chacun. Les médecins deviendront des « coachs de santé ». La consultation à distance faciliterait aussi l’accès des ruraux aux meilleurs médecins des grandes villes.

Enfin, adopter de nouveaux modèles économiques. Samuelian-Werve regrette qu’aujourd’hui, tout soit fait pour ne pas communiquer clairement au patient ce qu’une visite chez un médecin ou un examen va coûter. C’est, pour lui, « totalement déresponsabilisant », tant pour le citoyen que pour le professionnel de santé. Il est donc nécessaire de rendre les coûts transparents. Il convient aussi de rééquilibrer « les incitations financières » en ne rémunérant pas seulement l’acte mais aussi ses résultats. Il est, par ailleurs, nécessaire d’impliquer financièrement les patients dans leur santé, notamment en les incitant à utiliser le système de soin à bon escient, et donc en « récompensant la baisse de consommation à impact égal ». Pour cela, « La Grande Sécu » n’est pas la solution. Au contraire, il convient de laisser les patients choisir librement leur assureur santé. Bref, faire entrer la concurrence dans l’assurance maladie, une solution que l’IREF préconise depuis toujours. Cette concurrence permettrait, notamment, de faire émerger des « services premiums pour ceux qui peuvent se l’offrir, non pas pour créer des inégalités, mais pour amorcer de nouveaux axes d’innovation avant que les prix de ces technologies ne baisse ».

Samuelian-Werve propose une véritable révolution du système de santé, mais ne reste pas sur le seul plan des idées. Avec Alan, il agit. Par exemple, en réglant « 90 % des soins présentés au remboursement en une heure ». Ce n’est peut-être pas encore la révolution, mais la Sécu est bel et bien dépassée…

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3 commentaires

THIERRY C. 7 mai 2022 - 4:22

Cet entrepreneur vient nous vendre sa boutique. Il « fait le job ».
Je ne le lui reproche pas. Je refuse de me voir imposer un système anonyme, automatisé, se situant à l’opposé de tout ce que peut et doit être la « consultation ». D’ailleurs, elle a toujours été cette relation de confiance dès lors que le médecin est CHOISI par le patient. Tout a été cassé lorsque des crétins ont estimé qu’il fallait limiter le nombre de médecins pour limiter les coûts.
Cette vision socialiste qui nie la capacité de l’homme à réfléchir et à être maître de ses choix est à l’origine de nos maux et a permis l’enfermement de la population saisie par la peur, pour le seul bénéfice matériel d’une infime minorité. Réfléchissons et restaurons l’école.

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Philbert Carbon 11 mai 2022 - 8:46

L’avantage de la concurrence est que vous pourrez choisir le système qui vous convient le mieux.

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DUMOND 9 mai 2022 - 6:15

Bjr,
Comment peut-on envisager de baisser les dépenses de la sécurité sociale, lorsque l’on incite les individus à se précipiter chez un spécialiste au moindre bobo, sans parler de la publicité permanente pour les médicaments, vaccins, contrôles divers et variés, tant sur les chaînes de TV qu’à la radio, etc… etc…
Ne serait-il pas préférable de rappeler quelques bases élémentaires d’hygiène de vie ?

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