Le parti fondé par Eric Ciotti, l’UDR, a organisé le 8 avril son second colloque pour promouvoir « une révolution fiscale ». Il formule diverses propositions courageuses qu’évoque Jean-Philippe Feldman. Il préconise, comme nous le faisons à l’IREF depuis longtemps, un impôt sur le revenu simplifié avec deux taux à 5 et 20%. En outre, il envisage la suppression de la CSG/RDS (9,7%) sur les revenus d’activité. J’ai présenté à ce colloque, comme je le fais régulièrement à d’autres cercles politiques ou intellectuels, l’IREF demeurant indépendant de tout parti politiques, le projet d’impôt simple que je préconise et dont j’ai mesuré les effets. Plutôt que de supprimer la CSG qui est déjà une flat tax, il me semble préférable de l’intégrer dans ce nouvel impôt simple.
La complexité tue l’impôt
Il est en effet nécessaire de refonder nos impôts qui sont inconséquents. Ils sont si élevés qu’il faut sans cesse, pour les rendre plus acceptables, les trouer de niches, c’est à dire d’exceptions, de dérogations, d’abattements particuliers, de déductions spécifiques, de crédits et autres déductions qui sont autant de cadeaux et souvent d’injustice. Dans le PLF 2025 on dénombre 474 niches appelées délicatement « dépenses fiscales » pour évoquer des régimes dérogatoires qui sont des charges pour le budget, à raison de 85Md€ en 2025, dont 42 Md€ au titre de l’IR. Sans compter, d’une part les remboursements et dégrèvements, d’autre part les dépenses en atténuation des recettes, les uns et les autres portant plutôt sur les modalités de recouvrement.
Au surplus, l’impôt sur le revenu est compliqué à calculer. Il est perçu après des abattements et franchises divers. Au-delà d’un taux zéro jusqu’à 11 497€ par part, son barème comporte 4 taux de 11 à 45%. Mais en réalité les Français ne commencent à payer de l’impôt qu’au-delà de 17 000 € environ par part. Moins de 45% des Français payent l’impôt sur le revenu !
Il en ressort un embrouillamini et une complexité considérables qui rendent l’impôt illisible et imprévisible, alourdissent la charge des contribuables et celles des services de recouvrement, affectent également le rendement de l’impôt.
Le produit de l’impôt sur le revenu devrait être de 93,5 Md€ en 2025. Celui de la CSG, beaucoup moins percluse de niches, même si elle n’en manque pas, devrait être de 131 Md€. Pourtant les taux de CSG sont encore relativement modestes, principalement de 6,2 (revenus de remplacement) à 9,2 (revenus d’activité ou du capital). L’assiette de la CSG, proche de 1 700 Md€, est supérieure de près de 50% à celle de l’impôt sur le revenu.
Il faut un impôt simple
La simplification de l’impôt, avec un taux unique et raisonnable, permettrait de le rendre plus prévisible et plus acceptable, moins arbitraire et moins nocif. Ce serait le même impôt pour tous les revenus.
L’IREF propose de fusionner l’IR et la CSG pour en faire un nouvel impôt, avec une assiette commune qui serait celle de la CSG, donc beaucoup plus large, et un double taux : un taux de base applicable sur tous les revenus, égal aux taux actuels de la CSG, augmenté d’un taux uniforme de 15% après franchise unique de 17 000€ par part, sous réserve de quelques modalités annexes.
Cet impôt simple serait prévu pour contribuer aux dépenses générales de l’Etat, y compris dans ses missions de solidarité. Modérément progressif, sa constitutionnalité ne serait pas contestable, le Conseil constitutionnel exigeant de manière plus que contestable que l’impôt sur les revenus soit progressif !
Selon mes calculs, le rendement de l’impôt serait équivalent, voire supérieur, à l’actuel rendement de la CSG et de l’IR.
Un impôt libéral
Outre son rendement, cet impôt aurait bien des avantages.
- Le taux de fraude serait réduit par sa simplicité et sa modicité mêmes : pourquoi frauder pour gagner au plus 15% ? D’autant que facile à déclarer et à percevoir (l’impôt sur une feuille de papier à cigarette disaient les deux chercheurs américains qui l’ont défendu, Hall et Rabushka), l’impôt serait aussi facile à contrôler.
- Payés par tous, cet impôt serait démocratique. Il responsabiliserait chacun en lui faisant mesurer la charge des dépenses publiques par la contribution requise à cet effet.
- Il serait conforme aux termes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. » (article 13).
- A ce titre, il serait juste comme le fruit d’une véritable égalité devant l’impôt, appliqué à tous les contribuables, sans possibilité pour eux de jouer avec les niches et autres petits arrangements.
- Le taux affiché de 15% serait attractif pour les étrangers et notamment pour les chercheurs et cadres aujourd’hui réservés à l’égard de la France à cause de sa fiscalité réputée excessive.
- Plus généralement, cette simplification et rationalisation de l’impôt autant que sa modération contribueraient à libérer les énergies de tous ceux qui ont envie d’entreprendre et de travailler mais qui sont aujourd’hui découragés par le poids des prélèvements et leur complexité. C’est une vielle règle énoncée déjà par le ministre d’Henry IV, Barthélemy de Laffemas, que les « hauts taux tuent les totaux ». A l’inverse, des taux modérés favorisent la croissance et la dynamique d’un pays.
Certes, ce serait aussi un changement de philosophie politique au travers d’une certaine neutralité de l’impôt qui laisse les citoyens libres de leurs dépenses et du choix de leurs ressources sans que l’Etat ait à les inciter à acheter de l’immobilier locatif ou à faire des travaux de rénovation thermique. Ils le feront naturellement si c’est leur intérêt. L’impôt proportionnel empêche l’instrumentalisation du régime d’imposition. Il limite les interférences du pouvoir dans tous les secteurs de la vie économique et sociale.
Les qualités de la flat tax font d’ailleurs son succès dans une trentaine de pays étrangers comme dans une dizaine d’Etats aux Etats-Unis. Alors pourquoi pas en France ?
6 commentaires
“Ils le feront naturellement si c’est leur intérêt”
On devrait appliquer cette heureuse maxime à tous les aspects de la vie économique.
Et pourquoi ne pas simplement supprimer l’impôt sur le revenu ? Les avantages seraient nombreux.
On pourrait baisser les salaires qui grèvent les comptes des entreprises. On pourrait supprimer un grand nombre de fonctionnaires qui ne servent pas à grand chose et qui ne serviraient plus à rien. Ainsi, on ferait baisser de manière drastique les coûts des biens et des services.
On pourrait faire la même chose avec l’impôt sur les sociétés. Là aussi tout deviendrait moins cher.
Nos entreprises deviendraient compétitives dans le monde entier. Et pour peu qu’elles soient alimentées par une électricité fiable,bon marché, et décarbonée, c’est-à-dire nucléaire, la France pourrait exporter dans le monde entier…
On pourrait en profiter pour supprimer l’impôt sur les plus-values immobilières et sur les successions.
On pourrait se contenter de la TVA pour faire fonctionner l’État.
Et tout le monde ne s’en porterait que mieux… Même les plus bas salaires ne seraient pas à découvert largement avant la fin du mois.
L’impôt le plus simple?… la TVA!
Supprimez purement et simplement L’impôt sur le revenu et remplacez le par l’impôt sur la jouissance (la véritable richesse)… la TVA.
La TVA contrairement a ce qu’affirment les imbeciles de gauche, qui affirment mais ne comprennent jamais rien, les vrais pauvres, qui consomment peu, sont épargnés d’autant plus qu’un taux de TVA est modulable. Dans cette approche le faux pauvre ne peut y échapper.
Et imaginez la simplification… pas de déclaration! Virez la moitié des fonctionnaires des impôts et mettez ceux qui restent sur la traque du travail au noir.
Un tel système serait un encouragement à l’investissement productif:
Achat d’actions: 0 TVA !
Achat d’œuvre d’art: TVA !
Souscription à une assurance: 0 TVA !
Achat de résidence principale: TVA
Achat d’immobilier pour louer: 0 TVA
Loyer: TVA
Achat d’automobile : TVA
etc.
On pourrait même envisager une TVA progressive… mais ce serait déjà un retour vers la complexité !
Ce serait en effet une bonne évolution de l’impôts sur le revenu.
Il faut surtout augmenter drastiquement le nombre de contribuables qui paient l’impôt et liquider la multitude de niches qui permettent d’y échapper ou de le réduire.
Entièrement d’accord avec cette proposition. Pour avoir travailler 40 ans à la DGFIP (anciennement DGI) je confirme la complexité de l’IR devenu de fait inéquitable. J’ajouterais une réflexion à votre propos : inclure dans la base imposable toutes les sommes perçues y compris les aides sociales, un bon moyen de lutter ici aussi contre les abus.