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Le privé et les impôts : les vaches à lait face aux vaches sacrées

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L’Histoire nous apprend que la servilité fiscale du peuple français s’avère presque sans limite. Nous sommes un pays écrasé d’impôts et qui ne se révolte pas. Il nous est expliqué que cette prédation massive des richesses par l’Etat serait nécessaire au nom des exigences de la justice sociale et du besoin de financement des services publics. Chacun peut cependant constater que ce discours tient de la fable. Comment expliquer, sinon, qu’avec un tel niveau de prélèvements obligatoires nous ayons aujourd’hui plus de neuf millions de pauvres, une école publique et des hôpitaux en quasi ruine, une justice et une police à l’agonie ?

L’impôt est une forme moderne de servage

L’impôt constitue, en France, un système de pouvoir au service d’une gigantesque oppression, par laquelle une caste tient sous sa botte une nation tout entière. Il s’agit ni plus ni moins que d’une forme moderne de servage drapée dans les apparences d’une démocratie. Le secteur privé sert de vache à lait, écrasé sous la tyrannie fiscale, condamné à nourrir les vaches sacrées de notre oligarchie. L’Etat finance une série innombrable de rentes, de privilèges et d’injustices avec l’argent du contribuable. Les profiteurs sont structurés en administrations, en organismes divers, en syndicats, en partis et en associations de toute nature, captant à leur avantage les ressources publiques. Ils maquillent l’opération en prétendant agir au nom de l’intérêt général. Ils mentent sans vergogne. Ils ont ainsi transformé des idéaux de solidarité pour en faire les faux nez d’un « hold-up » permanent. Le socialisme, la social-démocratie, le progressisme ne servent plus aujourd’hui que d’alibi au racket des populations.

L’économiste autrichien Joseph Schumpeter avait parfaitement prévu ce danger. Il en avait expliqué les causes. Le monde de l’entreprise, et particulièrement les classes moyennes libérales, se trouve en effet dans l’incapacité psychologique et sociale de lutter politiquement face aux oligarchies bureaucratiques et à leurs clientèles. Accaparés par leurs engagements professionnels, les catégories actives du secteur privé ne disposent pas du temps nécessaire, ni des savoirs politiciens, leur permettant de s’investir dans la conquête et l’exercice du pouvoir. De plus, par tempérament, ils sont plutôt des adeptes de la négociation, du compromis, de l’échange et du dialogue dans le but de parvenir à une coopération libre et harmonieuse avec ceux qui possèdent des intérêts contraires. Ils se trouvent par conséquent désarmés quand ils sont confrontés à des apparatchiks qui raisonnent, pour leur part, en termes de rapports de force, de contrainte et de domination. Les uns pensent comme Adam Smith et sa philosophie morale, les autres fondent leur compréhension du monde sur celle de Machiavel. Les uns savent travailler et produire de la richesse, les autres savent opprimer, taxer et confisquer. Les uns conçoivent les écoles et les universités comme les lieux d’apprentissage à l’industrie, au commerce et à la liberté personnelle, quand les autres en font des centres d’endoctrinement et de conditionnement aux mains de petits maitres idéologiques organiquement dépendants de l’Etat, car ne sachant vivre que d’argents publics.

Quant à la démocratie, elle se trouve rongée de l’intérieur, privée de sens

Les classes sociales du secteur privé ont cru qu’elles parviendraient à contrôler les oligarchies administratives grâce au recours à un système juridique chargé de protéger les droits fondamentaux, accompagné d’un système politique fondé sur la démocratie représentative. Il s’agissait ainsi de tenir en laisse la bureaucratie, de la maintenir sous la tutelle des citoyens pour éviter les dérives. Mais le monstre leur a totalement échappé. La loi ne défend plus les libertés individuelles concrètes, au premier rang desquelles se trouvait le droit de propriété en tant qu’il demeure le seul moyen de garantir au citoyen son autonomie d’existence face à l’Etat. Tout au contraire, nos lois modernes sont devenues des mécanismes d’encadrement des existences et de spoliation des biens. Il est d’ailleurs à craindre que les théories de l’écologie punitive qui sont en train de s’imposer progressivement ne fassent qu’accroître encore d’avantage la domestication des citoyens. Quant à la démocratie, elle se trouve rongée de l’intérieur, privée de sens et vidée de sa substance la plus élémentaire. La récente crise sanitaire a démontré d’une manière éclatante à quel point le Parlement, pourtant officiellement composé des représentants du peuple, a sombré en une simple chambre d’enregistrement des décisions prises par la haute administration et les cabinets d’experts qui la conseillent. Les dernières élections, marquées par un très important taux d’abstention et un vote en forme de rejet de Marine Le Pen plutôt que d’adhésion à Emmanuel Macron, maintiennent au pouvoir une clique fermée sur elle-même, poursuivant sa fuite en avant en matière de déficits et de dépenses publiques devenus absolument hors de contrôle.

La facture économique et politique de cette situation sera lourde. Les vaches sacrées se dressent toujours sur leurs trônes ou leurs autels, bien décidées à ne rien lâcher de leurs privilèges. Elles entendent plus que jamais faire payer leurs vaches à lait autant qu’elles le pourront. Et peu leur importe si tout finit en ruine.

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12 commentaires

Martinie 24 juin 2022 - 4:48

Un article cristallin qui peut servir à d’utiles enseignements notamment des l’école élémentaire là où devrait être instruites les futurs élites…

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Roven 24 juin 2022 - 5:30

La technocratie ronge le pays de l’intérieur en assoyant son pouvoir sur le prélèvement de la richesse nationale et en décidant seule de la répartition des chèques, c’est effectivement le rétablissement du servage. Elle a suffisamment d’ingéniosité pour mettre la poussière sous le tapis : ainsi le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu le dissimule au contribuable, qui ne voit quasiment que le net perçu, ce n’est plus l’état le voleur, c’est l’entreprise qui ne rémunère plus suffisamment son salarié. Suppression de même de la taxe d’habitation, impôt « visible » au profit des impôts indirects « indolores ».
Certains gilets fluos s’en sont néanmoins rendu compte, c’est une prise de conscience intéressante qui risque bien de renaître à l’automne, c’est bien ce qui effraie le petit pédant qui va nous gouverner sans godillots (au lieu de présider).

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Fasquelle lavoine jm 24 juin 2022 - 6:55

Ça va changer,les vaches sacrées vont se retrouver l’étable,plus d herbe fraîche et de bons pâturages.

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NewTone 24 juin 2022 - 8:38

pourquoi ne pas désigner clairement les personnes physiques ( les GROS SAIGNEURS) ayant rétabli le servage au profit des « serviteurs du public » et ne pas proposer LA solution préalable à toutes les autres « réformes » , pour revenir à un contrôle de l’argent public par la majorité des citoyens , c’est-à-dire ceux qui travaillent dans le secteur privé ? ( = le Nouveau Tiers Etat. NTE )
Cette « mère des réformes » est en réalité une révolution ( comme en 1789): supprimer le statut de la Fonction Publique qui est à l’origine de la création d’une caste de citoyens ( analogue à une mafia) aux droits différents du reste de la population. La mafia constituée par les « agents du secteur public » – en premier lieu les fonctionnaires- prospère aux dépends des citoyens du secteur privé. La seule voie pour supprimer le statut de la fonction publique, est à mon avis celle du référendum. Il ne fait pour moi aucun doute qu’une forte majorité de citoyens voteraient pour cette suppression, si on leur faisait connaître, en termes simples et brutaux, les privilèges – injustifiables- dont bénéficient les membres de cette mafia . Et s’ils prenaient conscience des conséquences – passées, actuelles, et future – de la véritable saignée fiscale résultant du financement de ces privilèges , sur le pouvoir d’achat des autres Français.
Le privilège le plus facile à démontrer, et à chiffrer ( au niveau national, comme au niveau de l’individu) est celui des retraites. Il ne faut malheureusement compter sur AUCUN député, ou parti politique, ou même « homme ou femme politique isolé » , pour entreprendre de faire connaître la VERITE sur les inégalités de notre « système de retraites » aux salariés et retraités du privé. La prochaine « réforme des retraites » , s’il en est votée une sous ce quinquennat, sera votée par des « croyants » , ignorants de la réalité, incapables de raisonner, et refusant même d’exiger que la vérité sur les inégalités Public/privé en matière de retraites soit faite, avant de « débattre » puis voter… Existe-t-il un media bénéficiant d’une forte audience, désireux et capable de faire connaître ces inégalités ?

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montillot dominique 26 juin 2022 - 7:17

Euh…. ne généralisez pas , encore une fois ! perso , ayant fait une  » ca^rrière » mixte public/privé ( d’abord 5 ans de privé , puis 25 ans de public d’Etat ( attachée ; cat A°) , entrecoupées – cause mari souvent muté – d’interims en : collectivités locales , coopérative agricole ) j’ai été en mesure de comparer les situations privilégiés/vaches à lait ( mes 2 enfants triment dans le privé ; ma belle famille est intégralement fonctionnaires , sauf ceux qui sont restés  » à la ferme » ou petits boulots du même type ) ! Je suis entièrement d’accord avec vous pour la suppression du statut de fonction publique et le passage aux contractuels  » éjectables » si boulot insuffisant/pas satisfaisant . Avec 31 ans 1/2 d’activité ; 10 ans d’arrêt pour élevage des enfants et suivre/intendance conjoint en stages , parfois avec triple loyer à payer , ma retraite de diplômée de Sce Po Paris n’ayant jamais magouillé dans la finance ou l’immobilier , est de 1400 euros brut tout inclus ( moins les impots et moins la mutuelle =>1150 net : privilégiée ???? ma belle-mère , ancienne ouvrière agricole issue de la ferme ; sans certificat d’études ; ayant travaillé à peine 10 ans en tout , a perçu durant ses 21 années de veuvage une confortable retraite de 2300 euros non-imposables et sans frais de santé aucuns ( tout pris en charge par la communauté des vaches à lait- fonctionnaires inclus, coincés à Paris avec loyer exorbitant de + de 55% DU SALAIRE , ne disposant que de 5 semaines de congés annuels, dont 2 seulement  » libres » ( 3 à consacrer à se faire chier chez belle-maman simplette et primitive…

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BERNARD Serge 24 juin 2022 - 9:13

Cet article de monsieur Olivier Barrat est excellent. Bravo tout est dit !
Serge Bernard

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Golfenberg 24 juin 2022 - 10:28

Constat si cruellement réaliste et pourtant objectif.
Le bon citoyen, légaliste, n’est plus au diapason de la fanfare politico-médiatique qui n’a plus de démocratique que cette valeur qu’elle s’auto-attribue.
Vers quel parti se tourner alors, à défaut d’en créer un nouveau, pour (re)trouver un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ?

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Obeguyx 24 juin 2022 - 11:09

Merci monsieur Olivier BARAT. Article limpide, clair, facile à comprendre. Mais que beaucoup contesteront car appartenant à la « caste » du secteur public chargé de nous « traire ». Savez vous qu’ils sont aujourd’hui plus 3 millions ? Une petite armée en quelque sorte qui se trouve de plus en plus interpénétrée par des étrangers nouvellement promus français afin que cette secte mafieuse continue de croitre et prospérer.

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Bernard GUILHON 24 juin 2022 - 2:45

J’ajouterai un détail, qui a son importance : la mafia des profiteurs est minoritaire dans le pays par rapport aux nombreux exploités. Dans une démocratie, elle ne pourrait donc pas survivre aux votes de la majorité. C’est pour cela que la démocratie, gouvernement de la cité par la majorité des citoyens, a progressivement été remplacée par la dictature des minorités : écolos, LBGT, féministes, anciens esclaves, etc. Question de survie.

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Picot 24 juin 2022 - 3:26

Bien vu. Vous avez tout dit. Mais il y aura une limite un jour : quand les entreprises seront ruinées les vaches sacrées n’auront, elles non plus, plus rien à manger.

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AlainD 24 juin 2022 - 8:16

Comment cela pourrait il changer ? Nous sommes « gouvernés » par une caste de hauts fonctionnaires vivant dans leur tour d’ivoire et dont les mains n’ont certes jamais connu le cambouis. Contrairement à ce que pensait, ou voulait nous faire, croire Macron ce pays n’est pas géré, les hauts fonctionnaires bien protégés et nantis saupoudrent de ci de là (les chèques énergie, alimentaires…) et comblent les trous avec des levées d’impôts et de taxes. Il suffit de voir l’importance de la dette française, fruit vénéneux d’années déficitaires. Pourtant nous engraissons des gouvernements pléthoriques avec force conseillers ministériels, sans compter l’appel aux cabinets de conseil dont il est permis de douter de l’utilité, sauf peut être quand une ministre fait appel au cabinet dont son époux est dirigeant. L’argent leur brûle les doigts d’autant plus que ce n’est pas le leur.
Le pire c’est que tous ces gens là ne sont jamais responsables de rien, ils ne rendent de comptes à personne, la Cour des Comptes a beau s’époumoner à dénoncer la gabegie, rien n’y fait puisque les rapports n’ont aucun pouvoir contraignant. Je ne parlerai même pas du copinage.
Dans une entreprise de capitaux privés les dirigeants fautifs de tels résultats seraient virés par un conseil d’administration ou un directoire selon le régime de la société.
Un changement est intervenu avec les élections législatives, tout du moins dans la composition de l’Assemblée, peut être les députés voudront ils mettre un peu d’ordre dans le fonctionnement de l’Etat.

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Véron 26 juin 2022 - 4:52

Ils payent si bien leur servage !

> Monseigneur, Louis le Hutin, abolissant le servage en 1315, a risqué grand tremblement pour votre royauté : la tradition féodale soumettait si bien les manants à l’autorité de vos ancêtres, comment resterez-vous assuré de leur allégeance ?
> Fol amuseur, laisse donc la politique à ton Roy et écoute-le pour cette fois : sache que je tiens mes gens en autorité bien plus fermement que par la force en demandant à mes prévôts de prélever la plus grande part de leurs récoltes.
Je leur distribue ensuite des prébendes pour les faire se loger, se nourrir, se transporter, et même pour acheter des chandelles. Si bien qu’ils dépendent de moi pour tout, bien plus certainement que s’ils étaient soumis par de solides liens de chanvre. Et, de surcroît, ils louent mes largesses qui les font vivre !
> Mon Roi magnifique, assurément goupil vous reconnaîtrait volontiers comme l’un des siens.

L’Esfronté Bouffon

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