Ça y est ! Le Brexit a eu lieu. Sans manifestations ou débordements dans les rues, sans violences ou dégradations, sans un mouvement de « gilets jaunes britanniques ». Les Anglais ont d’abord donné une leçon de civilisation à une grande partie de l’Europe en général et à la France en particulier. Même terriblement divisés lors du référendum de 2016, ils ont respecté la majorité (courte) qui a choisi la sortie de l’Union européenne. Malgré de très longues discussions acharnées avec les représentants de Bruxelles et au sein des partis politiques britanniques, l’apocalypse n’a pas eu lieu. La vitalité démocratique de ce pays a triomphé.
Des indicateurs économiques nettement meilleurs qu’en France
Il faut aussi rappeler qu’économiquement, le pays se porte terriblement bien. Le taux de chômage est à 3.7 %, du jamais vu depuis 1975 et plus de deux fois inférieur à celui de la France (8.5 %). Le taux d’emploi atteint 76.2 %, le niveau de 1971 alors qu’il est de 65 % en France. Même le déficit public est presque deux fois moins élevé qu’en France : 1.8 % contre 3.4 % du PIB.
La victoire de Thatcher sur Jacques Delors
Ceux qui ont voté en faveur du Brexit ont donné raison à Margaret Thatcher et à son fameux discours de Bruges de septembre 1988. A l’époque, le Premier ministre britannique s’inquiétait de la dérive bureaucratique européenne. « Nous Européens, ne pouvons pas nous permettre de gaspiller notre énergie dans des querelles internes ou dans d’obscurs débats institutionnels ». Elle s’oppose à la mise en place d’un nouveau traité qui devait notamment opérer des réformes institutionnelles allant dans le sens d’une plus grande intégration européenne et à la création d’une banque européenne centrale et d’une monnaie unique, Elle récuse l’idée d’une l’Union économique et monétaire (l’UEM), c’est-à -dire une politique monétaire européenne commune, ce qui signifierait une nette perte de souveraineté. Plus tard, dans ses mémoires, elle écrira que l’Europe « conçue pour être une libre association de nations souveraines et une communauté favorisant le libre-échange par un assouplissement de réglementations, dérivait vers le centralisme et l’étatisme ». Thatcher avait raison de s’opposer à l’Europe voulue par Jacques Delors. Le Brexit, l’antieuropéanisme actuel, les différents mouvements populistes s’expliquent aussi – mais pas seulement – par ce glissement bureaucratique européen et la suffisance des leaders européens pour lesquels c’est toujours Bruxelles qui a raison. Un vaste marché libre et concurrentiel aurait suffi pour faire vivre cette Europe sans la plupart des institutions administratives qui la polluent.
Une opportunité pour plus de liberté et de concurrence
Les Brexiters ont voté pour reprendre le contrôle de leur pays qu’ils voyaient de plus en plus dirigé par les fonctionnaires de la Commission. Paradoxalement, les régions britanniques les plus aidées par les fonds européens ont été celles qui ont voté le plus en faveur du Brexit. Elles ont considéré que leurs élus politiques accusaient trop souvent l’Europe pour se dédouaner de leurs propres erreurs. C’est aussi le cas en France où l’Europe fait partie, avec la mondialisation, les Etats-Unis, les multinationales…, des boucs émissaires préférés de nos politiques. Une manière de de ne jamais assumer ses responsabilités. Avec le Brexit, les choses seront claires.
Lors des élections du mois de décembre dernier, les Britanniques ont fait un choix clair : ils ont dit non au socialisme de Jeremy Corbyn. Même la classe ouvrière a rejeté les propositions marxistes du Labour. Les conservateurs ont gagné six points chez les ouvriers, les travaillistes en ont perdu 14. Le transfert des voix ouvrières en faveur du parti conservateur n’a pas d’équivalent depuis l’élection de Margaret Thatcher qui a d’ailleurs bénéficié, à chaque fois, de plus du tiers du vote ouvrier. Les dirigeants européens et français devraient en tirer les leçons et comprendre que les peuples n’ont pas forcément besoin de plus de protection, mais de plus de libertés. Qu’il ne faut pas décider à leur place et qu’ils peuvent se montrer responsables. De plus, une Etude du Center for the future of Democracy révèle que la confiance dans la démocratie s’érode en Occident. Plus de 50% des personnes interrogées dans la plupart des pays européens se disent désormais insatisfaites de leurs démocraties. C’est inquiétant.
Si tout se passe bien, le Brexit va accentuer la concurrence au sein de l’Europe ainsi qu’entre le Royaume-Uni et l’Europe. Tant mieux ! Le libre-échange et les libertés économiques sans les administrations et les réglementations inutiles peuvent profiter à tout le monde. A condition que l’on n’impose pas des droits de douane et des taxes pour « punir » un pays qui a quitté l’Europe.
En attendant, les Anglais étaient les plus acharnés défenseurs du libéralisme économique à Bruxelles, face à l’étatisme français. Espérons que le pragmatisme allemand nous protégera des propositions de taxation et de réglementation qu’avancent régulièrement les représentants français. Espérons aussi que Boris Johnson mette en place une politique économique thatchérienne, sinon tout sera vain.
6 commentaires
"Des indicateurs économiques nettement meilleurs qu’en France" : pas partagé par la presse mainstream
Capital : "Le coût astronomique engendré par le Brexit pour le Royaume-Uni !" (https://www.capital.fr/economie-politique/le-cout-astronomique-engendre-par-le-brexit-pour-le-royaume-uni-1309061) Comment répondez-vous à cela SVP ?
Merci
Re : "Des indicateurs économiques nettement meilleurs qu’en France" : pas partagé par la presse mainstream
Il s’agit d’un article du 1er octobre 2018. Puis, mon article ne porte pas sur le coût du Brexit mais sur les résultats économiques et sur le marché du travail en 2019.
Cordialement
NL
Donc vous ne réfutez pas les conclusions de l'article de 2018 ? Les indicateurs économiques au Royaume Uni sont subitement devenus nettement meilleurs qu'en France en 2019 alors qu'ils étaient moins bons fin 2018 ?
Je ne vous critique pas. j'apprécie votre travail et votre article est bien argumenté. Je cherche à comprendre.
Merci
Re :
En fait, le Brexit vient de commencer. C’est trop tôt pour savoir son coût et ses conséquences… Tout ce que j’ai voulu montrer c’est que l’apocalypse n’a pas eu lieu après le référendum de 2016…
habituel
La GB n'a jamais accepté la présence d'une grande puissance en europe continentale. Elle reste dans sa ligne, maintenant qu'elle est sure que l 'Europe ne sera qu'un grand marché, elle peut se retirer pour assurer sa propre politique non contrainte par des règles inappropriées. Les Anglais seront toujours plus forts que les peuples continentaux. JR
Le Brexit…
Un gros avantage pour la France,rarement évoqué,est qu'il n'y aura plus à payer tous les ans le "ticket britannique " qui se chiffre ,quand même,entre 1.5 et 2 milliards d'euros!