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La baisse de la natalité ou le déclin du monde

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natalité
La baisse de la natalité se constate partout sauf dans les pays les plus pauvres. Elle est la cause autant que l’effet du mal-être des peuples.

En 1963, le taux de fécondité dans le monde, indiquant le nombre d’enfant par femme, était de 5,3. En 2022, il était de 2,27. Mais il n’était encore positif que parce que les pays pauvres avaient un taux supérieur à 4 (4,5 en Afrique subsaharienne). Il était de 1,8 en France et de 1,66 aux Etats-Unis. La Chine est le pays dont le taux de fécondité était le plus bas en 2022 : 0,7. Mais la Corée du sud, où l’on vend plus de poussette pour chiens que pour enfants, ne faisait guère mieux : 0,8. Le mal atteint tous les pays développés. Depuis 2022, la natalité y poursuit sa descente aux enfers, aux Etats-Unis comme en France et ailleurs. On s’éloigne toujours un peu plus du taux de 2.1 nécessaire pour renouveler les générations.

Les politiques natalistes sont vaines

En Hongrie, Viktor Orban applique une politique nataliste très importante depuis dix ans : prêt immobilier, aide à l’achat de voiture, exonération d’impôt sur le revenu… Mais après une petite hausse en 2022, le taux de naissances en Hongrie est de nouveau à la baisse, passant en-dessous de 1,50 enfant par femme.

La Corée du Sud offre 750 dollars par mois pendant un an aux citoyens qui ont un enfant. Des politiques pro-natalistes existent depuis 1987 et n’ont cessé de se développer. Le congé parental concerne les deux parents et l’allocation est fixée, depuis 2018, à 80 % pour les trois premiers mois du congé et à 40 % pour les neuf mois restants. L’Etat a créé un ministère de la planification dédié à l’encouragement de la natalité pour laquelle des milliards sont dépensés. Ces dépenses (crèches, lutte contre l’infécondité…) sont relayées par les villes et les entreprises. Rien n’y fait. Pas plus qu’à Taiwan où des politiques du même ordre ont été mises en place.

Malgré des mesures natalistes, avec 144 millions d’habitants aujourd’hui, la Russie est moins peuplée qu’en 2000, lorsque Poutine accéda au pouvoir. Pareillement, le taux de natalité allemand (nombre annuel de naissances divisé par la population totale), qui était remonté de 1,38 enfant par femme en 2000 à 1,58 en 2021, a de nouveau baissé à 1,46 en 2022 (1,36 seulement pour les femmes de nationalité allemande !).

Les causes de la dénatalité

Un sondage local de 2023 a révélé que la moitié des Sud-Coréens de moins de 50 ans ne comptent pas avoir d’enfants, principalement à cause des coûts induits élevés. Sont souvent et partout évoqués le manque de crèches, le coût des logements et des études des enfants… Mais les raisons matérielles de rejet de l’enfant passent au second rang et ne sont plus que le prétexte à des motivations plus profondes et qui sont plus difficiles à combattre. Ce qui explique l’inefficacité des politiques natalistes qui consistent principalement à déverser des aides matérielles à des parents devenus eux-mêmes d’éternels enfants incapables d’assumer la responsabilité de la parentalité et qui n’imaginent même plus le bonheur qu’ils pourraient y trouver.

Les habitants des pays totalitaires ont perdu confiance dans leur avenir. Ceux des pays capitalistes sont désabusés. Trop gâtés, leurs enfants refusent les enfants. Ils ont peur de l’avenir catastrophique qu’ils s’annoncent à eux-mêmes. Ils veulent être childfree pour préserver leur liberté individuelle. Les femmes le revendiquent par souci d’épargner leur corps, pour travailler comme les hommes. Le refus du mariage et sa fragilité précèdent et accentuent le refus des enfants. Tandis que l’Occident est frappé par la détestation de soi qu’incarne le wokisme, la natalité chinoise s’effondre dans le communisme.

Les effets de la dénatalité

Selon les prévisions de l’Insee, en 2070, la France aura le même nombre d’habitants qu’aujourd’hui, mais elle comptera 19,6 millions de personnes de 65 ans et plus contre 14,8 millions aujourd’hui. Selon des projections de l’institut public Statistics Korea, en 2072 la Corée n’aura plus que 36 millions d’habitants en 2072, contre 51,6 millions actuellement et près de 48 % des habitants auront 65 ans ou plus contre 17,4 % actuellement. Nos pays seront vieux et une population âgée consomme plus qu’elle ne produit. Nos pays s’appauvriront. Les retraites seront plus difficiles à payer, surtout si nous gardons, en France, le système de répartition. Moins jeunes, nos pays seront moins innovants, plus vulnérables.

Déjà Polybe, le grand historien de la Grèce antique, attribuait la défaite de la Grèce face aux Macédoniens à la chute de sa natalité. Nos pays seront peut-être soumis par de nouvelles nations plus dynamiques.

L’œuf et la poule

En fait la dénatalité est la fille de la dégénérescence des esprits autant que la mère de la décadence des nations. La jeunesse ne croit plus à son avenir et elle en a peur. Dans son dernier ouvrage, Chantal Delsol (Insurrection des particularités, Cerf, 2025) rappelle les propos de Pierre Chaunu selon lesquels «  durant la première moitié du XVIème siècle 90% de la population amérindienne a ont disparu, non seulement par suite des infections importées par les Européens  mais aussi  par le refus des habitants de survivre à une société dans laquelle ils se sentaient abandonnés des dieux. »

Nous pourrions vivre très bien avec une population moins nombreuse, mais une décroissance rapide tendra plutôt à nous faire disparaître. Pour renaître autrement peut-être, mais nos enfants garderont-ils le bénéfice de cet héritage qui a coûté à tant de générations tant de travail, de sueur, de joies et de larmes ? Certes, c’est l’histoire humaine qui se renouvelle. Mais sera-ce encore la Civilisation ? Nous croyons que ceux qui ont peur pour leurs enfants devraient plutôt craindre de leur faire perdre notre chance de vivre dans des sociétés libres.

Mais peut-être que le mal dont souffre l’Occident est de ne pas avoir su respecter la liberté, de bafouer la propriété, d’avoir édifié des Etats-providence annihilant la responsabilité et la dignité humaines. Il faut redonner à chacun la maîtrise de sa vie et l’envie de participer, dans l’humilité de notre imperfection humaine, à la construction d’un monde meilleur pour qu’il ait le goût de vivre et de procréer.

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17 commentaires

Laurent46 3 mars 2025 - 8:33 am

Un jour il y a trop de monde sur terre le lendemain la baisse de la natalité est le déclin du monde je crois qu’avant tout le déclin du monde vient du monde médiatique beaucoup trop présent dans la vie et qui au même titre que le monde politique est responsable de bien de maux

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poivre 3 mars 2025 - 9:33 am

Bien d’accord pour votre dernier paragraphe. Toutefois, la dénatalité que vous déplorez n’est-elle pas une réponse NATURELLE à la surpopulation du globe dont vous ne dites mot !

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Yves Heulenote- Poh 3 mars 2025 - 7:29 pm

Non je crois que à raisonner ainsi vous commettez une erreur car s’il y a une densité trop élevée dans les pays pauvres , elle est trop faible dans les pays riches ce qui alimente l’immigration. Il le semble donc qu’on ne doit pas parler de surpopulation mais plutôt d’assistanat irresponsable qui conduit trop de gens pauvres à se contenter d’aides souvent supérieures à leurs salaires , ne les incitent pas à travailler pour produire initiant par là de nombreux déséquilibres dont la natalité , un enfant se concevant ( généralement ) dans l’amour et le bonheur auxquels l’argent contribue. Rappelez vous cette merveilleuse phrase de Guitry ” Je ne sais pas qui a dit que l’argent ne fait pas le bonheur , mais je crois qu’il parlait de celui des autres” ( parlait-il de l’argent ou du bonheur? ).
Aussi la réduction de la natalité vient elle précisément de l’égoïsme qui nait de l’angoisse dont nos politiciens abreuvent les peuples plus préoccupés de leur vie que de la donner.

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Régis de GABORY, IHEDN 3 mars 2025 - 9:37 am

La démographie joue un rôle fondamental dans la géoplitique mondial. Ne jamais l’oublier !

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Broussard 3 mars 2025 - 9:39 am

Il y aurait bien trop à dire là-dessus ;
donc, autant se taire ;
quant aux prévisions de l’Insee pour 2070, qui en a quelque chose à se secouer ?

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Boutté 3 mars 2025 - 10:45 am

Le monde blanc actuel et aussi le jaune infantilisent nos enfants et en fait d’éternels frustrés . Pas étonnant que leurs populations diminuent quelque soit le régime politique en place ni les avantages matériels fournis qui ne sauraient compenser la diminution des libertés individuelles et des finances privées au regard des besoins affichés . L’égoïsme tue les enfants à naître beaucoup plus sûrement que tout microbisme ou catastrophe naturelle .
L’Afrique n’est pas touchée par ce phénomène par inconscience et voit l’avenir de ses races dans nos pantoufles qu’ils peuvent chausser avec notre outrancière complicité .

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Dumoulin Claudine 3 mars 2025 - 12:05 pm

La mise en avant des loisirs avant la responsabilité de toute action a conduit à la situation actuelle. C’est le court terme qui rprévaut. Les années 80 avec le Ministère du Temps libre et la montée des réseaux sociaux ont stigmatisé l’effort collectif. Voilà le résultat désastreux. Dans les années 60 (j’avais 20 ans en 1960) ont travaillait 45 h par semaine. On travaillait pour améliorer sa situation et monter dans l’échelle sociale. On se contentait de peu de loisirs. Les discours n’incitaient pas à la paresse. Les réseaux sociaux n’existaient pas et on ne passait pas des heures sur les téléphones portables qui n’existaient pas. Avoir une ligne téléphonique fixe était un parcours du combattant (2 ans d’attente).
Personnellement,j’ai toujours travaillé à plein temps et ai élevé concurremment 4 enfants.
Peu de temps libre mais le bonheur de les avoir autour de moi en rentrant le soir du travail pour leur donner leur bain et leur lire leur histoire préférée. C’était un bonheur simple.
Il semble maintenant que cela ne soit plus accepté. Le discours a changé pour persuader la population que le bonheur est ailleurs mais il y a de plus en plus de gens déprimés. Chercher l’erreur.

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Broussard 4 mars 2025 - 9:04 am

Plus qu’entièrement tout à fait d’accord ;

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Martin Rott 3 mars 2025 - 3:34 pm

Le déclin du monde n’est pas du à la baisse de la natalité, mais au contraire, à sa surpopulation.

Malgré les baisses que vous décrivez ce qui importe sur un plan écologique et pour assurer la paix dans le monde, c’est la population mondiale. D’après les chiffres et les prévisions fournis par l’ l’ONU( 2024) notre planète qui comptait 3 milliards d’habitants en 1960 , compte désormais 8,2 milliards et devrait en compter 9,7 milliards en 2050 pour atteindre un pic de 10,2 milliards en 2100.
Avec ces chiffres le monde est surpeuplé par rapport à sa biocapacité et le sera de plus en plus.
Le jour du dépassement mondial, le 1er Août 2024 indique qu’il faudrait qu’on soit seulement 4,7 milliards pour que la Terre puisse régénérer notre consommation et absorber nos pollutions. En ce qui concerne la France, l’équilibre de l’empreinte écologique peut être atteint (à consommation individuelle moyenne constante) si la population redescend à 41 millions (le chiffre des années cinquante !).
La surpopulation est aussi la cause – occultée par des prétextes religieux et ethniques -des conflits armés pour des s’accaparer les ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables, en constante diminution, une perspective décrite par la formule lapidaire d’Henri Bergson : « Laissez faire Vénus, et vous aurez Mars. »
Ce sont ces perspectives sombres dues à la surpopulation qui génèrent l’éco-anxiété et font hésiter les jeunes à faire des enfants qui devraient vivre dans un monde marqué par des catastrophes écologiques et des conflits armés.
Devant le constat incontournable que la surpopulation actuelle abîme la planète de façon souvent irréversible on doit conclure lucidement que plus nos enfants seront nombreux, moins ils seront heureux.

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Broussard 4 mars 2025 - 9:08 am

Là aussi, plus qu’entièrement d’accord…
3 milliards en 1960, je m’en souviens…

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Jojo 3 mars 2025 - 3:47 pm

La baisse de la natalité pourrait être une des conséquences inattendues de l’égalité homme femme. Auparavant, la femme n’avait d’autre choix que trouver un mari, même si dans d’autres civilations elle devait le partager avec d’autres femmes, et lui faire des enfants pour lui plaire. En échange, son mari était responsable de lui fournir les moyens matériels de son rôle. Aujourd’hui, les femmes sont les égales, ce qui signifie qu’elles doivent assurer leur propre subsistance, et en plus, on voudrait qu’elles fassent des enfants, et qu’elles les élèvent si le mari irresponsable la quitte. Pas question de supprimer l’égalité des hommes et des femmes, mais on attend les propositions des politiques et soi disant intellectuels de tous bords pour concevoir de nouveaux modes de fonctionnement de la société qui permettraient aux femmes de vivre dans l’égalité et bénéficier de suffisamment de ressources et confort – et pas seulement matériel – pour qu’elle puisse satisfaire leur besoin de maternité sans stress. Et malheureusement, la guéguerre instaurée entre les sexes par les féministes frustrées dont on a quelques exemplaires en France, va exactement dans le sens contraire du changement nécessaire.

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Bettybelle 3 mars 2025 - 3:48 pm

Je vais vous dire simplement les différentes raisons pour lesquelles les gens qui ont encore un peu de bon sens ne veulent plus d’enfants. Imaginez la responsabilité. On oblige à les vacciner avec 13 vaccins qui doivent avoir un effet catastrophique sur leu système immunitaire.Avoir un enfant coûte cher : le pire ce sont les couches, le donner à garder. Ensuite, le harcèlement scolaire qui devient de plus en plus violent, l’islamisme galopant qu’on a laissé s’installer alors qu’on aurait dû l’arrêter il y a déjà 40 ans, les nouvells tehcnologies qui produiront du chômage, la nourriture falsifiée, bourrée de produits chimiques surtout si l’on nous impose le Mercosur, pour faire avaler aux plus pauvres, la nourriture bon marché mais bourrée d’hormones de synthèse , de pesticides etc.. alors que ces produits sont interdits en France.Et bien moi je comprends ceux qui ne veulent de cela pour leur enfants et qui préfèrent de pas en avoir car la plupart des gens ont d’abord des enfants pour se faire plaisir, c’est surtout dans les familles où ne se pose pas bcp de questions. hélais pour ces enfants qui viendront au monde sans l’avoir demandé.

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mc2 3 mars 2025 - 6:21 pm

“Le mal … la descente aux enfers … difficile à combattre … appauvrissement … dégénérescence des esprits … décadence des nations … “
De mon vivant j’ai vu la population humaine multipliée par quatre et me félicite de n’avoir nullement contribué à cette explosion à laquelle j’attribuerais volontiers les amabilités ci-dessus.
Et je ferais remarquer que la liberté et la propriété sont les premières victimes de cette situation qui n’est possible que par le biais d’une redistribution sauvage.
Réduisons précautionneusement les incitations natalistes sinon la nature se chargera brutalement de résoudre le problème.

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jacques lemiere 3 mars 2025 - 7:46 pm

On va forcer les gens à faire des gosses? non..alors quoi?

oui problème avec “trop de vieux”.. mais ce sera leur faute collective après tout.

problème de souveraineté et de défense…
on a compris…
mais fait on des enfants pour ça? j’en doute.. quoique ..le système de retraite des pauvres était les gosses..

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laurenty 3 mars 2025 - 8:13 pm

merci
magnifique dernier paragraphe ! ayant cinq enfants entre 30 et 40 ans , un seul a osé en avoir. le moral et les perspectives d’avenir plombent l’envie de vivre et de maintenir la vie. le spectacle de la corruption de nos élus de l’entregent , médiocres en principe moraux, ne pousse pas à inculquer de la confiance envers le futur.

nous voyons actuellement ce que les corrompus de russie ou de l’europe et usa chine,sont capables d’infliger à leur peuple pour justifier leur lucratif postes !
l’oubli par l’europe de la création d’un système de vivre ensemble avec la liberté de vivre et de creer, inspirée de socrate et des non-dogmatiques suivants, par le wokisme, et le désir forcené des croyants de toute obédience à s’accaparer la pensée des philosophes humanistes, cet oubli crée le rejet,chez les jeunes, de notre civilisation .

ou as t’on merdé?
chaque fois que nous faisons deux poids deux mesures !

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COURTOUX bruno 3 mars 2025 - 9:26 pm

très bon article, bien documenté mais ne pensez vous pas que la perte de toute vision transcendante est aussi un facteur de dénatalité? Nous ne sommes plus investi du “croissez et multipliez vous” qui donnait aussi une dimension messianique au désir d’enfant. Comment croire en l’avenir s’il n’est que smartphone et loisirs?

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Louise 3 mars 2025 - 11:35 pm Répondre