Le 7 juillet dernier, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, déclarait à l’issue d’un conseil des ministres : « Nous avons atteint la cote d’alerte en matière de finances publiques ». L’examen en cours au Parlement d’un projet de loi de finances rectificative pour 2022 aurait dû être l’occasion, une fois ce diagnostic posé, d’engager une politique de réduction des dépenses des administrations publiques.
Or, qu’observons-nous ? La nouvelle prévision de dépenses publiques pour 2022 s’élève à plus de 1 500 milliards d’euros, en hausse de près de 60 milliards par rapport à la prévision de la loi de finances de début d’année. Ainsi, pour la troisième année consécutive – et malgré cette fois-ci une révision à la hausse du niveau des recettes fiscales de près de 50 milliards d’euros ! – la prévision de déficit se trouve dégradée en cours d’année à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Sur cette nouvelle hausse de 60 milliards d’euros, plus de la moitié (35 milliards d’euros) est imputable à des mesures prises pour endiguer l’inflation, mais dont l’effet sera au contraire de l’alimenter (appelant en conséquence, de la part de ses bénéficiaires, de nouvelles aides dans une sorte de cercle vicieux devenu addiction). Il en ira ainsi des mécanismes d’indexation générale agissant sur la demande intérieure, telle la revalorisation des prestations sociales et du point d’indice de la fonction publique (dont le surcoût est chiffré à près de 5,5 milliards d’euros…). De son côté, la charge de la dette, compte tenu là aussi des effets de l’inflation et du coût des obligations indexées, augmente de près de 18 milliards d’euros par rapport à la prévision initiale.
Un rapide coup d’œil sur l’évolution des dépenses pilotables, à savoir celles sur lesquelles l’État conserve une totale maîtrise (en sont exclus, par exemple, la charge de la dette, les pensions de retraite ou encore les prélèvements sur recettes au profit de l’Union européenne et des collectivités locales, autant de dépenses qui ne dépendent pas des seuls arbitrages budgétaires de l’État), illustre l’écart qui, au sein de l’exécutif, sépare le constat des actes. Dans le budget rectificatif pour 2022, les dépenses pilotables augmentent de plus de 18 milliards d’euros par rapport au budget voté en début d’année, qui les augmentait déjà de près de 9 milliards d’euros par rapport à 2021, soit « une augmentation inédite des dépenses pilotables de 27 milliards d’euros environ en 2022 », souligne le rapport fait sur le texte au nom de la commission des finances du Sénat. Cette hausse est d’autant plus significative que les dépenses pilotables laissent en dehors de leur champ les dépenses les plus importantes prévues par la loi de finances rectificative, en particulier la nationalisation d’EDF (quasiment 10 milliards d’euros) ou l’accroissement de la charge d’intérêt de la dette. Fait notable : aucune des missions du budget général de l’État n’amorce la moindre baisse de dépenses sur le périmètre des dépenses pilotables…
La cote d’alerte a bel et bien été atteinte. Elle a même été largement dépassée. Sans que l’on prenne la mesure de l’urgence, tandis que les conditions de financement de la France ont radicalement changé. Ainsi, en 2022, le déficit public devrait excéder de près de 25 milliards d’euros le déficit constaté en 2019, avant donc la survenance de la crise sanitaire et l’impact de la relance économique sur les finances publiques. La dette (environ 2 930 milliards d’euros attendus fin 2022, en hausse de 121 milliards par rapport à 2021), que l’on présente habituellement comme une charge laissée en héritage aux générations futures, sera en large part supportée par la génération présente, du fait de l’inflation et de l’érosion de l’épargne. Bref, nous n’allons pas pouvoir encore très longtemps persister dans le déni et faire l’économie de véritables réformes de structure.
7 commentaires
Et moins encore pour les différentes couches des collectivités locales et de tout ce qui est para public. Dans les faits pour tout ce qui est payé quoi qu’il arrive. Cela ne laisse présager rien de bon d’autant que les statistiques à la Républicaine sont loin de l’inflation réelle et que les promenades permanentes de notre Président et les JO vont nous ponctionner comme jamais Sans oublier le déficit qui devient impossible de payer sauf à piller les biens de toute la population. La République est en faillite et personne ne réagit bien au contraire.
En bonne gestionnaire de mon budget je suis tout à fait d’accord avec Mr Victor Fouquet, mais allez faire comprendre cela aux tordus de l ‘ENA brieftes pour bien gérer leurs intérêts.
Bienvenue en France, pays spécialisé en faillite, grâce à nos énarcotechnocrates que les français adorent ????
Rien d’étonnant ni de nouveau sous le soleil. Il y a longtemps que nous savons que nous sommes dirigés par des fous !!!
Vous évoquez les « pensions de retraite » parmi les dépenses « non pilotables
Ce terme de « pensions de retraite » est un terme global utilisé par la presse mauis qui ne signifie rien car il y en fait deux gransdes catéories de « retraites »
A/ Les retraites de la fonction publique auxquelles l’Etat contribue de « sa » poche « notre poche » pour environ 60
milliards par an oui 60 milliards qui ont en fait fourrés dans plusieurs comptes de la « comptabilité publique  »
pour mieux en occulter le poids gigantesque
B/ les retraites du privé comportant au moins 40 régimes différents et dont l’essentiel est représenté par l »AGIR et
l’ARRCO . Ces deux régimes fusionnés ont été globalement en déficit ces dernières années parfois en excédent
mais jamais dans des proportions semblables au Public . Il s’agit de 3 ou 4 milliards selon les données non auditees par des cabinets d’expertise comptable.
C/ La retraite sécurité sociale de base qui elle est largement ponctionnée par les mesures des gouvernements successifs mais qui,certaines années passées sont restées avec des déficits limités.
Ce qui est inacceptable c’est de ne parler que des « RETRAITES » pour désigner des régimes très très différents et donc dans cet amalgame du public et prive des la sécu et de l »ARRCO AGIRC tout cele n’a aucun sens.
Ce qui est pire c’est de dire que l’Etat français doit faire face à des depenses inconsidérées de retraite en citant les 14% du PIB français, ce qui est une absurdité puisque les régimes de retraites du Privé sont basés sur le principe « contributif » c’est à dire que ce sont aux employeurs et aux salariés à qui revienne la charge des versements de cotisation et non à l’ETAT dont les caisses ne font que collecter puis reverser les pensions.
En revanche oui l’Etat doit prendre dans sa tréorerie les 60 milliards qui en réalité viennent compenser l’insuffisance de cotisations des agents du Public pour verser les pensions publiques particulièrement généreuses en France
J’aimerais que mes observations soient analysées et commentées par Thierry Benne qui connait très bien ces questions
Merci
J.P.D
La France réussira-t-elle à « tenir ce quinquennat » dans ces conditions qui ne peuvent qu’évoluer que vers le pire dans les circonstances actuelles et les prévisions soumises….
• Tirer sans cesse sur un élastique, il finit par se casser sans avertir…et après … ?
Bonjour,
Chaque intervention de Monsieur LEMAIRE semble être un concours d’expression orale. L’élégance de la forme et le creux du fond deviennent difficile à supporter. Si son propos parait toujours sérieux et ferme, ses indications sont souvent erronés, optimistes ou irréalisables.. Il semble courir après son audimat. A t il encore des ambitions ???