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Déficit de la Sécu : l’illusion du retour à l’équilibre des comptes

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La ministre de la santé est très satisfaite de l’évolution des comptes de la sécu et prédit que le retour à l’équilibre « est à portée de mains ». Sans attendre les chiffres de la Commission des comptes de la sécu, Marisol Touraine annonce un déficit au plus bas. A quel prix et pour combien de temps ? Faute de réformes, le déficit reviendra bientôt, plus élevé que jamais.

Le déficit de la Sécu

Les prévisions ministérielles en matière de déficit ont un côté magique, car elles permettent une autosatisfaction, même quand les résultats sont mauvais : il suffit qu’ils soient moins élevés qu’annoncé ! En outre, Marisol Touraine, conformément à son poste ministériel, s’intéresse d’abord au déficit de l’assurance maladie, mais sa présentation est telle que beaucoup de médias ont titré sur la réduction globale du déficit de la sécu, comme s’il ne fallait pas tenir compte aussi des branches famille et retraite.

Les derniers chiffres officiels de la Commission des comptes de la sécu datent de juin

Les derniers chiffres officiels de la Commission des comptes de la sécu datent de juin

Soldes par branches du régime général et du FSV
Source : Les comptes de la sécurité sociale, Rapport juin 2016

Marisol Touraine annonce le retour prochain à l’équilibre

Il s’agit de résultats jusqu’en 2015 et de prévisions pour 2016. Ce qui provoque l’enthousiasme de la ministre de la santé, c’est non seulement le recul du déficit global, mais encore le fait que, selon elle, la prévision sera encore améliorée lors des comptes qui seront publiés le 22 septembre, le déficit de l’assurance-maladie étant « nettement au-dessous » de 5 milliards (contre 5,2 de prévus). Marisol Touraine a même déclaré : « L’horizon du rétablissement complet de la sécu, de l’équilibre des comptes de la sécu, ce n’est plus une utopie, il est à portée de mains (…) pas pour 2016, mais très vite ». La sécu est donc sauvée…sans doute en 2017 !

Rappelons que c’est un discours que l’on a entendu bien souvent dans le passé, surtout à l’approche des échéances électorales. A chaque fois, après les élections, le déficit est « toujours vivant ». Rappelons qu’en 2012, le gouvernement avait annoncé un retour à l’équilibre pour la branche maladie en 2015, alors que le déficit s’est révélé cette année-là de 5,8 milliards. Gageons que les prévisions optimistes sur le retour prochain à l’équilibre seront balayées en 2017. La raison en est simple : aucune réforme de fond n’a été entreprise ; il s’agit donc de simples effets transitoires, résultant soit de modifications de paramètres, soit de l’évolution de la conjoncture.

Qu’en est-il des retraites ?

La question du régime retraite a souvent été traitée par l’IREF (22 juin 2015 : Négociations sur les retraites complémentaires : à quand la capitalisation ? Le système par répartition est voué à la faillite : qui aura le courage d’y mettre fin ?). Un système par répartition est en fait un système de pyramide de Ponzi (ou à la Madoff), dans lequel les nouveaux entrants (les actifs) financent les sortants (les retraités) : entre le recul du nombre de naissances, donc à terme des actifs, et la hausse de l’espérance de vie (donc du nombre de retraités), le système est fatalement condamné. L’amélioration actuelle n’est que provisoire et n’est due qu’à la modification de paramètres, tels que le recul de l’âge de la retraite et l’allongement de la durée des cotisations. En outre, l’amélioration est largement compensée par le grave déficit du FSV (Fonds de solidarité vieillesse), qui finance les retraites de ceux qui n’ont pas assez cotisé. Seul un passage à la capitalisation, indépendant donc de la démographie, dans lequel les sommes capitalisées rapportent, permettrait de sauver les retraites.

Du régime famille ?

La branche famille ne s’approche de l’équilibre que parce qu’elle perd peu à peu son rôle de politique familiale (universalité des prestations pour compenser les charges des familles), pour devenir une simple politique sociale, de « redistribution verticale », s’ajoutant au reste de l’Etat-providence, en raison des conditions de ressources mises à la plupart des prestations. (IREF, 17 mai 2015 : Réforme de la politique familiale : il faut stopper cette politique de redistribution !). Il serait d’ailleurs infiniment plus simple, au lieu d’avoir une usine à gaz qui prend l’argent des familles pour le redistribuer à certaines d’entre elles, de leur laisser cet argent, en supprimant le plafonnement des effets du quotient familial.

Et de l’assurance maladie ?

Quant à la santé, l’IREF a montré que l’amélioration actuelle se faisait sur le dos des assurés, de moins en moins remboursés, et 2017 verra croitre les dépenses (tiers payant, hausse des salaires des hospitaliers,…), alors que les vraies réformes devraient concerner l’hôpital et la mise en concurrence de l’assurance-maladie (IREF 30 août 2016 : La consultation des médecins généralistes à 25 euros : un écran de fumée masquant le refus des réformes).

Après moi le déluge a toujours été la doctrine des socialistes

Faute de vraies réformes et de mise en concurrence, la sécu continuera à aller de déficit en déficit, gonflant toujours plus la dette sociale, qui s’ajoute à celle de l’Etat et des collectivités locales, portant la dette publique « officielle » fin mars 2016 (sans les engagements, notamment de retraite des fonctionnaires) à 2137 milliards, soit 97,6% du PIB. La gestion purement comptable de la sécu revient à accroitre les charges, à réduire les prestations et à faire financer les déficits par les générations suivantes. Ludwig von Mises l‘avait déjà dit : « Après moi le déluge a toujours été la doctrine des socialistes ».

Les derniers chiffres officiels de la Commission des comptes de la sécu datent de juin
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