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Constitution : les dangers d’une révision complaisante

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Emmanuel Macron avait promis une révision constitutionnelle dès la première année de son mandat. Il va peut-être parvenir à faire voter un projet partiel qui mélange des questions relevant presque du détail, comme la suppression du droit accordé aux anciens présidents de la République de siéger au Conseil constitutionnel, avec des questions plus importantes comme celle de la réforme du Conseil de la magistrature. Plutôt que de le supprimer, il cherche à rénover le conseil économique et social qui a surtout prouvé son inutilité depuis sa création en 1958 sinon pour recaser les déchus de la République. Mais de manière plus grave, il réécrit l’article 1 de la Constitution et dénature celle-ci.

Avec la bénédiction du gouvernement et du président de la République, les parlementaires ont proposé, lors de l’examen du texte en commission des lois et avec l’aval du gouvernement, que le mot « race » soit supprimé de l’article 1 de la Constitution qui retiendrait désormais que la France « assure l’égalité de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine ou de religion », le mot « sexe » se substituant au mot « race » qui y figurait jusqu’à présent. C’est la politique de Gribouille qui se jetait à l’eau pour éviter la pluie. Car ce n’est pas en rayant la race de la Constitution que les races disparaîtront.

Bis repetita ou démagogie et vaine complaisance

Quant à l’égalité des sexes, elle était déjà très préservée dans cet article premier et plus encore par l’article 3 du préambule de la Constitution de 1946: « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme » venant compléter l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », ces deux textes étant pleinement intégré à la Constitution de 1958. Pourquoi redire ce qui est déjà bien dit, sinon par démagogie et vaine complaisance.

Par ailleurs, sous la pression de M. Hulot, les parlementaires ont également ajouté à cet article 1 que la France « agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques ». Et pourquoi ne pas écrire aussi qu’elle intervient contre les tremblements de terre et contre les éclipses qui provoquent des accidents en cachant la lumière de la lune ou du soleil, ou encore contre la mort, contre la méchanceté, contre la laideur… Le ministre de l’Ecologie voudrait y mentionner aussi la « finitude des ressources » ou les « limites planétaires ». Et pourquoi pas les limites de l’action humaine contre les changements climatiques ?

Une constitution n’est jamais parfaite, mais elle n’est pas un catalogue de la Redoute. Elle a pour objet de fixer les grands principes et d’établir les institutions structurantes de l’action publique. Ceux qui veulent en faire un instrument de politique gouvernementale la dénaturent et par là même l’affadissent, à l’encontre du but recherché.

Les droits de la nature ou de l’Homme ?

Mais surtout, ces derniers ajouts soulignent un détournement sournois du droit en cherchant à le mettre au service de la nature plutôt que des hommes. Car si le droit est exclusivement au service des personnes raisonnantes, -les hommes-, ce que dit déjà la Constitution suffit à préserver l’environnement dans leur intérêt. D’autant plus qu’une précédente révision a déjà inutilement intégré dans son corpus la Charte de l’environnement de 2004 qui mentionne notamment en son article 1er que « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ».

Mais la modification suggérée va plus loin, même si elle était sous jacente dans le texte de 2004. Elle veut que la France préserve la planète, son environnement et sa biodiversité pour eux-mêmes. Il n’est plus fait référence au fait que ça n’a d’importance que pour les Hommes.

L’insertion de ces modifications s’inscrit en fait dans le courant de l’égalitarisme extrême qui, à défaut de pouvoir instituer une égalité impossible entre les hommes, voudrait étendre sa prétention égalitaire au reste du monde. Il ne faut plus seulement que les hommes soient égaux, mais qu’ils le soient avec les animaux, voire avec les choses. Le mouvement anti-spécisme de libération animale considère que les hommes sont des animaux comme les autres et réclame d’étendre aux autres espèces ce même principe fondamental d’égalité que la plupart d’entre nous acceptons de voir appliquer d’une manière ou d’une autre à tous les membres de notre espèce. Ce qui justifie et sous-tend aussi le veganisme jusque dans ses violences à l’égard des bouchers. D’autres vont plus loin encore en demandant de délivrer des droits aux pierres comme le fait Michel Serres qui veut que « les objets eux-mêmes deviennent sujets de droit »[[ Michel Serres, Le Contrat naturel, Champs, Flammarion, 1992, p.66]] pour que s’établisse une réciprocité entre l’homme et la nature : « …autant la nature donne à l’homme, autant celui-ci doit rendre à celle-là devenue sujet de droit »[[ Idem, p.67]].

Pour faire plaisir à M. Hulot, peut-être simplement pour le garder au gouvernement, la référence suprême de notre droit est en train d’ouvrir subrepticement la voie à des élucubrations dangereuses et capables de remettre en cause les bases mêmes de notre civilisation fondée toute entière sur sa référence à l’Homme, dans sa confiance en son immense et incessante créativité autant que dans sa reconnaissance de son inquiétude éternelle sur ses fins et son devenir.

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4 commentaires

Jean Kircher 10 juillet 2018 - 7:41

Des mots, encore de mots, toujours les mêmes
Qu'il est triste de constater à quoi s'occupent nos Politiques:
-un Premier Ministre dans le ridicule combat des 80km/h
-un Président qui s'auto-congratule à Versailles
-un Ministre de l'écologie qui se gargarise de mots
Sont-ils donc si impuissants et peu sûr d'eux pour se vautrer dans le pathétique plus ou moins spectaculaire.
La France ne va pas bien et les Français s'appauvrissent.
Le but suprême du Politique devrait être le bien-être du citoyen et du consommateur. Cela nos élites parisiennes s'en contrefichent.
Nos routes sont dans un état de dégradation jamais atteint mais on multiplie les rond-points, les bums et les radars à croire que c'est la priorité absolue; notre sécu ne rembourse que les petits bobos mais gare à l'opération sérieuse qui ne sera jamais possible par manque de moyens;on découpe la France en nouvelles régions mais on ne leur donne pas les budgets correspondants;
On fait mumuse avec Mélenchon-Robespierre ou Marine-Mussolini et on cherche à se faire aimer des Français sans rien leur donner.
La médiocrité de la Presse et de l'information exclusivement franco-française fait peine à voir.
Les armées françaises ont souvent perdu des guerres par incompétence de leurs chefs. Je crains que cela n'ait pas beaucoup changé avec nos Politiques depuis 30 ans: brillants dans les discours, incapables dans les réalités du quotidien…

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Dominogris 10 juillet 2018 - 1:56

Petites modifications, enjeux fondamentaux
Cette suppression du mot "race" est en effet symbolique.
Les déconstructeurs qui nous gouvernent agissent pas à pas… Comment? En abolissant des différences fondatrices, sociales ou culturelles pour fonder une nouvelle humanité liquide (liens entre les individus distendus, ce que l'on peut observer par exemple avec les attaques contre la famille) et mobile (négation des frontières, des enracinements physiques et culturels…). Le moyen est le fameux "droit des minorités" qui conteste bien souvent le droit naturel, et toujours le droit démocratique de la majorité.

Ces différences on les connaît: homme/femme (LGBT &co…), enfant/adulte (refus de la transmission, non protection des mineurs…), homme/animal (vegan, antispécisme…), bientôt homme/machine (les robots "intelligents"), étranger/citoyen (immigration, discrimination positive…). Cette dernière altérité est évidemment particulièrement visée puisque seuls, les nationaux ont le droit de vote dans une démocratie.

L'influence marxiste qui, au nom de la lutte des classes, hiérarchise au lieu de simplement différencier, est évidente: on falsifie le vocabulaire, on discrimine à l'envers et on utilise le bien (la fraternité) pour établir le mal (la société indifférenciée).

A une société fondée sur des altérités, on cherche donc à substituer le chaos, sous couvert d'égalité et de bons sentiments. Le texte de la Création (Gn 1) nous enseigne que créer, c'est nommer, c'est distinguer, c'est… discriminer (le vilain mot!) pour sortir du chaos originel. "Dieu dit" et "Dieu sépare". A l'inverse, confondre les mots et mélanger les réalités, niveler les différences, c'est détruire et retourner vers le chaos.

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theano 10 juillet 2018 - 7:33

Tôt ou tard, le réel va les rattraper. Et je crains que le retour de boomerang ne soit très violent. SY

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Sonja 13 juillet 2018 - 2:22

Même avant son élection, j'ai pensé que cet homme est un danger pour la FRANCE. Il s'attaque maintenant à notre Loi fondamentale. S'il peut demander des amendements, en aucun cas il ne peut la changer ainsi, avec des députés aux ordres ignorant l'importance de notre socle constitutionnel et n'ayant jamais; pour la majorité, "décortiqué" cette Constitution ainsi que "La déclaration des Droits de l'homme" comme nous le faisons dans certaines grandes Écoles.
En effet, l'art 1 ne doit pas être défiguré en spécifiant sexe pour race, mais aussi concernant "l'écologie" qui est simplement fondé sur le respect de son environnement absolu (cela est une preuve d'éducation et non une politique, encore moins un "parti": ce serait risible si des "adultes" n'en faisait pas un combat de nains. Mais alors, que font ils des désastres générés dans la nature avec la bénédiction des politiques quant aux ressources vivrières de certaines populations, les pesticides et autres atteintes à notre planète et à la santé de tous avec leur bénédiction???

Quant à l'égalité!!! Nous savons que c'est une douce illusion. Oui, elle doit exister en Droits. (CONDORCET, ROUSSEAU, HEGEL…) C'est bien précisé. Pourtant les droits sont bafoués parce que l'Autorité judiciaire a trop souvent été aux ordres… (Selon que l'on soit puissant ou misérables, les jugements de Cour nous ferons blancs ou noirs…)LA FONTAINE.
Bref, l'égalitarisme à tous crins, porté par des incapables qui édifient en toute "inconscience" (péché suprême selon JUNG, et je le rejoins en ce domaine) un futur instable empli de citoyens pour la plupart autistes par manque de savoirs cognitifs.
Mais qu'attendre d'un être, élu avec 24% de votants qui gère notre FRANCE comme un gamin à qui l'on A donné un jeu de légo…
Maintenant, il veut s'en prendre aux propriétaires sous prétexte que chaque individu doit repartir de zéro pour construire une vie sans espérer laisser un héritage à ses enfants! Où sera la volonté du mérite? La notion du travail accompli? La joie d'avoir sauvé une vie ou d'avoir contribué à la préserver?
Nous vivons des temps tragiques…

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