Le débat ressurgit chaque année à la mi-août : faut-il et si oui comment contrôler l’emploi de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) ? La récente proposition de loi déposée par la droite pour encadrer son utilisation afin d’éviter les fraudes et les abus a provoqué la colère de la gauche.
Ils étaient 3,2 millions de foyers, pour environ 5 millions d’enfants, à toucher en 2021 l’allocation de rentrée scolaire -ARS. Financée par la branche « famille » de la Sécurité sociale, versée par les caisses d’allocations familiales (CAF) et les caisses de mutualité sociale agricole (MSA), l’ARS représentait l’an passé une dépense de plus de 2 milliards d’euros, revalorisée à 4% en 2022 pour faire face à l’inflation. Des députés LR ayant déposé, le 4 août, une proposition de loi « visant à encadrer l’utilisation de l’allocation de rentrée scolaire et à lutter contre la fraude », la gauche crie au scandale. Eric Labastie, secrétaire général de la fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), s’est indigné en ces termes au micro de Jean-Marie Bordry à l’antenne Sud Radio le 18 août : « Pourquoi contrôler les finances et les dépenses de ces gens-là ? ». Ce terme « ces gens-là » cette fois, a fait moins bondir dans sa bouche que dans celle de Caroline Cayeux…
Rappelons que toute personne résidant en France, toutes nationalités confondues, peut bénéficier de l’ARS, à condition de ne pas dépasser un certain plafond de ressources. Celui-ci s’élève à 25 370 euros pour un foyer avec un enfant, soit 2 114 euros net mensuel par foyer. Le montant de l’aide varie ensuite en fonction du nombre et de l’âge des enfants : 392,05 euros pour les 6-10 ans, 413,69 euros pour les 11-14 ans et 428,02 euros pour les 15-18 ans. La prime exceptionnelle de rentrée, 100 euros majorée de 50 euros par enfant, indépendante de l’ARS, sera quant à elle versée en septembre, en attendant la distribution trimestrielle des différentes bourses scolaires.
Sous couvert de bons sentiments, la fraude impunie
Aucun justificatif de scolarité n’est par ailleurs demandé pour les enfants et adolescents de 6 à 18 ans dont les parents reçoivent l’allocation, facilitant ainsi, et encore, la fraude aux prestations sociales, estimée par la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) pour l’ensemble de ses prestations à 2,8 milliards d’euros sur l’exercice 2020. Impossible, aujourd’hui, d’évaluer celle qui concerne l’ARS, puisque le versement s’effectue par chèque, dont l’utilisation est laissée à la discrétion des familles. L’argument avancé par les défenseurs de la proposition de loi reprend la résolution (sans valeur contraignante) visant à lutter contre le détournement des aides sociales à l’éducation, portée en 2021 par Marine Brenier. L’ex-députée LR soulignait en préambule : « Les politiques publiques actuelles pour lutter contre la pauvreté des enfants passent uniquement par l’approche familialiste, c’est‑à‑dire par un système d’aide sociale tourné vers les parents ». Une prise de position contre laquelle s’est insurgé Pap Ndiaye. Le ministre de l’Éducation nationale déclarait sur Twitter : « À chaque rentrée revient une petite musique sur l’utilisation de l’allocation de rentrée scolaire. Cette aide est nécessaire et juste pour les dépenses de rentrée de plus de 3 millions de familles. Faire peser un soupçon sur son utilisation est infondé et stigmatisant ».
Sur les réseaux sociaux, les avis divergent et s’élèvent majoritairement contre un certain discours qui promeut l’assistanat. Là, les commentaires abondent : « Les classes moyennes ne touchent pas [l’allocation de] rentrée scolaire et pourtant c’est difficile pour nous aussi car nous n’avons le droit à rien. Ils devraient revaloriser le plafond surtout dans notre conjoncture actuelle (prix qui augmentent sans cesse et sans que nos salaires augmentent malheureusement) » regrette une mère de famille. Une autre ajoute : « Tout à fait d’accord les bons d’achat seraient parfaits arrêtons de distribuer l’argent à tout va sans contrôle » tandis qu’une troisième s’indigne : « Et pendant ce temps-là, la classe moyenne qui bosse comme une dingue n’a rien et raque pour les autres ! ». Sans remettre en cause la nécessité réelle d’aider les plus démunis, les classes moyennes se sentend abandonnées par la classe politique. Ainsi, un couple avec un enfant ayant un revenu supérieur à 25 370 euros (deux SMIC équivalant à environ 32 000 euros net) ne peut bénéficier de l’allocation, tandis qu’un couple sans activité avec un enfant à charge touchant chacun le RSA (soit environ au total 1050 euros par mois) y a droit.
Pour Henri Sterdyniak, membre des Economistes atterrés (collectif membre du Club de Médiapart), « le montant de l’ARS compense en quelque sorte le faible niveau des allocations familiales en France ». Pourtant, une étude menée par le Llewellyn Consulting et intitulée « Quels sont les pays d’Europe qui offrent les prestations sociales les plus complètes en termes de congés payés et de chômage ? » place la France sur le podium mondial des pays les plus généreux.
4 commentaires
Il suffit de demander à Darty, Boulanger, la fnac, etc les envolées de vente de téléviseur, de smartphones dès que les chèques ont été distribués.
Comme toujours l’action socialiste fait comme si l’IR progressif égalisateur n’existait pas. Ces prestations sociales, si on les juge nécessaires, devraient être allouées à tous les citoyens sans aucune discrimination.
Cette gauche est incorrigible : elle refuse de voir la vérité afin de pouvoir continuer à caresser son électorat dans le sens du poil !! Et tout cela sur le dos des contribuables qui n’ont pas leur mot à dire !!
L’Etat français n’a AUCUN bons sentiments. Ce sont des idéologues abrutis par leur bêtise crasse qui n’est plus contestable. J’attends que cette page se tourne.